Présidente de l’association des habitants du quartier de Koenigshoffen, Brigitte Breuil est une figure incontournable pour les résidents.
Son histoire avec le Hohberg commence en 1996, presque par hasard. Au cours d’une remise de prix, organisée par la ville de Strasbourg, pour la décoration fleurie de sa maison, Lilianne Oehler, la responsable de l’époque, la convainc d’intégrer l’association des habitants du quartier. De fil en aiguille, elle devient présidente en 2004.
Toutes les semaines, Brigitte Breuil arpente les rues du Hohberg, scrute les immeubles et visite les appartements, en quête de solutions pour les locataires: "On essaie de régler les problèmes, mais ce n’est pas toujours facile."
En quatorze ans, elle est devenue une interlocutrice privilégiée pour les familles, tantôt conseillère, tantôt médiatrice ou policière de quartier. "Avant je jonglais avec deux téléphones, dit-elle. Maintenant, les habitants possèdent mon numéro de téléphone personnel." S’il lui arrive de râler quand le portable sonne à des heures tardives ou le week-end, elle se réjouit des remerciements et des fêtes de voisins réussies.
La sexagénaire en agace certains par sa détermination. Son engagement associatif peut s’apparenter à une forme d’intrusion dans la vie privée.
Au final, même si la présidente ne vit pas au Hohberg, un lien d’amitié et de confiance s’est créé avec la centaine de familles de la cité. "A chaque fois que je viens ici, mon mari me dit : ‘‘Qu’est-ce que tu vas encore faire au Hohberg ?” Mais c’est un quartier où il fait bon vivre, malgré toutes les choses négatives que l’on peut dire."
Clément Gauvin
Pauline Dumortier, Héloïse Lévêque et Marie Pannetrat
Un secteur devenu "difficile"
Ouverts tous les jours, jusqu’à minuit pour la plupart, les tenanciers de kebabs travaillent seuls ou en effectifs restreints. Pas plus de quatre employés, pour limiter leurs charges et maintenir leur activité. "À partir de 15 h, je suis seul pour réaliser le service en salle et la préparation des commandes. Je ne peux pas me permettre de payer une serveuse en période d’heures creuses", déclare Laurent Ulgur, qui ajoute aussi que sa femme l’aide à la gestion de son établissement. Christophe Kaya qui a ouvert son affaire, Au Soleil d’Istanbul, il y a huit ans, rembourse toujours le crédit de son fonds de commerce : 1300 euros par mois. "Le kebab n’est plus un business qui tourne aujourd’hui, le pouvoir d’achat a diminué et, pour huit euros, une famille préférera acheter des pizzas surgelées chez Auchan", affirme-t-il.
Malgré 1,3 million d'euros investis, les travaux de réhabilitation menés de juin 2017 à mars 2018 dans les logements sociaux du secteur Herrade peinent à convaincre les locataires. Issus d’un dialogue entre le bailleur social, la mairie et les habitants, ils devaient pourtant métamorphoser le quartier prioritaire.
Son visage se tourne à nouveau vers l’écran. Les jockeys et leurs chevaux s’engouffrent dans les portes de la ligne de départ. Cheikh Diallo confie, malicieusement : "Il faut regarder si un des chevaux chie avant le départ. Après, il est plus léger. Un ancien m’avait donné ce conseil."
Les cavaliers s’élancent enfin. Les turfistes — parieurs— s’agitent et scandent le numéro de leurs ascots dans la cacophonie. Le numéro 7 sort vainqueur suivit du 12 et du 9. Jurons en tout genre et exclamations de joie fusent.
Cheikh Diallo est plus mitigé. Il n’a pas gagné le gros lot mais a limité les pertes "là j’ai seulement récupéré une partie des 30 euros que j’avais misé car j’avais quand même le 12 et le 9 dans mon "Quinté". J’aurais pu gagner 600 euros si j’avais eu les 5. Mais je vais rester et ce que j’ai perdu je vais le récupérer dans la soirée". Confiant, il peut compter sur son expérience.
