La cinquième enquête du détective Cormoran Strike est parue en début de semaine en anglais. Une première critique du quotidien britannique Telegraph la qualifiant de transphobe a ensuite été reprise par les internautes et par différents médias. Signée Robert Galbraith, un pseudonyme, Troubled Blood raconte l’histoire d'un tueur en série qui se déguise en femme. En soi, ce scénario ne réinvente pas la roue : entre Psychose (1960) et la mythologie nordique, il semble que les histoires d'hommes se faisant passer pour des femmes pour commettre des crimes ne datent pas d'hier.
Mais Troubled Blood n’est pas n’importe quel livre, et surtout, son auteur n’est pas n’importe qui. Derrière Robert Galbraith se cache la mère de Harry Potter, J.K. Rowling. En juin dernier, Rowling avait dans un tweet expliqué que "les personnes qui ont leur règles" sont forcément des femmes. Des propos transphobes reprochés par ses abonnés.
‘People who menstruate.’ I’m sure there used to be a word for those people. Someone help me out. Wumben? Wimpund? Woomud?
Opinion: Creating a more equal post-COVID-19 world for people who menstruate https://t.co/cVpZxG7gaA
— J.K. Rowling (@jk_rowling) June 6, 2020
Pourquoi transphobe ?
Avec son tweet, J.K. Rowling nie le fait qu’il y a des femmes qui ne menstruent pas et qu’il existe des personnes d’autres genres qui ont leurs règles – en bref : elle nie l’existence et l’expérience d’hommes et de femmes trans et des personnes non-binaires.
Si certains défenseurs de la romancière avaient alors appelé à différencier la créatrice de la création, cette défense devient plus compliquée quand les opinions blessantes de l'autrice s'inscrivent au sein même de son œuvre. Je n’ai pas lu Troubled Blood et il est difficile de juger un livre quand on ne l'a pas encore lu. Mais le seul scénario de l'homme cisgenre (homme dont l'identité de genre correspond au sexe assigné à la naissance) se déguisant en femme pour en heurter d'autres donne à réfléchir. Au regard de ses propos sur Twitter, la transphobie de J.K. Rowling est de plus en plus difficile à nier.
Ses détracteurs ont appelé à boycotter ses œuvres et ont lancé l'hashtag #RIPJKRowling (ci-gît J.K. Rowling). Même s'il a été partagé plus de 100 000 fois pendant la semaine, son but n'est pas de souhaiter la mort de l'auteure britannique, mais de signaler une prise de distance vis-à-vis d'une personnalité qui a perdu toute crédibilité.
C'est parce que la saga autour d'Harry Potter a été un symbole d'acceptation et de tolérance que les propos de J.K. Rowling font aujourd'hui autant de mal à ses anciens admirateurs.
Maike Daub