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À deux marches de la gloire, six manches à remporter avant l’accomplissement ultime, un dernier souffle avant la consécration suprême. À 34 ans, le numéro un mondial, Novak Djokovic est en passe d’écrire l’histoire. Conquérir le graal absolu du tennis : réussir le Grand Chelem calendaire en remportant les quatre majeurs au cours d’une même saison. À ce jour, seuls deux hommes y sont parvenus : Donald Budge en 1938 et Rod Laver en 1962 et 1969 à une époque où le tennis se conjuguait entre gazon et terre battue. Depuis, Steffi Graaf, chez les filles, est la dernière à s’être imposée aux quatre coins du globe en 1988. Maureen Connolly (1953) et Margaret Smith Court (1970) furent les premières. 

Après eux, plusieurs légendes du jeu ont tutoyé les cimes sans pour autant approcher pareil exploit. Mais d’autres ont quant à eux saisi la balle au bond et ont été proches de remporter quatre titres en une saison. Jimmy Connors, le virevoltant gaucher américain était pas loin d’empocher le titre suprême en 1974. Melbourne, Wimbledon et l’US Open glanés, c’est Roland-Garros qui lui a fait défaut. S’il n’avait pas été banni de Roland-Garros cette année-là à cause d’un juteux contrat l’incitant à disputer une compétition alternative aux Etats-Unis, Connors aurait sans doute réussi le Grand Chelem. Une quinzaine d’années plus tard, le vent glacial de Suède souffle sur le tennis mondial, Mats Wilander est le meilleur joueur du monde en 1988. Quart de finaliste à Wimbledon entachera un bilan presque parfait après Roland-Garros, Wimbledon et l’US Open. 

Le Serbe avait déjà réalisé le Petit Chelem

Plus récemment, Roger Federer et Rafael Nadal n’ont jamais été aussi proche que leur compère serbe. Mais eux aussi ont fait le Petit Chelem (trois Grands Chelems remportés sur quatre). L’Espagnol, après une saison 2010 de tous les records, l’emporte pour la première fois à l’US Open, en finale face à Djokovic. Le Serbe est alors trop frêle pour concurrencer le numéro 1 mondial. Rafael Nadal s’était imposé précédemment sur le gazon londonien face à Thomas Berdych, son dernier titre à Wimbledon. Moins d’un mois auparavant, il retrouvait la plus haute marche du podium sur sa terre parisienne face à son bourreau de l’année précédente, Robin Soderling. Ne restait plus que Melbourne, souvent considéré comme l’épreuve du feu pour le Majorquin, diminué aux Antipodes en 2011, il est contraint à l’abandon en quarts de finale face à son compatriote, David Ferrer. Jamais, il ne sera en mesure de gagner quatre Grand chelems d’affilé. 

En réalité, le « Djoker » l’a déjà réalisé mais sur deux saisons (de Wimbledon 2015 à Roland-Garros 2016). Mais le faire sur une seule saison serait une prouesse historique. À l’aune d’écrire peut-être la plus belle page de sa propre histoire, Novak Djokovic a pu compter sur l’absence de ses deux meilleurs ennemis, Roger Federer et Rafael Nadal. À New-York, Alexander Zverev, Daniil Medvedev ou Felix Auger-Aliassime sont les derniers à se dresser sur la voie royale de l’Empereur serbe. À eux trois, ils totalisent trois finales du Grand Chelem, toutes perdues. Un maigre vécu avant de s’attaquer à la montagne aux trente finales. Mais l’allemand Zverev est le dernier à l’avoir vaincu, c’était à Tokyo, cet été, aux Jeux-Olympiques. Si Djokovic ne s’auto-détruit pas, difficile d’imaginer une autre issue qu’un couronnement dans la ville qui ne dort jamais.

Hadrien Hubert

Novak Djokovic pourrait remporter également son 21ème Grand chelem. 

Le tennisman serbe peut réaliser dimanche le Grand Chelem calendaire, performance qui n’a pas été réalisée depuis cinquante-deux ans. 

A 20 ans, Jade tatoue déjà depuis deux ans. Malgré un monde très masculin, la jeune femme a trouvé sa place. C’est dans son salon Art à Vie qu’elle nous raconte son parcours, et la complexité de son art.

Djokovic aux portes de l'Histoire

10 septembre 2021

Djokovic aux portes de l'Histoire

Le tennisman serbe Novak Djokovic peut réaliser le Grand Chelem (Open d'Australie, US Open, Roland-Garros, Wimbledon) calendaire ce dimanche, en finale du tournoi américain. 

