La presse parle beaucoup de “Wonder Wheel”, le nouveau film de Woody Allen sorti en France ce mercredi 31 janvier. Mais les publications s'intéressent moins à l'oeuvre qu'à son réalisateur, accusé d’agression sexuelle envers sa fille. Ce film pourrait être son dernier. Faut-il ou non aller voir ?
Il est rare que le nom de Woody Allen n’apparaisse pas parmi les nommés aux Oscars. Mais cette année, la libération de parole à Hollywood a fini par exclure son nouveau film de la liste. Sorti sur les écrans français le mercredi 31 janvier, “Wonder Wheel” était beaucoup moins contesté que le passé de son réalisateur, accusé d’abus sexuels envers sa fille adoptive, alors âgée de sept ans. Plusieurs médias Outre-Atlantique ont appelé au boycott de son œuvre. Les interrogations ont également gagné la France : faut-il regarder un film dont l’auteur est visé par de telles accusations ?
Aux Etats-Unis, l'exclusion du cinéaste de la profession fait l'unanimité. Même la star de “House of cards”, Kevin Spacey, n’apparait plus sur les écrans depuis que plusieurs actrices l’ont accusé de harcèlement sexuel et de racisme. Le même sort pourrait être réservé à Woody Allen : le box-office de son nouveau film n’a pas dépassé 1,5 million $ aux Etats-Unis, alors que son dernier film culminait à 11 millions $. La sortie de son prochain film, déjà tourné, est menacée : selon la presse américaine, Amazon, son principal distributeur, pourrait empêcher son arrivée dans les salles.
En France, la sortie du film suscite la polémique. Les journalistes se demandent s'il est juste que cette tempête d'accusations mette fin à la carrière du cinéaste. “Woody Allen mérite-t-il d’être boycotté ?”, - titre "Le Parisien". Pour Stéphane Cellérier, patron de Mars films, le distributeur des films de Woody Allen en France, la question du boycott ne se pose pas : «Il n’y a aucune preuve de sa culpabilité », a-t-il confié aux journalistes. Il regrette aussi l’"hystérie" autour du cas Allen et aimerait davantage de "lucidité".
“Faut-il aller voir le nouveau Woody Allen ?”, s’interroge encore Courrier International. Le journaliste cite plusieurs médias américains, y compris le Washington Post, qui trouve "le mélodrame terriblement “monotone” et son symbolisme “lourd”". Les journalistes ne s'adonnent pas à l'exercice classique de la critique cinéma, mais sont unanimes : ce n'est pas un chef d'oeuvre.
RTL a trouvé au moins une raison d'aller voir le film polémique : “Presque tous vos journaux en parlent, et pas seulement pour en faire la critique, mais aussi parce que c'est peut-être vraiment son dernier film”, raconte Isabelle Choquet de RTL. “Il y a quelque chose de pourri au royaume d'Hollywood. Les rois deviennent des gueux et ceux qui les courtisaient leur crachent au visage”. La radio le souligne : si avant, les artistes étaient prêts à baisser leur salaire pour travailler avec ce maestro, sa carrière a aujourd'hui touché à sa fin.