Mauvaise nouvelle pour les collectivités territoriales : les dotations qui leur sont accordées par l'Etat sont revues à la baisse. L'Eurométropole de Strasbourg, qui présente ce vendredi 7 février son budget 2025, tente de pallier le manque sans renoncer à l'investissement.
Le Conseil de l'Eurométropole s'est réuni ce vendredi 7 février pour définir les orientations budgétaires. Photo Lilou Bourgeois
Ce qui était redouté par les collectivités territoriales a été confirmé dans le budget du gouvernement de François Bayrou adopté cette semaine : leur dotation annuelle va faire les frais des restrictions budgétaires. L'Eurométropole de Strasbourg, qui discute aujourd'hui en Conseil des orientations financières à donner à sa collectivité, voit sa dotation amputée de 10 millions d'euros sur les 80 millions d'euros alloués par l'Etat.
Comment mener à bien le projet d’étendre les réseaux de chaleur, celui de prolonger le tramway vers l’Ouest, ou encore de rénover le stade de la Meinau quand les charges de fonctionnement augmentent et que les ressources diminuent ? "On va devoir faire des économies en ayant trois éléments en tête : préserver le service public, diminuer les dépenses événementielles et intensifier les efforts en termes de sobriété énergétique", répond le premier adjoint en charge des questions budgétaires, Syamack Agha Babaei, qui ne manque pas de dénoncer un effort "injuste". Ce sera quatre millions d'euros de moins pour l'énergie cette année par exemple.
"On avance vers un iceberg plutôt que de corriger la trajectoire”
D'autant que si l'Etat peut se permettre de s'endetter, les collectivités territoriales, elles, respectent l’obligation de présenter un budget de fonctionnement à l'équilibre. Elles peuvent donc s'endetter, mais seulement pour réaliser des investissements. Une solution privilégiée par la majorité en exercice : la dette est passée de 680 à 776 millions d’euros entre fin 2023 et fin 2024. Ce que n'a pas manqué de critiquer Jean-Philippe Maueur (LR), membre de l'opposition, dénonçant "l'endettement exponentiel déraisonnable" de l'Eurométropole. Thibaud Philipps (vision commune) hausse le ton : "On avance vers un iceberg plutôt que de corriger la trajectoire. A ce rythme là, on n'aura plus les moyens de faire des projets structurants en 2028. Il faut une trajectoire de désendettement pour répondre aux enjeux futurs." "Vous avez mangé les marges de manoeuvre", renchérit quant à elle Catherine Trautmann (PS).
Syamack Agha Babaei perd son calme : au regard des autres collectivités, “y compris celle d’une couleur politique différente”, la dette explose aussi. La conseillère écologiste Carole Zelinski tranche d’un geste : "On emprunte pour investir aujourd'hui afin d'éviter que nos enfants aient à payer six fois plus cher le coût de l'inaction actuelle." Le budget primitif sera voté le 25 mars 2025 en Conseil.
Lilou Bourgeois
Édité par Paul Ripert