Herman Van Rompuy remettra jeudi, lors du sommet européen, sa proposition de budget. Angela Merkel s'attend à des négociations "très difficiles". (Crédit : Flickr/EPP)
Il n'a jamais été aussi périlleux de voter le budget européen. En pleine crise économique, les 27 pays de l'UE cherche à réduire leur contribution, sans perdre les subventions. Les chefs d'Etat se retrouvent à Bruxelles les jeudi et vendredi 7 et 8 février pour voter le budget 2014-2020. Un bras de fer qui intervient dans un contexte national difficile pour certains chefs de gouvernement. Les rencontres entre dirigeants se multiplient d'ailleurs avant le sommet. Mardi, François Hollande sera présent au Parlement européen de Strasbourg afin de débattre avec les parlementaires, qui ont bien l'intention de montrer leur hostilité aux coupes budgétaires. Eclairage.
Le montant de l'enveloppe toujours pas fixé
Crise oblige, en novembre, Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, avait proposé un budget de 973 milliards d'euros pour la période 2014-2020, soit une coupe d'environ 80 milliards. Mais les plus importants contributeurs, Anglais en tête, veulent baisser davantage leurs dépenses. Le Premier ministre britannique David Cameron est le plus radical : il réclame des coupes drastiques et brandit la menace du véto. De nouvelles coupes de 25 milliards sont déjà évoquées. Une décision que veulent éviter François Hollande et Mario Monti, le chef du gouvernement italien.
Des désaccord sur les coupes
Faut-il diminuer les subventions à la politique agricole commune ou réduire les aides aux pays les plus pauvres ? Sur ce dossier, les 27 se déchirent aussi. Les pays les plus en difficultés (Europe de l'Est et du Sud) qui perçoivent le plus de subventions, se sentent menacés. Ils demandent notamment que les fonds de cohésion qui leur sont destinés soient préservés.
De son côté, François Hollande entend protéger au maximum l'enveloppe allouée à la politique agricole commune (PAC) dont la France est, de loin, le plus grand bénéficiaire. Une position bien isolée au sein de l'Union européenne.
Des dirigeants affaiblis
Outre ces problématiques, la situation personnelle des chefs d'Etat a un impact conséquent sur les négociations. Un d'entre eux est en position de force : François Hollande. L'intervention française au Mali fait toujours l'unanimité, et elle lui a permis d'obtenir une stature internationale.
A l'inverse, l'avenir semble sombre pour Mariano Rajoy. Accusé de corruption, le Premier ministre espagnol se retrouve au milieu d'un scandale politico-financier. L'opposition appelle désormais clairement à sa démission. Angela Merkel, la chancelière allemande doit quant à elle composer avec une défaite de son parti, la CDU, lors de l'élection régionale. Un échec à relativiser puisqu'elle continue d'être très populaire en Allemagne. Ses positions européennes sont toujours majoritairement partagées par les citoyens allemands.
Les ambitions nationales de Mario Monti pourraient aussi jouer un rôle dans les négociations. Le chef du gouvernement italien démissionnaire est en campagne pour les élections législatives anticipées de fin février. Après avoir mené une politique de rigueur, il entend désormais afficher une conception de l'Europe très opposée aux coupes drastiques.
C'est sans compter sur David Cameron. Le Premier ministre, en quête de soutiens dans une opinion britannique eurosceptique, pourrait gagner à l'intransigeance et ainsi voir s'approcher un "Brexit", une sortie du Royaume-Uni de l'Union.
Certaines rencontres programmées entre chefs d'Etats sont également remises en cause. Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a en effet été hospitalisé jeudi dernier pour une infection aiguë des voies respiratoires.
Thibaud Métais