Agnès Buzyn a annoncé lundi 9 septembre de nouvelles mesures concernant les services d'urgences. L'objectif : résoudre une crise qui dure depuis près de six mois.
A Strasbourg, les passages aux urgences ont augmenté de 15 % en quatre ans. Photo Pierre Rudloff
750 millions d'euros sur 3 ans, c'est la somme annoncée par Agnès Buzyn pour son plan de refondation des urgences, après sa rencontre avec les représentants de personnel des urgences. Avec ce plan, elle espère apaiser les hôpitaux, en grève depuis six mois pour protester contre leurs conditions de travail.
La ministre de la Santé avait déjà annoncé plusieurs mesures depuis le début de la grogne. Une première fois en juin avec la création d'une prime de risque de 100 € pour les infirmiers et aides-soignants, sujets aux violences de leurs patients. Une deuxième fois le 2 septembre quand ont été promis l'admission directe pour les personnes âgées, la vidéo-assistance entre Ehpad et Samu pour diminuer le nombre d'hospitalisations et le renvoi d'ambulances vers des médecins libéraux.
La fin des numéros d’urgence ?
Aujourd'hui, les 750 millions d'euros que promet Agnès Buzyn sur trois ans sont dédiés à douze mesures. Dont 80 % pour recruter du personnel. La ministre de la Santé veut créer un service téléphonique d'urgence, le SAS ou Service d'accès aux soins qui devra répondre aux demandes des soins, « à toute heure et à distance », précise Agnès Buzyn. Au bout du fil, un professionnel de santé donne des conseils, propose une téléconsultation ou renvoie les patients vers la structure adéquate. Le SAS sera pensé avec les médecins libéraux lors d'une concertation. Il devrait être opérationnel à l'été 2020. Un numéro unique qui pourrait mettre fin au 15, 116 ou 117.
Pour désengorger les hôpitaux seront aussi créées cinquante maisons médicales de garde dans les territoires où les urgences accueillent plus de 50 000 patients par an. Le plan prévoit aussi la facilitation des consultations sans rendez-vous auprès des médecins libéraux, sans avance de frais. Ces médecins seront fournis en matériel de biologie pour qu'ils réalisent eux-mêmes certains examens. « L'une des raisons de l'afflux dans les services, c'est la volonté d'une réponse immédiate » explique Agnès Buzyn qui assure que cette réforme doit répondre à une « inquiétude. »
Un nouveau financement
Autre mesure : un nouveau financement pour les urgences. Agnès Buzyn propose la fin d'un paiement à l'acte qui est pointé du doigt. Il pousseraient les hôpitaux à accueillir toujours plus de patients. Le financement se fera désormais sur une base forfaitaire.
Puisque la grève avait commencé suite à un acte de violence dans un hôpital parisien, Agnès Buzyn veut renforcer la sécurité des professionnels. Elle veut également lutter contre les « dérives de l'intérim médical, gourmand sur le plan financier ».
L'annonce des mesures intervient juste avant l'assemblée générale nationale du collectif Inter-Urgences mardi. De son côté, la CGT prévoit, comme annoncé, une journée d'action mercredi.
Judith Barbe