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À quelques dizaines de mètres de là, 12 rue d’Obernai, c’est le promoteur Kaufman & Braud* qui prépare Nouvel Art, un projet immobilier de grande ampleur. Sur le site des ateliers des Compagnons du Devoir, qui sera démoli, le promoteur prévoit la construction de 125 logements. Les prix de vente grimpent de 5 620 €/m², pour un trois-pièces, à 8 600 €/m² pour l’unique cinq-pièces du bâtiment.

Plusieurs facteurs d'augmentation

Une fois encore, des prix nettement supérieurs à ceux du marché. Chargée de communication pour les Compagnons du Devoir, Julie Spenlihauer confie que le formateur a vendu ses ateliers car ils étaient “vieux, vétustes et représentaient une mauvaise vitrine”. En juillet 2023, les Compagnons du Devoir déménageront le bâtiment vers un nouveau centre de formation en construction à Koenigshoffen.

La ligne G en bref

  • Ligne G actuelle : Espace européen de l’entreprise > Gare centrale

  • Prolongement : Gare centrale > Rotterdam (liaison en 20 minutes)

  • 12 nouvelles stations

  • 5,4 km de tracé ajouté

  • Circulation de 4h30 à 0h30, fréquence de 7 minutes aux heures de pointe 

  • 30 000 voyageurs par jour

  • Budget compris entre 11 et 12 millions d’euros

  • Mise en service prévue avant le marché de Noël 2023

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Justin Dodson et Whitney Vallenari dans la salle de classe à l'arrière du café. © Alice Caillau

Démolir pour mieux construire

Les promoteurs qui cherchent à capter cette demande sont obligés de s’éloigner du centre ou de démolir l’existant. C’est précisément ce qu’il devrait se passer, 2 rue de Koenigshoffen. Sur un terrain occupé par d'anciens locaux commerciaux, l’agence immobilière strasbourgeoise Scharf Immobilier* veut démolir le bâtiment et construire du neuf. Nom de code du projet : In Situ. Au total, 35 logements, des bureaux d’entreprises et un local commercial devraient être aménagés. Or, les services d’urbanisme de la Ville n’ont toujours pas donné leur feu vert pour le début des travaux. S’ils devaient bien avoir lieu, Scharf Immobilier prévoit de vendre à des prix allant de 4 500 à 7 000 €/m² selon le type de bien. Des tarifs au-dessus de la moyenne du quartier. Selon l’agent, le projet de Scharf correspond à ce qu’attendent les investisseurs :  “Ils achètent ici pour louer. Sur ce genre de projet, on cherche la rentabilité.” 

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Pour Arno Luzamba, la Semencerie est un foyer © Julie Lescarmontier

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Les parkings du quartier sont concentrés autour de la gare, facilitant l'accès aux quais. © Guillaume Colleoni

On est une asso ouvrière qui fait de la formation où, en plus du savoir-faire, on a tout ce côté savoir-être, explique Florian Guehl, prévôt - équivalent d'un CPE - à seulement 23 ans. 

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Des policiers interviennent à l'entrée du Faubourg-National le 17 novembre 2022. © Robin Schmidt

A terme, seules 56 places de stationnement seront conservées sur les 145 existantes. “Aujourd’hui, on ne peut plus concevoir que chacun puisse avoir le parking à 20 mètres de chez lui”, déclare Alain Jund, conseiller municipal en charge des mobilités et des transports. “L’objectif est de garder uniquement le stationnement utile, comme des places réservées aux personnes à mobilité réduite, des places de livraison, ou du dépose-minute, et d’éloigner le reste 200 ou 300 mètres plus loin”, clarifie Philippe Pagenot, adjoint au chef du service Aménagements tramway à l’Eurométropole.

Malgré les complications engendrées par l’imposant chantier, certains habitants restent optimistes. “Si on ne pense qu’à sa petite personne, oui, les travaux sont gênants, reconnaît Nirvan, résidant rue de Saales. Mais le résultat sera positif !”

Patrick est du même avis : “Le quartier Gare a plutôt mauvaise presse habituellement. Je trouve ça bien qu’il y ait des travaux, pour montrer que c’est aussi un endroit qui bouge.”

Lisa Delagneau et Coline Playoust

Les barrières en rondin de bois qui entourent l’aire de jeux sont également jugées trop basses, alors que le boulevard de Nancy passe juste à côté. “Elles arrivent à hauteur de genoux, n’importe quel gosse peut les franchir”, explique la mère de famille, qui garde les yeux rivés sur son enfant. Face à ces critiques, Marie-Dominique Dreyssé, l’élue référente du quartier Gare, a une réponse qui peut étonner : “On ne va quand même pas retirer la route !” Elle ajoute : “Sainte-Aurélie, on le sait, c’est compliqué au niveau du partage de l’espace entre les adultes qui picolent et côtoient les enfants en sortie d’école. Mais on travaille dessus.” L’adjointe évoque un atelier de réflexion avec les parents d’élèves pour améliorer l’utilisation de la place, tout en restant vague sur sa mise en œuvre concrète.

Des aménagements pas toujours appréciés

En juillet 2022, une table de ping-pong et un terrain de pétanque ont été aménagés sur le parvis de la gare. Le projet a bénéficié d’un budget participatif de 25 000 € voté en 2018. Selon Myriam Niss, présidente de l’Association des habitants du quartier de la gare (AHQG), ces équipements sont mal placés : “Ce qui brouille beaucoup le message, c’est qu’à la gare on trouve principalement des gens de passage. Et les gens de passage, c’est pas non plus les gens du quartier.” Elle n’a d’ailleurs vu qu’une seule fois des personnes utiliser le terrain de pétanque pour jouer… au mölkky. 

La table de ping-pong, quant à elle, n’entend pas souvent les rebonds de la balle : “On se demande à quoi sert cette table, juste ici. À faire les mélanges de substances !, s’indigne Myriam Niss. Sans caricaturer, c’est un peu ça. Comme dans le reste du quartier au final.” 

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