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06/03/13
12:46

Hugo Chávez : des plaines du Sud au palais présidentiel

« El Comandante » est mort. Hugo Chávez s'est éteint à l'âge de 58 ans, des suites d'un cancer. Pendant 14 ans, il a régné en maître sur le Venezuela. Un leader fantasque et provocateur, qui est parti de rien.

Hugo Chávez en déplacement au Brésil. / DR

« Sais-tu une chose ? Un jour, je serai président. » Nous sommes en 1983. Hugo Chavez a alors 29 ans. Il se confie à son ami d'enfance, Federico Ruiz. Prendre la tête du pays, il y pense. Pourtant rien ne prédestinait ce divorcé, père de quatre enfants, à gouverner le cinquième pays exportateur de pétrole.

Chávez est né en 1954, dans l'Etat de Barinas, dans les grandes plaines du sud du Venezuela. Une famille pauvre, un père enseignant. Il est le cadet d'une fratrie de six garçons. Tous les jours, il vend des sucreries dans la rue. Il rêve d'être joueur de baseball. C'est d'ailleurs pour cela qu'il s'engage dans l'armée au début des années 1970. Il restera toujours fidèle à l'uniforme. Il se rapproche de groupes clandestins de l'armée qui projettent de renverser le pouvoir. Hugo Chávez se prépare à agir. En 1977, il écrit dans son journal intime : « Je dois me préparer pour agir...Mon peuple est passif...Les conditions ne sont pas réunies. Pourquoi ne pas les créer... »

La voie est toute tracée. Il crée le Movimiento bolivariano revolucionario 200, le jour du 200ème anniversaire de son héros, Simon Bolivar, père de l'indépendance. 4 février 1992, c'est le passage à l'acte : un coup d'Etat contre le pouvoir en place. Partout dans le pays, plusieurs casernes se soulèvent. Mais à Caracas, la tentative de capture du président Carlos Andres Perez est un échec. Chávez se rend et appelle ses compagnons à déposer les armes « pour le moment ». Il passera deux ans derrière les barreaux mais se taillera une solide réputation.

Il n'hésite pas à se mettre en scène

C'est au volant de sa camionnette, à sa sortie de prison, qu'il part à la conquête du peuple vénézuélien. Il sillonne le pays avant de poser ses valises à Caracas. Dans son esprit, une idée a pris racine : son destin passera par les urnes. En 1998, pendant la campagne présidentielle, il promet une nouvelle constitution, la fin de la corruption et la hausse des salaires. Chávez se veut anti-politique. Pari gagné : il est élu le 2 février 1999 avec 56 % des voix. Le Venezuela tient son 52e président. Le chavisme est né.

Car Chavez, c'est avant tout un style. Imposé à grands coups de discours fleuves et d'idéalisme révolutionnaire. Il se veut provocateur, combatif -il attaque régulièrement les Etats-Unis, l'ennemi de toujours- et n'hésite pas à se mettre en scène. Tous les dimanches, il apparaît dans l'émission « Alo presidente ». Plusieurs heures de show. Hugo Chávez avait habitué les Vénézuéliens à sa personnalité fantasque : il pouvait aussi bien licencier quelqu'un ou annoncer une nationalisation en direct. Ou même réciter des poèmes et pousser la chansonnette.

Crédit AFP et Vidéo.

Protecteur des pauvres ou dictateur ?

Pendant ses deux premières années de mandat, le président vit une véritable idylle avec son peuple : en 2000, il est réélu avec plus de 60 % des voix. Mais l'homme ne fait pas l'unanimité. Pour les uns, c'est un protecteur des pauvres, pour d'autres un dictateur. Les critiques du patronat et du clergé catholique se font de plus en plus pressantes. En 2002, le pays est paralysé par une grève générale illimitée. Hugo Chávez est évincé du pouvoir par un coup d'Etat militaire. Il n'a pas dit son dernier mot : moins de 48 heures plus tard, soutenu par les manifestants et une partie de l'armée, il regagne son palais présidentiel de Miraflores. Un triomphe. Quatre ans plus tard, il est réélu. Rebelote en octobre dernier avec 55 % des voix.

Depuis juin 2011, il luttait contre un cancer déclaré dans la zone pelvienne. Des allers-retours à La Havane pour être soigné. Après deux mois d'hospitalisation, il rentre à Caracas le 18 février. Personne ne l'a vu ou entendu en public depuis cette date.

Crédit AFP Vidéo.

Proche des dirigeants socialistes d'Amérique Latine, il entretenait une relation étroite avec les frères Castro. Chávez reposera auprès de son héros, au mausolée Simon Bolivar. Il avait appelé à voter pour son vice président Nicolas Maduro. Pour que le chavisme lui survive. Il avait l'habitude de déclamer aux foules : « Chávez ce n'est pas moi. Chávez c'est vous. Chávez c'est un peuple, un concept. »

Lucie Marnas

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