Non, il ne démissionnera pas, ou du moins, pas tout de suite. Pendant une heure et demie, mercredi 5 février, le président de la Fédération française des sports de glace (FFSG), Didier Gailhaguet, a affirmé devant la presse qu’il ne prendrait pas de décision sur sa démission avant la fin de l’enquête administrative diligentée par le ministère des Sports concernant les récentes révélations de violences sexuelles qui secouent le monde du patinage.
Fin janvier, L’Equipe et L’Obs ont divulgué les témoignages de quatre anciennes patineuses de haut-niveau qui déclarent avoir été victimes de violences sexuelles infligées par leurs entraîneurs, entre la fin des années 1970 et le début de la décennie 1990, lorsqu’elles étaient mineures. L’une d’entre elles, Sarah Abitbol, médaillée de bronze aux Championnats du monde 2000, a publié un livre intitulé Un si long silence.
Trois entraîneurs incriminés
Si les faits sont prescrits et renvoient à une époque antérieure à la présidence de Didier Gailhaguet, ils le mettent néanmoins en cause envers Gilles Beyer, l’un des trois entraîneurs concernés. Démis de ses fonctions en 2001, il a continué à cumuler plusieurs mandats au bureau exécutif de la FFSG jusqu’en 2018. Plus largement, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire, mardi 4 février, pour viols et agressions sexuelles sur mineurs.
« Je n’ai absolument pas protégé Gilles Beyer », a déclaré le président, depuis le siège de la fédération, tout en affirmant avoir appris les accusations de viols « il y a une semaine et demi » pour des faits remontants à plus de 20 ans. « Il n’y a pas eu un seul cas [de violences sexuelles] sous ma présidence qui n’ait pas été traité », a-t-il assuré.
Passe d’arme institutionnelle
De quoi prolonger son bras de fer avec la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, qui a réclamé sa démission, lundi 3 février : « Didier Gailhaguet ne peut se dédouaner de sa responsabilité morale et personnelle, je lui ai donc demandé d’assumer toutes ses responsabilités et de démissionner. »
En poste depuis 21 ans, l’indéboulonnable dirigeant de la FFSG se qualifie « d’homme clean », responsable « d’erreur, mais pas de fautes ». Il a pointé du doigt Marie-George Buffet, alors ministre des Sports au moment des faits. « Le ministère et la ministre de l’époque, par leur lâcheté, leur incompétence et leurs nombreuses volte-face ont permis de laisser des personnes sur la glace », a-t-il accusé.
Ambiance de fin de règne
Une lecture opposée à celle de la ministre des Sports actuelle, qui voit dans ces accusations tues pendant des années et le maintien au contact des athlètes d’un des accusés, Gilles Beyer, « un dysfonctionnement général de la Fédération. »
Malgré sa contre-attaque, Didier Gailhaguet semble de plus en plus fragilisé. Quatre des seizes membres du bureau exécutif de la FFSG ont démissionné, mardi 4 février, dont l’ancien patineur Alban Préaubert, sa caution sportive jusque là.
Benjamin Martinez
Alors que plusieurs entreprises expérimentent ce système, l'Hexagone pourrait devenir le premier pays européen à l'utiliser.
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Le FC Metz, club de football de Ligue 1, a testé la reconnaissance faciale dans son stade pour identifier les supporters interdits de stade. Lancé par la start-up française Two-i, qui se présente comme « spécialisée dans la reconnaissance faciale et d’émotions pour la sécurité, le marketing et du bien-être », ce dispositif a provoqué la colère des associations de supporters. La ministre des Sports Roxana Maracineanu s’est, quant à elle, déclarée « favorable » au système.
Qu’est-ce que la reconnaissance faciale ?
La reconnaissance faciale est un procédé qui permet d’identifier et d’authentifier une personne grâce à son visage. En 1973, le chercheur japonais Takeo Kanade a réalisé les premières tentatives. Depuis, les technologies se sont développées. Le logiciel analyse 80 caractéristiques du visage comme le rapprochement des yeux ou encore de la mâchoire. Celles-ci sont ensuite comparées aux données récoltées dans des bases. L’essor de la collecte de données a permis un développement de la reconnaissance faciale. Une technique critiquée pour son manque de fiabilité. Selon des chercheurs du National Institute of Standards and Technology, les algorithmes commettent beaucoup d’erreurs avec une détection erronnée des personnes non blanches. En effet, les personnes asiatiques ou noires sont 100 fois plus souvent identifiées que les personnes blanches.
À quoi sert cette technologie ?
