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Ils sont avocats, retraités ou héritiers et vivent à la Robertsau. Les propriétaires évoquent leur attachement au quartier vert.

Depuis 1976, le 81, rue Boecklin abritait la bijouterie de Claude Kamper. Le commerçant, parti à la retraite, a cédé le fonds à l’audioprothésiste Lucien Guedj début 2021. “Il y a trois ans, je voulais déjà ouvrir ici. Il y avait juste Maurice Frères Audition à ce moment-là”, précise le praticien de 29 ans, déjà implanté rue du Faubourg-de-Pierre. Dès 2018, il contacte Claude Kamper, alors vice-président de l’association des commerçants du quartier, pour connaître les locaux disponibles. Le bijoutier lui suggère le 109, route de La Wantzenau, actuel magasin de Sonance Audition. L’audioprothésiste visite les lieux mais ne donne pas suite. “Je voulais m’installer rue Boecklin car c’est l’emplacement central de la Robertsau. On reste un commerce, on a besoin d’avoir une vitrine. C’est la proximité, les gens nous disent qu’ils vont acheter leurs bouquets de fleurs, leur bouteille de vin après être passés chez nous”, explique le néo-Robertsauvien. 

Une présence quotidienne

Avant d’entamer sa carrière d’audioprothésiste indépendant en 2018, Lucien Guedj a travaillé pendant deux ans dans un centre de correction auditive à Vendenheim. “Je recevais beaucoup de patients avec des ordonnances rédigées par des ORL de la Robertsau”, se souvient-il. Aujourd’hui, “90% de ceux qui franchissent la porte du magasin viennent du quartier. La plupart allaient auparavant dans le centre-ville et à l'Esplanade pour s’équiper et entretenir le matériel. On répond à un réel besoin de la population”. 

Des gardiens du patrimoine local

En proposant une cuisine gourmande et locale, au milieu de photos d’époque et d’objets rares, les restaurateurs participent à la sauvegarde du patrimoine. À la Vignette, on peut admirer une photo de collection du château de Pourtalès. Malgré les sollicitations des propriétaires de ce lieu, l’établissement refuse encore de vendre cette pièce datant de 1912. Ici, on rend aussi hommage au passé maraîcher en se fournissant, en bonne partie, directement à la Robertsau. En faisant appel à Andrès et au Jardin de Marthe, les deux derniers producteurs du quartier, l’objectif est de proposer “une cuisine fraîche toute la semaine”. Même état d’esprit à la Cocotte, avec une cuisine généreuse et mijotée maison, qui met légumes et “produits du coin” au centre de l’assiette.

Fin 2022, la Vignette va engager 300 000 euros de travaux pour moderniser sa cour intérieure. Florian Chatelard voit l’avenir en grand: “On essaye de créer un chemin pour notre projet.”

Alexia Avril et Martin Hortin

 

[ Plein écran ]

Le barrage à aiguilles régule l’eau passant par les écluses sud, 51 et de la Petite-France. ©Amjad Allouchi

Mélanie Douadic reprend le Saint Fiacre en 2018. Pour cette “fille de la Robertsau”, pas question de modifier l’appellation de ce “petit restaurant de quartier”, qu’elle connaît “depuis toute petite”: “Le Saint Fiacre, les gens le fréquentent depuis 40 ans, si j’avais changé le nom de leur restaurant, ça aurait été la crise internationale!”

“Je voulais m’installer rue Boecklin”

Paroles de proprios

19 novembre 2021

Paroles de proprios

Ils sont avocats, retraités ou héritiers et vivent à la Robertsau. Les propriétaires évoquent leur attachement au quartier vert.

Une infrastructure à taille humaine

Le barrage, long de 50 mètres, est composé de 750 piquets en pin des Vosges taillés dans un atelier tout près de la berge. Il laisse passer plus ou moins d’eau en fonction du nombre d’aiguilles en place. L’installation et le retrait des pièces de bois sont un travail très physique et entièrement manuel qui requiert le concours de deux à six personnes, jusqu’à dix en cas de crue. Dans ce cas, il devient nécessaire de démonter tous les éléments du barrage pour l’abaisser sous la rivière. Un exercice intense qui peut demander six heures d’efforts à une équipe complète.

“Quand je ne suis pas au restaurant, j’essaye d’aller à la rencontre des clients du quartier, d’échanger avec eux”, indique Florian Chatelard. Débarqué de Biarritz en 2020, il veut s’imprégner des usages des habitants, afin de répondre au mieux à leurs attentes.

À la Robertsau, les habitudes ont la vie dure. Tous les mardis, trois vieux amis sortent de la Cocotte après avoir dégusté le plat du jour. Pour 10 euros, ils ont eu droit ce midi à un mijoté de joue de bœuf avec des tagliatelles. “C’est un peu notre Stammtisch à nous”, expliquent-ils, en référence à la table des habitués autour de laquelle on se retrouve dans les bistrots alsaciens.

Ce jour-là, les employés sont enjoués et assurent le service dans une salle pleine, se permettant même de glisser quelques blagues. Afin de fidéliser sa clientèle de locaux, Philippe Ball, le co-gérant, mise sur une ambiance toujours “chaleureuse”. Au milieu d’un agréable brouhaha, les conversations s’entremêlent et des éclats de rires s’échappent de tablées réunies autour d’un bon repas.

 

D'un château à un arrêt de tram, Mélanie et la famille Pourtalès ne cessent de marquer l'histoire. ©Delphine Schiltz et Corentin Chabot

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