Lundi, les forces spéciales sont intervenues pour disperser les opposants devant le siège du parti d'opposition Volonté populaire à Caracas. (Photo : AFP)
L'opposition appelle de nouveau à descendre dans les rues de la capitale du Venezuela, ce mardi. Le président chaviste Nicolas Maduro y voit un complot soutenu par les Etats-Unis pour renverser son gouvernement. Les manifestants, eux, dénoncent la censure des médias nationaux dans la couverture du conflit.
Le leader d'opposition vénézuélien Leopoldo López appelle à une nouvelle mobilisation ce mardi, dans les rues de la capitale Caracas, pour réclamer la libération des manifestants arrêtés et le désarmement des groupes paramilitaires. Ces derniers sont accusés d'avoir causé la mort de trois protestataires lors d'affrontements entre opposants et partisans du régime, mercredi 12 février.
Leopoldo López, chef du parti Volonté populaire, sous mandat d'arrêt depuis les violences de mercredi dernier, a annoncé qu'il se rendrait à la police à l'issue de la marche d'aujourd'hui, qu'il souhaite "pacifique". Henrique Capriles, candidat de la coalition d'opposition lors de la présidentielle d'avril 2013, se joindra à la manifestation.
C'est un symbole fort pour l'opposition, dont les opinions divergent vis-à-vis du mouvement étudiant. Alors que Leopoldo López appelle à renverser le gouvernement par la rue, Henrique Capriles estime que la violence des manifestants fait le jeu du régime. Depuis deux semaines, les étudiants protestent contre l'insécurité, l'inflation et les pénuries dont souffre le pays.
Le président chaviste Nicolás Maduro accuse l'opposition de "tentative de coup d'Etat" soutenue par les Etats-Unis. Lundi, le ministre des Affaires étrangères Elías Jaua a ordonné l'expulsion de trois diplomates américains, accusés de comploter avec les étudiants pour renverser le gouvernement. Le secrétariat d'Etat américain a aussitôt démenti des accusations "sans fondements et fausses".
Alerte au coup d'Etat sur VTV
Les médias vénézueliens, la chaîne chaviste TeleSur en tête, relaient cette théorie du complot. Hier, sur la chaîne de télévision publique VTV, le journaliste Miguel Ángel Pérez Pirela révélait l'enregistrement d'une conversation téléphonique qu'auraient eue deux membres de l'opposition dont on ignore l'identité.
Le journaliste proche du pouvoir explique que l'extrême-droite aurait "levé en un éclair 120 milliards de bolivares (13 milliards d'euros) destinés à payer des mercenaires, à 3000 bolivares (350 euros) la journée" pour semer le chaos dans la capitale. A l'en croire, l'extrême-droite aurait donc de quoi payer 100 000 mercenaires pendant plus d'un an ! Selon lui, un coup d'Etat pourrait avoir lieu dès ce mardi, pendant la manifestation.
Halte à la censure
Face à la couverture médiatique du conflit, clairement favorable au gouvernement, les étudiants crient à la censure. Hier après-midi, ils manifestaient devant le Conseil national des télécommunications à Caracas.
Pendant ce temps, une quinzaine d'homme armés ont pris d'assaut le siège du parti Volonté populaire. L'opposition accuse les services de renseignement militaire, enregistrement des caméras de surveillance à l'appui. Cette information n'a pas été relayée par les médias officiels.
Marion Bastit