En Chine, il est désormais obligatoire pour les utilisateurs d’un téléphone portable de se soumettre à la reconnaissance faciale. Cette technologie est essentiellement utilisée à des fins de surveillance et de sécurité en public pour identifier les auteurs d’infractions, de délits et de crimes. En France, la reconnaissance faciale fait ses débuts au salon Milipol en 1999, un salon professionnel consacré à la sécurité intérieure des États. Une entreprise du nord de la France, Ab3s, conçoit le morpho-portier, un système permettant d’ouvrir une porte grâce aux caméras et à la détection du visage. Par ailleurs, le dernier iPhone, commercialisé en 2017, intègre ce système pour déverrouiller son smartphone.
Est-elle réellement utilisée en France ?
La ville de Nice a testé, en février 2019, un système de reconnaissance faciale basé sur l’intelligence artificielle lors du traditionnel carnaval, pour lequel 80 personnes se sont portées volontaires. Le maire de Nice, Christian Estrosi, est un ardent défenseur de cette technologie et compte poursuivre son développement. « C’est un moyen de lutte contre le terrorisme, l’insécurité, tous les phénomènes de barbarie quels qu’ils soient, qui peut démultiplier l’efficacité de la police tout en préservant les libertés individuelles », a-t-il assuré sur France Info en novembre dernier. Two-i, la start-up messine teste également, depuis janvier 2019, son logiciel de reconnaissance faciale des émotions en partenariat avec la capitale azuréenne. L’objectif est de renforcer la sécurité en détectant d’éventuels « mouvements de panique et de stress », selon Two-i, cité par France Bleu.
Avec la reconnaissance faciale que je réclame depuis des années, on peut savoir où sont les personnes fichées en permanence ! Je ne lâcherai rien et #Nice06 sera la première ville en France à disposer de la reconnaissance faciale. #NiceEnsemble #AmisDuMaire pic.twitter.com/9N0tZH4Fsy
— Christian Estrosi (@cestrosi) January 28, 2019
Quelle est la position du gouvernement sur la reconnaissance faciale ?
Le gouvernement a lancé, en juin 2019, une phase d’expérimentation sur l’usage de la reconnaissance faciale dans l’espace public. Cédric O, secrétaire d’État chargé du numérique, explique que cela permettrait « d'avoir des retours sur les différents cas d'usage et sur la performance réelle de cette technologie, ainsi que sur les questions qui se posent ». L’application Alicem fait partie de l’expérimentation. Les utilisateurs peuvent s’authentifier avec la reconnaissance faciale afin d’avoir accès aux services administratifs. Si le dispositif est adopté définitivement, la France sera le premier européen à l’utiliser.
Que dit-la loi ?
Le Règlement général pour la protection des données (RGPD) entré en vigueur en Europe en 2016 interdit l’authentification par reconnaissance faciale en public sans le consentement de la personne concernée. Christian Estrosi a dû négocier avec la Commission des libertés et de l’informatique, autorité indépendante, pour tester cette technologie. Cependant, il existe un flou juridique. Le RGPD autorise l’authentification dans son article 9.2 « lorsque le traitement est nécessaire pour des motifs d’intérêt public important ». La Commission Européenne envisage un moratoire sur cette question durant cinq ans sans interdire les expérimentations.
La reconnaissance faciale va-t-elle se développer en France ?
À l’échelle municipale, les propositions sont de plus en plus nombreuses. En 2015, la Ville de Marseille a lancé un appel d’offre pour un « big data de la tranquillité publique » aussi appelé « observatoire ». C’est Engie Ineo - dont le principal actionnaire est l’État - qui l’a emporté. Le projet s’achèvera fin 2020 : première étape d’une « SafeCity », ville du futur. L’entreprise va injecter les données issues des services de police avec les flux de caméras. Puis, elle va démarcher les hôpitaux, les marins-pompiers entre autres, pour obtenir davantage de données. L’objectif est de prédire les futurs délits et crimes grâce à des algorithmes. Un projet que dénonce la Ligue des Droits de l'Homme (LDH) dans un tweet.
#Libertés | Reconnaissance faciale, fichage généralisé et géolocalisation à notre insu. Sous couvert d’optimisation et aide à la décision, la #SmartCity transforme l’urbanité en une vaste entreprise de #surveillance : nous appelons à une résistance systématique ! #Technopolice https://t.co/p9FvcCmoxp
— LDH France (@LDH_Fr) February 6, 2020
Quels risques ?
La Quadrature du Net, association de défense des libertés sur Internet, plaide pour une interdiction de la reconnaissance faciale, qui selon elle, menace les libertés individuelles et impose une « société de contrôle ». Dans un communiqué intitulé « le vrai visage de la reconnaissance faciale », l’association s’inquiète des initiatives locales grandissantes sur ce sujet. Elle a d’ailleurs lancé, avec trois associations, un recours auprès du Tribunal administratif pour « faire barrage à la surveillance biométrique » contre l’installation de la reconnaissance faciale dans un lycée à Marseille.
Maxime Arnoult