Expérience, connaissance et beaucoup de chance
Habitant à Kœnigshoffen depuis six ans, il a commencé les paris hippiques depuis une dizaine d’années. Il expose alors les connaissances requises pour se lancer dans les paris hippiques : "Il y a différents types de courses. A plat, Attelée et les haies. Et plusieurs types de terrains : le gazon, le synthétique et le sable. Par exemple sur le sable, le poids est très important car la surface est lourde et donc très fatigante. Il faut donc des chevaux légers." Avant d’ajouter, "il faut regarder aussi si les chevaux sont ferrés ou non. Sans les fers, ils sont moins lourds". Tout est une question de poids ? Non, selon lui, savoir-parier est un savant mélange de différents ingrédients : expérience, connaissance et beaucoup de chance.
Compte aussi les petites astuces personnelles. Espiègle, Cheikh Diallo confie : "Les femelles sont les plus rapides car derrière il peut y avoir des mâles qui les chassent."
A chaque race et sexe de chevaux sa particularité. Les persans arabes sont des sprinteurs, performants sur des courtes distances ; les mâles sont eux plus endurants.
Pressé de rejoindre ses camarades, Cheikh Diallo conclut : "En tout j'ai plus perdu que gagné. J'ai déjà eu les cinq premiers numéros plusieurs fois mais jamais dans l'ordre. Réussir à les avoir dans l'ordre, ça représente au minimum 2 000 euros. Mais parier c'est un loisir, une manière de passer le temps. Quand on gagne de l'argent on est content, très content."
Le Rituel est bien rodé. Avant chaque course, Cheikh Diallo, la quarantaine, les yeux rivés sur le journal Paris-Turf, prend soin de s’informer pendant de longues minutes.
Forme des concurrents, qualité de l’entraîneur, baromètre des cotes ou encore palmarès des jockeys, rien n’échappe à ce parieur aguerri.
Autour de lui, la salle du Café Koenig’s, 124 Route des Romains, est presque comble en ce vendredi 9 novembre.
Située après la ligne de chemin de fer depuis le centre de Strasbourg, la brasserie fait le bonheur des parieurs mais aussi des amateurs de cartes ou de football.
La trentaine de clients présents, majoritairement des hommes d’âge mûr, sont de plus en plus bruyants. Les derniers parieurs valident leurs tickets du "Quinté" du jour à la machine, juste avant le début de la course : l’enjeu est de trouver les cinq chevaux qui franchiront la ligne d’arrivée en premier. Quelques minutes plus tard, les montures s’élancent sur la piste de l’hippodrome de Vincennes.
Assis auprès de ses camarades de jeu, face à la télévision, Cheikh Diallo, pantalon beige, pull gris et lunettes vertes vissées sur le nez, attend le début de la course. Tout en entourant le nom de ses favoris au marqueur noir, il explique : "Aujourd’hui la course est en nocturne, à 20h15. Je suis venu pour valider mes tickets, pour voir le "Quinté" et passer du temps avec des amis." Avant de poursuivre : "J’étais là aussi à 13 heures. Je viens tous les jours presque. Le matin tôt et les soirs, ou après le travail."
Une vie marquée par le sport
Originaire de Dakar au Sénégal, Cheikh Diallo, travaille en France depuis 22 ans comme employé polyvalent dans le bâtiment, "c’est le sport qui m’a amené en France. J’ai joué pendant 12 ans au handball en contrat semi-professionnel. Maintenant je travaille juste au chantier à cause d’une blessure que j’ai eue ".
Le handball est une véritable passion dans la famille, "avec mes frères, on étaient sept internationaux pour l’équipe du Sénégal". Lui même à fréquenté des clubs hexagonaux comme le SMEC à Metz, dissout en 2009, ou encore l’AS Haguenau.