Marius Laffont et Anouk Seveno
“Nous voulons être complètement indépendants de la Russie fin 2027.” Mardi 6 mai au Parlement européen, Dan Jørgensen, commissaire à l'Énergie et au Logement, a donné la feuille de route de REPowerEU, le programme de l’Union européenne pour se séparer des combustibles fossiles russes.
Objectif principal : ne plus importer d’énergies russes d’ici 2027 et notamment du gaz. Un acte primordial pour le commissaire européen, “par solidarité avec l’Ukraine”, alors qu’une partie de l’énergie européenne provient encore de la Russie. “Depuis le début de la guerre en Ukraine, nous avons importé des énergies russes pour un montant plus important que l’aide versée à l’Ukraine.” déplore Dan Jørgensen. Ce montant s’élevait à 23 milliards d’euros pour l’année 2024. Malgré la baisse des importations depuis le début de la guerre il y a trois ans, encore 3% du pétrole et 18% du gaz européen proviennent de Russie, contre 45% pour le gaz avant 2022.
Des inquiétudes émergent quant à un éventuel effet boule de neige. Pour l’extrême gauche et les écologistes, modifier la directive “Habitats” pour changer le statut de protection du loup pourrait remettre en cause la protection des autres espèces. “On ouvre la boîte de Pandore aux déclassements d’autres espèces, comme le lynx ou encore l’ours”, affirme Emma Fourreau, députée The Left (extrême gauche). Elle indique, comme le groupe des Verts (écologistes), penser à d’éventuelles voies de recours juridiques.
À gauche de l'hémicycle, les Verts et l’extrême-gauche ont exprimé unanimement leur désaccord en votant contre le texte. “Comment peut-on signer dans les COP biodiversité des lois de restauration de la nature et soutenir le déclassement du loup ? Il y a pour moi une incohérence des lois européennes”, explique Tilly Metz, députée écologiste.
Les Verts et The Left, unis contre le texte
En obtenant une majorité en faveur du déclassement du statut du loup au Parlement européen, les conservateurs poursuivent une stratégie politique en portant la voix des éleveurs, pour qui le loup représente une menace. “Plus de 160 000 animaux sont attaqués par des loups chaque année, c’est un vote de bon sens pour l’avenir des espaces ruraux en Europe”, explique la députée espagnole du PPE Esther Herranz García. Cette victoire permet au PPE d’afficher sa position sur les sujets agricoles, dans une dynamique de remise en cause des avancées écologiques. Dans un hémicycle plus à droite que la précédente législature, l’écologie est la cible du PPE et des partis d’extrême droite. Une ambition affirmée récemment avec le détricotage du Pacte Vert européen, qui planifie la transition écologique de l’UE. La victoire politique du PPE est d’autant plus importante que le parti a réussi à convaincre, à la suite de négociations, une partie du groupe Socialistes et Démocrates (S&D, gauche) de voter en faveur du texte.
Derrière ce scrutin, c’est une victoire politique pour les conservateurs du Parti populaire européen (PPE, droite) qui s’est jouée ce jeudi à Strasbourg. Le groupe parlementaire défend depuis plusieurs années le déclassement du statut de protection du loup. En 2023, les choses se sont accélérées lorsque la présidente de la Commission européenne et membre du PPE Ursula Von Der Leyen s’est emparée du sujet. C’est sous son impulsion que la Commission a initié la proposition de révision de la protection du loup au sein de la Convention de Berne. Une initiative fructueuse qui s’est soldée en décembre 2024 par une modification de ce traité international.
Une victoire politique du PPE