L'Eurométropole a annoncé fin janvier les noms des opérateurs choisis pour assurer la récolte de textiles usagés sur la voie publique. Emmaüs Mundolsheim, Horizon Amitié, Relais Est et Vetis pourront ainsi augmenter leur tonnage annuel et leur nombre d'emplois d'insertion.
L'association Vetis a trois magasins dans l'Eurométropole : celui de Niederhausbergen est aussi un centre de tri./ Photo Mathilde Loire
Des bornes orange marquent l’entrée du magasin et centre de tri Vetis, à Niederhausbergen. Ces conteneurs accueillent le textile usagé de tout le Bas-Rhin, qui est ensuite trié par les employés de la rue de Hoenheim. "Les tissus en coton sont transformés en chiffons et les vêtements encore mettables sont revendus dans nos magasins à petits prix", indique Sonia Urban, encadrante technique de l'atelier. Certains sont aussi personnalisés par des couturières "diplômées ou avec une expérience personnelle" puis mis en vente dans un espace spécial du magasin de l’Esplanade. Solidarité, recyclage et emploi d'insertion : les objectifs de l'association sont aussi ceux des trois autres opérateurs, Emmaüs Mundolsheim, Relais Est et Horizon Amitié, choisis par l’Eurométropole pour assurer la collecte des textiles usagés sur la voie publique.
Relais Est est à l’initiative de ce projet. Lassée de voir s’implanter de plus en plus de bornes de collecte “sauvages”, l’association avec Emmaüs, a décidé de demandé à la collectivité d’agir. "C’était une menace pour nos emplois et cela rendait la situation incompréhensible pour les donateurs", explique Charlotte Pinot, chargée de partenariat à Relais Est. En mars 2015, l’Eurométropole se saisit du problème et reconnaît le recyclage de vêtements comme une mission de "service d'intérêt économique général". Dans la foulée, un appel à projet et à candidature est lancé, pour déterminer quels opérateurs sociaux pourront installer des conteneurs dans les rues. Assurer la collecte de vêtements, proposer des projets innovants et surtout favoriser la réinsertion professionnelle : ce sont les critères au coeur de l’appel à projets.
Les vêtements sont triés selon les saison et les types de personnes à qui ils sont destinés./ Photo Mathilde Loire
Contre la collecte "sauvage"
Galina Fouchs, 62 ans, termine son quatrième contrat chez Vetis. Après son licenciement et trois ans au chômage, elle obtient une place dans le centre de Niederhausbergen. “A mon âge, ce n’est pas facile de trouver quelque chose, raconte l’employée née en Russie, ici, ça me plaît. Je travaille au tri, je remplace à la vente si besoin. Tout le monde me demande : ‘comment vous faites, avec votre âge, pour rester debout huit heures par jour ?’ Mais j’ai travaillé debout, à la chaîne, toute ma vie,” sourit-elle.
Bénéficiaires du RSA, gens du voyage, anciens détenus : les profils varient, mais les quatre associations accueillent essentiellement des personnes en difficulté face à l’emploi. A l’antenne de Mundolsheim d’Emmaüs, l’insertion sociale est d’ailleurs la mission principale. "On est un tremplin, souligne Maryline Wilhelm, directrice adjointe de l’association, l’idée, ce n’est pas que la personne reste pendant deux ans, mais qu’elle trouve une stabilité." 10 à 15% du temps de travail est ainsi consacré aux problèmes sociaux et à la formation.
Ces bornes situées à l'Esplanade, dans le secteur attribué à Vetis, devront être retirées./ Photo Antoine Magallon
Meilleure présence dans l'agglomération
L’appel à projets garantira ainsi la création de nouveaux emplois et une meilleure visibilité aux quatre associations. Pour Vetis, des conteneurs sur la voie publique "est une première", précise son directeur, Patrick Wabnitz. Du fait de la particularité de son secteur, le centre-ville, Vetis réfléchit cependant à "d'autres modèles" de récolte, comme par exemple le porte-à-porte. L’Eurométropole a en effet décidé de diviser son territoire en quatre zones exclusives, que se partagent les associations pour quatre ans. "Nous avons tous délimité un secteur en fonction de notre rayon d'action actuel, explique Patrick Wabnitz, l’Eurométropole a statué et réparti les zones, parfois en changeant les limites du projet initial, mais en contentant tout le monde."
Les propriétaires des autres bornes seront avertis par courrier recommandé et auront un délai de trois mois pour retirer leurs conteneurs.
Les quatres opérateurs ont obtenu des secteurs de taille démographique équivalente./Mathilde Loire
Hélène Capdeviole et Mathilde Loire