Trois enquêtes sont en cours après la mort d'un enfant dans le ventre de sa mère, vendredi dernier. Négligence de la maternité ou problème médical ? Les professionnels avancent plusieurs hypothèses pour expliquer les causes de ce drame.
La maternité Cochin-Port-Royal a enregistré 5000 naissances en 2012. Photo : François Guillot / AFP
« Ce n'est pas une défaillance humaine, c'est un problème structurel », avance Jean Marty, président du syndicat national des gynécologues obstétriciens. Après la mort d'un bébé in utero, vendredi 1er février, à la maternité de Cochin- Port-Royal à Paris, les professionnels tentent d'expliquer les raisons de ce drame.
Jean Marty pointe du doigt la classification des maternités en trois types, allant de la prise en charge des grossesses normales aux unités équipées de services de réanimation néonatale, pour les grossesses à risques. « Les gens ont pensé qu'ils étaient plus en sécurité dans les maternités de type III -dont fait partie celle de Cochin- Port-Royal ndlr- et donc on a eu un engorgement de ces établissements », explique-t-il.
Le Collège national des sages-femmes (CNSF) dénonce également ce système. « Si tous les moyens techniques n’étaient pas monopolisés pour toutes les femmes enceintes, les grossesses qui le nécessitent réellement pourraient en bénéficier en temps et heure ! », a déclaré le CNSF.
Une « situation exceptionnelle »
Trois enquêtes sont en cours après ce drame : une enquête judiciaire, après une plainte du couple contre X pour « homicide involontaire par négligence », une enquête médicale et administrative réclamée par la ministre de la Santé Marisol Touraine, ainsi qu'une enquête interne à l'hôpital.
Dominique Cabrol, directeur de la maternité, reconnaît que l'établissement était en « saturation totale » jeudi 31 janvier. De son côté, le directeur du groupe hospitalier Cochin-Port-Royal, Patrick Houssel, préfère rester prudent : « il peut y avoir des causes médicales », a-t-il déclaré. « C'est une situation exceptionnelle. »
Ce lundi matin 4 février, sur France Info, le président de l'association des médecins urgentistes de France, Patrick Pelloux, a estimé l'enquête administrative et médicale « insuffisante ». Il réclame une commission d'enquête parlementaire pour « savoir si nous avons une bonne adéquation, au niveau du service public, entre les moyens qu'on nous donne et nos missions ».
Julie Lardon