Contrairement à la vente de vêtements neufs, la tendance à la seconde main ne faiblit pas. Les boutiques strasbourgeoises poursuivent leur quête de la pièce idéale dans un marché qui risque la saturation.
Le vintage, une espèce en voie de disparition
« C'est un secret bien gardé », répond elle aussi Luna Tavernier, qui a ouvert Le Grenier en 2019. Arrivée sur ce marché strasbourgeois après d'autres boutiques, elle s'est démarquée avec son propre style, axé sur les années 1960-1970, et a décidé d'étendre son approvisionnement à l'ensemble de la France. Sans surprise, les personnes qui lui déposent le plus de vêtements à revendre sont des personnes âgées. Quelques jeunes prennent aussi le pli, mais ils sont principalement dans la consommation.
La seconde main est « un stock de niche qui s'amenuit et qu'on fait attention à préserver », insiste Luna. « Il faut que l'on soit imaginatifs car on est en plein boum et c'est un secteur qui va encore saturer et la qualité baisser. Dans quelques années, c'est du Zara que l'on retrouvera. » Et les grandes marques de l'industrie textile se saisissent aussi de l'attrait pour la seconde main. Luna voit l'arrivée des Galeries Lafayette sur ce marché d'un regard inquiet. Pour elle, « c'est un autre risque pour nos boutiques indépendantes. »
Laura Remoué
On remarque pourtant le paradoxe entre la quête de l'unique et l'effet de mode, où on ne passe pas à côté des robes longues à fleurs et des bleus de travail avec, tout de même, pour l'authenticité, des agrafes toujours accrochées au niveau de la poitrine. « Je chine tout au détail, dans des associations, des brocantes, chez des professionnels ou des particuliers. » Si elle discute volontiers avec passion de l'origine de chaque vêtement, pas question de dévoiler où elle trouve ses trésors.