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L’avenir des stations de ski françaises en question, et celles des Vosges ?

09 février 2024

L’avenir des stations de ski françaises en question, et celles des Vosges ?

La Cour des comptes met en cause le modèle économique des stations de ski face au dérèglement climatique, mais n’évoque pas les stations vosgiennes, également concernées.

Pris de spasmes irréguliers, couché sur le bas-côté d’une voiture, le regard vide et les pupilles dilatées. C'est la description d’un homme que reçoit la police appelée dans la nuit du 5 au 6 février. Il s’appelle Mickaël D, âgé de 30 ans, il a perdu son emploi de charpentier couvreur en décembre. Un poste qu’il occupait depuis cinq ans. Sur place, les policiers le retrouvent inconscient. Dans la voiture garée à côté de lui sont découverts une matraque, un sachet de poudre blanche et un flacon rempli d’un liquide bleu, de la cocaïne et du GBL, une drogue aux effets proches du GHB.

Deux jours plus tard, Mickaël D se tient debout dans la cage de verre de la salle des comparutions du tribunal judiciaire de Strasbourg. Vêtu d’un sweat jaune vif, il est de taille moyenne et a des yeux tristes. Son visage rougeaud et suant trahit un air abasourdi. Pourtant, être convoqué en comparution immédiate n’est pas une première pour lui. « Vous sont reprochés un transport non autorisé de stupéfiants en récidive et un usage illicite de stupéfiants en récidive. [...] Nous avons ici un grand consommateur de drogues de synthèse », entame le président Bertrand Gautier, avant de s’adresser au prévenu. 

_« Depuis combien de temps consommez-vous de la drogue, monsieur ? »

_« Ça fait deux ans que j’en consomme régulièrement, avant, c’était récréatif », souffle-t-il.

Le président tente de l’alerter sur le virage dangereux de sa consommation quotidienne. « Ce soir-là, vous avez été ramassé. Mais vous savez ce qu'il se passe quand il y a personne pour appeler les secours ? » Le prévenu se contente d’un « non », le ton sonne sincère. 

« C’est l’arrêt cardiovasculaire [...] Quand on a trois grammes par jour, on ne survit pas très longtemps », réprimande le président, le regard sévère. Mickaël D, confus, reconnaît être « de plus en plus addict et avoir failli mourir », la voix serrée.

« Une descente aux enfers »

Le temps est aux réquisitions. « Kétamine, amphétamine, cocaïne, GBL, le catalogue est complet », énumère le procureur. Le magistrat rappelle ensuite sa première interpellation pour ce même motif, le 18 janvier 2023. « C’est la deuxième fois et ça finit à l'hôpital. C’est quoi la prochaine étape ? Le cimetière ? » Pour lui, la condamnation doit être de six mois d’emprisonnement avec obligation de soin.

La défense partage le même constat. « On a un ancrage dans le stupéfiant [...] On est dans une véritable descente aux enfers ». L’avocate accuse le « risque d'emprisonnement » mais insiste auprès de la cour : « Il faut une prise en charge ». Si la décision n’est pas encore prise, la demi-heure de blâmes à son égard semble jouer sur le cheminement de sa prise de conscience. « J’ai plus du tout envie d’en prendre, je veux aller au centre de soin pour toxicos à Haguenau », déclare en fin de séance Mickaël. La décision tombe, ce sera six mois d’emprisonnement avec mandat de dépôt ainsi qu’une interdiction de détenir une arme pendant 2 ans. « Faites vous soigner et ne revenez plus ici », avertit le président.

Océane Caillat

Édité par Eva Pontecaille

Revalorisation de la consultation en médecine généraliste :

09 février 2024

Revalorisation de la consultation en médecine généraliste : "Un simple rattrapage de l’inflation"

L’Assurance maladie s’est prononcée pour la revalorisation des consultations à 30 euros. Pour une médecin généraliste, ce n’est pas suffisant.

« Un signal désastreux », « une véritable gifle pour le secteur du logement », « c’est très très inquiétant ». Les réactions d’associations d’aide au logement fusent depuis la nomination, jeudi 8 février, de Guillaume Kasbarian en tant que ministre délégué au Logement. Succédant à Patrice Vergriete, le député Renaissance d’Eure-et-Loir, engagé en politique depuis 2016, s’est notamment fait connaître avec la loi rebaptisée « loi anti-squat », adoptée en juillet 2023.

Ce texte, visant à mieux réprimer le squat des logements, a été vivement critiquée. Pour la gauche et de nombreux acteurs de lutte contre le mal-logement, cette loi est une façon de « criminaliser la pauvreté », car elle augmente les sanctions envers les squatteurs et elle « accélère les procédures d’expulsion de locataires se maintenant dans le logement après un jugement d’expulsion », selon Jean-Baptiste Eyraud, président de l’association historique du Droit au logement (DAL) contacté par Cuej.info.

Ce dernier ne décolère pas : « Guillaume Kasbarian a un côté brutal, qui s’est exprimé dans sa loi. Elle envoie notamment en prison des sans-abri qui squattent un logement vide, pas un logement occupé ou une résidence secondaire ! Tout ça dans un contexte où on a jamais eu autant de sans-abri, ni autant de logements vacants. Il y a une contradiction énorme. »

4,16 millions de Français subissent le mal-logement

Dans son rapport annuel, la Fondation Abbé-Pierre alerte sur une politique du logement basée sur la rigueur budgétaire, tandis que près de 4,16 millions de personnes en France subissent le mal-logement et que 330 000 personnes n’ont pas de domicile fixe.

