Une décision aberrante pour les associations environnementales. “L’impact global du loup sur le bétail reste faible. [...] Nous dénonçons une décision motivée par des considérations politiques, au détriment d’objectifs scientifiques de conservation” s’insurge l’association Natagora, active en Wallonie.
C’est la première fois qu’une espèce voit son statut de protection affaibli ainsi en Europe. À 371 pour, 162 contre et 37 abstentions, le Parlement européen a voté jeudi le déclassement de ce grand prédateur d’espèce “strictement protégée" à “protégée”. Les États membres peuvent désormais autoriser sa capture ou son abattage dans des cas spécifiques, tels que la protection du bétail ou la régulation des populations locales. Auparavant, toute capture ou mise à mort était interdite, sauf dérogation exceptionnelle.
Moncef Arbadji et Pierrot Destrez
L’acier : un enjeu de l’indépendance européenne
Si le président américain a suspendu certains droits de douane imposés aux Européens, ce n’est pas le cas de l’acier, toujours taxé à 25 %. Une décision qui n’arrange pas la situation de l’industrie sidérurgique européenne en proie à de sérieuses difficultés liées notamment à la prédominance de concurrents comme la Chine sur le marché du Vieux continent. En témoigne le géant ArcelorMittal qui a annoncé la suppression de plus de 600 postes dans le Nord de la France. Pour soutenir les producteurs, indispensables à certains secteurs clés comme l’armement, plusieurs groupes dont les Socialistes et Démocrates (S&D, gauche) prônent l’instauration de “taxes provisoires à l’entrée de l’UE”. De quoi limiter la “situation de dépendance [de l’Europe] vis-à-vis de la Chine”, affirme le député socialiste, Raphaël Glucksmann.
Même si la Commission Européenne peut toujours porter plainte, les pays ne respectant pas les réglementations ne risquent concrètement rien. Aucune sanction n’est prévue dans le texte si un pays venait à ne pas appliquer ces contrôles. La porte reste donc entrouverte, d’autant que le texte doit encore suivre un long parcours législatif au sein des institutions européennes et pourrait être de nouveau modifié avant son application.
Poussés par le PPE (Parti populaire européen, droite), les eurodéputés ont voté le déclassement du statut du loup. Une victoire politique. Les opposants dénoncent l’autorisation de tuer l'animal et le risque de déclassement d’autres espèces strictement protégées.
Peut-on donc s’attendre à un filtrage réellement efficace ? Varg Folkman, analyste à l’European Policy Center, est catégorique : "Je ne pense pas que ça aura un énorme impact". Si la nouvelle réglementation prévoit un renforcement du système, elle laisse des failles dans lesquelles les pays tiers peuvent s'engouffrer. Les entreprises étrangères possédant des filiales en Europe, par exemple, passent sous le radar des 27. Car le contrôle en vigueur ne concerne que les placements provenant de pays non européens. Grâce à ce contournement, des entreprises chinoises ou russes ont le champ libre pour investir dans des domaines stratégiques, sous couvert de leurs succursales. "Si ces entreprises ont réussi à contourner les lois européennes une première fois, elles n’auront aucun mal à recommencer", s’inquiète Varg Folman.
Une loi insuffisante