En Suède, on peut suivre au lycée des cours d'esport comme on suivrait des cours d'art plastique, ou de football. Ces expérimentations n'en sont qu'à leurs balbutiements dans les classes françaises. 

“T’es lesbienne, non ? Vu que t’es tatoueuse.” Quand Jade Wilhelmy se met en débardeur, difficile de passer à côté de sa cinquantaine de tatouages, au grand dam de sa grand-mère. Visages, fleurs, vases, papillons, ses bras et ses jambes en sont recouverts. Normal, le tatouage, c’est son métier. Et du haut de ses vingt ans, cette grande blonde au visage fin très maquillé dénote dans le monde viril des tatoueurs. 

“J’ai un peu honte, tout le monde te regarde.” Les remarques déplacées, Jade, n’en a plus grand chose à faire. “Pour beaucoup, le tatouage c’est encore synonyme de taulards et de drogués. Ce sont des clichés que partage surtout la génération d’avant.” Le tatouage, pas assez démocratisé ? En 2017, seul un français sur dix est tatoué chez les plus de 35 ans. Près d’un sur trois des 18-34 ans, eux, sont déjà passés sous le dermographe. 

Une clientèle très féminine

Quand on rentre dans le salon Art à Vie de Jade à Eckbolsheim, en Alsace, pas de légendaires têtes de mort ni de traditionnel hard-metal. Son local est lumineux et accueillant, les affiches aux murs sont design et la déco soignée. “J’ai voulu un endroit à mon image, qui colle à mon style de dessin”, explique-t-elle. 

Son credo : les statues grecques, le feuillage et les écritures gothiques. Le tout en lignes fines. “Mon travail attire surtout des femmes. J’en tatoue une cinquantaine par mois, contre six ou sept gars. Mes clientes viennent me voir parce que je suis moi-même une fille, ça les rassure. Surtout quand elles veulent un tatoo à un endroit délicat comme les côtes, les seins ou les fesses”. 

Forcément, il y a une grande intimité qui se crée entre elle et ses clients. “Je partage leur projet de tatouage, l’histoire qu’il y a derrière. Il y a aussi une proximité physique. Je les touche, il y a du sang, ce n’est pas rien.” Tout l’enjeu est de trouver la bonne distance entre tatoueur et tatoué. “Je fais très attention où je pose mes mains, surtout quand je travaille sur un homme. Je ne veux pas qu’il se fasse des idées”. Parce qu’entre la douleur, l’excitation du tatouage et la sécrétion d’endorphines, certains en profitent pour tenter leur chance. Capotes glissées avec le paiement, soutien-gorges dégrafés : “Les clientes aussi ne se gênent pas pour draguer mon copain.” 

Parce que le copain de Jade, Hugo, est aussi tatoueur. Ils travaillent ensemble au salon, et ça, ça la sécurise. “Quand j’ai débuté, je recevais mes clients à côté du labo de mon papa photographe. Maintenant, je partage mon local avec Hugo, je me sens protégée. On ne sait jamais sur qui on peut tomber, et on ne va pas se le cacher, le tatouage ramène aussi des gens pas très rassurants. Comme ce mec tatoué et percé de la tête aux pieds, qui s’est fumé son joint en pleine séance.”

“Le tatouage c’est la meilleure manière de vivre du dessin” 

Après des études d’esthétique, Jade a décidé de plaquer ce “monde de meufs”. “Je n’aimais pas du tout l’ambiance. Comme je dessinais dans mes cahiers et que j’ai toujours été attirée par le tatouage, j’ai racheté le kit d’apprenti tatoueur d’un ami. J’ai fait mes premiers tests sur des fausses peaux, puis sur moi.” Pas très concluant au départ : Jade fait recouvrir son premier auto-tatoo quelques mois plus tard.” Elle quitte alors son Alsace natale pour Montpellier, où elle va faire ses classes à l’école du tatouage EOMTP. “J’ai réalisé que tenir un crayon et un dermographe, c’était très différent. Mais ça a confirmé ma vocation. Quand tu aimes le dessin, le tatouage c’est la meilleure manière d’en vivre.” Aujourd’hui, la jeune auto-entrepreneuse cherche à déménager son salon dans le centre de Strasbourg, pour avoir une véritable vitrine pour son travail.

Instagram de Jade : https://www.instagram.com/artavie_ttt_/?hl=fr

Eléonore Disdero

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