Christophe Robert, délégué général de cette fondation, a confié à l’AFP « espérer qu’il sera plus attentif aux souffrances des mal-logés et aux difficultés que connaissent nos concitoyens en matière de mal-logement qu’il ne l’a été au moment où il a porté une loi qui a fait beaucoup de dégâts ». Pour le président de la Confédération nationale du logement, Eddie Jacquemart, invité sur France Info ce 8 février, « c’est un ministre qui a passé une loi qui confond les mal-logés et les squatteurs ».

Une crainte de durcissement de la loi

Sa proximité avec le monde de la « grande finance » interroge par ailleurs le directeur du DAL. Et notamment son poste de conseiller en stratégie financière dans un groupe de conseil financier, Monitor Deloitte : « Pour nous, M. Kasbarian représente ce milieu-là. »

« Entre la crise immobilière et la crise du logement, avec cette nomination, le gouvernement a fait le choix de soutenir les milieux immobiliers qui n’ont jamais gagné autant d’argent ces vingt dernières années, critique-t-il. Alors que plus de 2,6 millions de personnes sont en attente d’un logement social. »

Le contexte politique, et notamment ses alliances avec Les Républicains ou l’extrême droite qui lui ont permis de voter la loi anti-squat, fait aussi craindre un durcissement des prochaines propositions de loi sur le logement, qui ne seront pas du « côté des locataires et des mal-logés mais du côté de la rente locative », selon Jean-Baptiste Eyraud.

En réaction à cette nomination, ce dernier appelle tous les « locataires, les mal-logés, les sans-abri et tous ceux qui les défendent » à s’unir et à descendre dans la rue après la fin de la trêve hivernale, synonyme de retour des expulsions. Un simple souhait pour « un moment symbolique ».

Alexia Lamblé

Édité par Milan Derrien

Des hivers sans neige, dans les Vosges, il y en a toujours eu, selon Pierre-Marie David, qui y mesure l’enneigement depuis 1976. Mais les « irrégularités se sont accentuées », remarque le nivologue, notamment à cause des hausses de températures. « Au-dessus de 1000 m, la diminution des chutes de neige n’est pas significative, ce qui suggère que seule l’augmentation (significative) d’environ 2 °C de la température explique cette diminution de l’enneigement », détaille-t-il dans un rapport publié en 2021.

À cause de cette baisse d’enneigement, et de l’impossibilité de n’utiliser que de la neige artificielle car il ne fait pas assez froid, la station Frère-Joseph du Ventron a définitivement arrêté télésièges et téléskis en 2020. Un plan de reprise était prévu mais, pour l’heure, frère Joseph dort toujours.

Clara Grouzis

Édité par Max Donzé

Seules quelques stations de ski continueront de fonctionner après 2050. C’est le constat alarmant de la Cour des comptes. Elle a contrôlé 42 stations des Alpes, des Pyrénées, du Massif central et du Jura dans un rapport publié mardi 6 février. L’institution affirme que le manque de neige dû au dérèglement climatique et l’absence de plans d’adaptation suffisants menace le modèle économique des stations françaises.

Mais dans ce rapport, aucune de la vingtaine de stations vosgiennes n’est mentionnée. Elles n’ont pas eu droit à l’évaluation de leur « score de vulnérabilité », qui a été calculé « pour les 163 stations de montagne pour lesquelles les données étaient disponibles », à partir du « risque climatique », du « poids socio-économique de la station » et de « la capacité financière de l’autorité organisatrice des remontées mécaniques ».

Un manque de moyens pour contrôler les stations vosgiennes

Certes, les stations de ski des Vosges sont situées à de basses altitudes (entre 550 mètres et 1100 mètres d’altitude minimale) et ne sont pas comparables aux grandes stations touristiques des Alpes. Mais elles continuent leur activité dès que les conditions le permettent. D’autant que le rapport mentionne beaucoup de petites stations dont certaines situées dans le Massif central, où le taux d’enneigement est moindre que dans les Vosges. Selon Patrice Paul, ancien climatologue à l’université de Strasbourg, l’enneigement que l’on retrouve à 1000 mètres d’altitude dans le Massif central correspond à celui mesuré à 700 mètres d’altitude dans les Vosges. Tout n’est donc pas une question de hauteur. La situation géographique compte aussi : les Vosges sont plus au nord.

Interrogée sur l’absence de stations vosgiennes dans ce rapport, la Cour des comptes explique que la Chambre régionale des comptes du Grand Est n’a pas pris part à cette étude. Et sans le concours de la Chambre régionale, impossible de recueillir les données concernant les stations de la région. De son côté, la Chambre régionale déplore un manque de moyens pour pouvoir s’inscrire dans toutes les enquêtes de la Cour des comptes. Mais l’institution assure être vigilante à ce sujet, et vouloir s’y pencher. Sans pour autant pouvoir donner de calendrier.

Des stations qui tentent déjà de s’adapter

La question du dérèglement climatique et de son impact sur le massif des Vosges préoccupe les exploitants de stations de montagne depuis de nombreuses années déjà. En 2022, Stessy Speissmann, le maire de Gérardmer, affirmait à France 3 : « L’avenir c’est la diversification, avec un modèle quatre saisons et une offre d’activités hivernales qui fonctionnent sans neige. » Les hivers sont de plus en plus incertains, et les stations sont obligées de recouvrir les pistes de neige artificielle, dans la mesure du possible. Mi-février, seulement 10 pistes sur 33 sont ouvertes à La Bresse-Hohneck et 4 sur 21 à Gérardmer. Toutes les autres stations du massif sont fermées.

Dans un nouveau rapport, la Cour des comptes met en cause le modèle économique des stations de ski, menacé par le dérèglement climatique. Mais elle n’évoque pas les stations vosgiennes, pourtant concernées par les mêmes problématiques.

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