En Alsace, de grande disparités entre le nord et le sud
Si l'Alsace n'est certes pas la région la plus à plaindre, la situation sur le territoire est très contrastée. L’essentiel des gynécologues libéraux toutes spécialités confondues exercent autour de Strasbourg. Selon le chiffrage des Unions Régionales des Professionnels de Santé, 66 sur 132 travaillent au sein de l’Eurométropole. On en compte 88 dans le Bas-Rhin, et seulement 44 dans le Haut-Rhin.
Odile Bagot constatent aussi ces disparités : «Pour les personnes qui ne peuvent pas se déplacer, avoir un suivi gynécologique régulier peut être compliqué. C'est notamment le cas dans le nord de l'Alsace, où le territoire, moins bien desservi par les transports en commun, est plus enclavé.»
Faute de spécialistes, certaines femmes se tournent vers des médecins généralistes et des sages-femmes. Une décision qu'Odile Bagot comprend, mais elle met en garde contre certaines dérives : «Si l'on n'a pas accès à un gynécologue, faire appel à une sage-femme ou un médecin est toujours mieux que rien. Mais il faut que ces derniers aient la formation et le matériel adéquat. Il ne faut pas oublier que les gynécologues se spécialisent dans ce domaine pendant plusieurs années. Une consultation auprès d'un véritable spécialiste reste indispensable.»
Pour la rentrée 2018, le ministère de la santé a annoncé une augmentation de 28% du nombre postes d'internes ouverts en gynécologie médicale, soit 82 postes. Un chiffre insuffisant, selon le Comité de défense de la gynécologie médicale (CDGM), qui rappelle que de nombreux spécialistes s’apprêtent à prendre leur retraite. Près de 62% d'entre eux ont 60 ans et plus. Un situation qui inquiète le CDGM car « sans le renouvellement indispensable de ces spécialistes », les conséquences se feront sentir «sur la santé des femmes, et en particulier des jeunes générations.»
Lucie Duboua-Lorsch
Ce déficit conduit de plus en plus de gynécologues obstétriciens à se focaliser uniquement sur le suivi des femmes, comme le signale Odile Bagot, elle-même gynécologue obstétricienne à Strasbourg : « J'ai effectué mon internat en gynécologie obstétricienne. Pourtant aujourd'hui je me concentre surtout sur le suivi de mes patientes. En Alsace, beaucoup de mes collègues ne font plus que du médicales »