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Après avoir été hébergé six jours au quartier Gare, le jeune homme a été contraint de retourner à la rue avant de refaire une demande, restée sans réponse. Pour les profils comme Alain et Hamza, le Point accueil solidarité propose un abri de jour. Cette structure unique en France, initiative de la SNCF, accompagne depuis 1998 les précaires dans leurs démarches administratives.

La responsable, Michèle Boehm, se sent impuissante face à la prise en charge de ces personnes : “Là, on en est à se demander si on héberge celui qui n’a qu’un bras, celui qui est en fauteuil, ou celui qui est en chimio… Qui on prend ? C’est horrible.” Mehdi Bouzouad, président de l'association Ô cœur de la rue 67, multiplie de son côté les appels aux hôteliers du secteur. Il essaie de trouver des places, souvent en vain, aux sans-abris qu’il rencontre lors des maraudes.

La table est dressée, bancs et chaises sont installés de part et dautre. Verres à pied et couverts sont disposés sur la nappe bleue. À côté, une seconde table avec une quinzaine de gobelets, des bouteilles de limonade et des thermos de café ou de thé. Entre les rires et les éclats de voix, les verres se remplissent et se vident. Les huit convives font une razzia de muffins au chocolat. La scène a tout lair dun repas de famille. Sauf quelle se tient en extérieur sur la place Karl-Ferdinand-Braun, dans le quartier Gare à Strasbourg, au beau milieu des passants et des gens qui garent leur vélo.

"Nous essayons de faciliter le travail des associations"

“La mairie n’a aucune obligation légale à agir concernant les hébergements d’urgence, par contre, on le fait de manière volontaire.” Interrogée sur la situation actuelle des sans-abris, Floriane Varieras confirme l’engagement de la Ville en matière de coordination avec les associations. “Nous essayons de leur faciliter le travail, de faire en sorte que ce soit plus fluide”, confie l’adjointe à la mairie de Strasbourg, chargée des Solidarités.

Face à l’explosion des distributions alimentaires, Floriane Varieras partage l’inquiétude des associations : “La situation est tellement critique que personne ne sait vraiment comment faire. Vu l’augmentation du nombre de repas délivrés, c’est vertigineux.”

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Julie Arbouin et Yann Rudeau

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La boucherie de New Taybat a ouvert les portes de son établissement il y a 27 ans. © Carla Génévrier

Répartition du nombre de places d'hébergement d'urgence au quartier Gare (cliquer sur les icônes orange pour plus d'informations). © Rémi Casalis

Une rigueur militaire qui divise

La journée, on est en entreprise, le soir, on rentre, on mange tous ensemble et on retourne en cours de 20 h à 22 h, déplore Matéo. Les samedis sont également bien occupés jusqu’à 17 h, comme le revendique Florian Guehl : Ça parait lunaire de la part du monde extérieur mais on travaille de nous-mêmes.” Si le prévôt affirme que la vie se fait aussi en dehors de la maison, l’emploi du temps laisse peu de place au divertissement. Lucas*, apprenti menuisier, décrit : Les portes ferment à 22h30, même pour les majeurs. J’ai failli dormir dehors.

Les étudiants qui ne respectent pas les règles de l’établissement s’exposent à des sanctions, certifie Lucas : Une minute de retard en cours, dix pompes, c’est une tradition. Si on dit un gros mot dans la salle à manger, on doit mettre des sous dans une cagnotte.” Mathias*, en formation charpenterie, continue : Il y a eu pas mal de personnes virées pour pas grand-chose.

L'aménagement du boulevard de Lyon modifie la disposition des voies. Déplacer le curseur blanc de gauche à droite pour observer l'évolution. © Welcome Byzance pour l'Eurométropole de Strasbourg & Coline Playoust

Eva Pontecaille et Thomas Bonnet

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