La décision arbitrale de reporter la rencontre France-Irlande du Tournoi des six nations de samedi 11 février a surpris. Pour autant, tout n'avait pas été fait pour que la tenue du match soit assurée. La France est en retard au niveau des infrastructures anti froid.
La pelouse du stade de France, bien que recouverte par une bâche chauffante pendant une semaine, était impraticable samedi 11 février. (Photo chantrybee)
Le match France-Irlande du 11 février s'ajoute à la longue liste des rencontres sportives annulées pour cause de froid. L'annonce aux 79 000 spectateurs du stade de France – parmi lesquels Nicolas Sarkozy et François Hollande –, a été faite à 21h10, soit dix minutes après l'heure prévue du coup d'envoi. Quelques instants plus tard, le capitaine du XV de France prenait la parole pour remercier le public d'être venu et expliquer la décision. Si cela est une première dans le tournoi des Six Nations, chaque hiver en France voit son lot de matches décalés pour cause de froid. Malgré cela, des solutions tardent à être trouvées.
Depuis la fin de la précédente rencontre du XV de France, face à l'Italie le samedi 4 février, la pelouse du stade de France avait été bâchée et chauffée. En vain puisque l'arbitre de France-Irlande a jugé le terrain dangereux par endroit et annulé la partie.
Pour éviter un tel scénario, certains avaient proposé que le match se tienne plus tôt dans l'après-midi, comme cela se fait au football en ce moment. Ainsi, France 2, par la voix de Daniel Bilalian, le directeur des sports de France Télévision, avait suggéré l'horaire de 15 heures. Le comité du Tournoi des Six Nations, seul décisionnaire en la matière, a refusé. Bilan pour France 2 : un score d'audience de 1,5 million de spectateurs, loin de la recette attendue.
Outre une bâche sur la pelouse, existe une autre solution, mise en place par exemple à Sochaux. La pelouse du stade Bonal, semi-synthétique, est chauffée grâce à 28 000 m2 de résistances chauffantes qui se déclenchent dès que la température extérieure descend passe sous les 3°C. Mais, le système n'est pas totalement infaillible. Le match Sochaux-Lille de dimanche 5 février a été annulé, une bande du terrain étant restée fortement gelée.
Plusieurs clubs de rugby de haut niveau s'y sont déjà mis, mais pour l'entraînement. Le Centre national de Marcoussis, le Clairefontaine du rugby, est lui aussi équipé de ce type d'équipement, là-encore pour la préparation.
Au football, deux pelouses synthétiques (à Nancy et Lorient) accueillent régulièrement des matches de ligue 1, pour un résultat mitigé. Ainsi, la rencontre Nancy-Rennes, disputée la semaine passée par grand froid, ne s'est pas déroulée dans les meilleures conditions, l'entraîneur breton déplorant la faible qualité du jeu produite dans des conditions.
Par ailleurs, le synthétique est loin de faire l'unanimité chez les sportifs. Certains louent son côté pratique, comme Philippe Braem, l'entraîneur du Racing club de Strasbourg. " C'est un régal de travailler sur le synthétique, s'enthousiame-t-il. C'est propre, c'est clair, c'est net. Pour une mise en place, c'est idéal. Pour les matches, je ne sais pas, je n'ai jamais essayé mais ce serait bien que l'on en ait en Alsace." D'autres regrettent quant à eux le nombre de blessures qu'il provoquerait. Le synthétique serait ainsi très exigeant pour les tendons et la moindre chute engendrerait des brûlures.
Non. La France est un des rares pays d'Europe occidentale à ne pas posséder de stade avec un toit, rétractable ou non. L'Irlande, l'adversaire du XV de France samedi soir, n'en a pas non plus. Même le tout récent Aviva Stadium de Dublin, inauguré il y a moins de deux ans, n'est pas équipé. Entre les deux pays, le stade couvert le plus proche est celui de Cardiff, le Millenium Stadium. Son toit rétractable a souvent été utilisé dans le cadre de matches de rugby, comme lors du quart de finale France-Nouvelle-Zélande de la Coupe du monde 2007.
En Europe, les grands stades couverts se comptent sur une main: la Veltins Arena de Gelsenkirchen et l'Esprit Arena de Düsseldorf en Allemagne, l'Amsterdam Arena et le Gereldome d'Arnhem aux Pays-Bas ou la Vallhall Arena d'Oslo dans une moindre mesure.
En France, deux enceintes couvertes vont bientôt voir le jour, à Lille et à Paris. Dans le Nord, le Grand stade Lille Metropole, d'une capacité de 50 000 places et doté d'un toit rétractable, devrait ouvrir ses portes en juillet 2012. Pour en voir un en région parisienne, il faudra attendre 2014, année où l'équipe de rugby du Racing Métro 92 prendra ses quartiers à l'Arena 92 de Nanterre, un stade de 32 000 places avec possibilité de couverture et … doté d'une pelouse synthétique. D'autres projets de stades couverts avaient un temps été évoqué du côté de Marseille et Lyon.
Dans certains pays, d'autres soucis climatiques se posent, cette fois à cause de la chaleur. Pour la Coupe du monde 2022, le pays organisateur, le Qatar, prévoit de couvrir ses enceintes sportives et de les climatiser. Avec tant de précautions, plus de risque de report.
Thibaut Gagnepain et Fabien Piegay
Photo d'appel : Jonathan SMITH - Thames Path Online Guide