Kigali accueillera l’édition 2025 des Championnats du monde sur route du 21 au 28 septembre. C’est la première fois depuis la création de la compétition en 1927 que celle-ci se déroule en Afrique.
Les organisateurs rwandais se targuent d’avoir préparé les épreuves les plus exigeantes de l’histoire des Mondiaux de cyclisme sur route. © Tuyishimire Emmanuel
Le Rwanda sera le terrain des 98e Mondiaux de cyclisme sur route, devenant ainsi la première nation africaine à les accueillir. Dès ce dimanche 21 septembre, 5 000 cyclistes s’affronteront à travers 13 catégories dont, pour la première fois, des courses distinctes pour les femmes de moins de 23 ans.
Au « pays aux mille collines », les organisateurs se targuent d’avoir créé les parcours « les plus exigeants jamais organisés ». La vallée du Grand Rift « repoussera les limites des meilleurs coureurs eux-mêmes », ont-ils déclaré dans un communiqué. Pour preuve, un dénivelé record de plus de 5 400 mètres sur l’épreuve de la course en ligne des Hommes élite.
Peu de suspense chez les hommes…
Le slovène Tadej Pogacar, champion du monde en titre et quadruple-vainqueur du Tour de France, part grand favori. Challenge personnel pour ces Mondiaux, il vise le doublé, en course contre la montre et en course en ligne. Juan Ayuso (Espagne), Oscar Onley (Grande-Bretagne) et Ben Healy (Irlande) sont parmi les seuls à pouvoir prétendre lui voler la victoire.
Première fois sur le continent oblige, les coureurs africains seront davantage représentés, avec Henok Mulubrhan en challenger potentiel. L’Erythréen de 25 ans, perpétuellement dans l’ombre de son compatriote Biniam Girmay, navigue en terrain connu. En début d’année, il s’est classé deuxième au Tour du Rwanda. En 2024, il remporte aussi les championnats d’Afrique au Kenya, dont les paysages de la vallée du Grand Rift sont similaires à ceux de Kigali. De son côté, Biniam Girmay est bien moins optimiste. Plus habitué aux courses en Europe, le numéro un africain a longuement hésité avant d’annoncer sa participation. Face à la difficulté du parcours, « peu de coureurs africains seront capables de terminer cette course », a déploré le sprinteur. « C’est le côté pas réjouissant de l’épreuve. »
La sélection tricolore bat, pour sa part, déjà un record. A l’aube de ses 19 ans (il est du 24 septembre), Paul Seixas devient le plus jeune coureur d’une grande nation à disputer un championnat du monde en élite. Il côtoiera notamment Julian Alaphilippe, 33 ans, champion du monde 2020 et 2021.
… Et un espoir français chez les femmes
Après avoir annoncé renoncer aux Mondiaux pour préparer les championnats d’Europe, Pauline Ferrand-Prévot a finalement fait machine arrière. La quintuple championne de cross-country, et championne olympique, a réussi son pari de se consacrer à la route en 2025. Début août, elle s’est distinguée sur les épreuves de montagne au Tour de France, avant de le remporter. Onze ans après un titre de championne du monde sur route, elle rivalisera cette fois avec Lotte Kopecky. En perte de vitesse depuis le début de la saison, avec des performances plus que décevantes au Tour de France, la belge de 29 ans est loin d’être favorite à sa propre succession.
Des enjeux politiques majeurs pour le Rwanda
Depuis plusieurs années, le Rwanda utilise le sport comme outil de promotion à l’international. En Europe, le slogan « Visit Rwanda » s’affiche sur les maillots de plusieurs clubs de football depuis 2018. Arsenal, le Paris-Saint-Germain ou le Bayern Munich… chacun de ces clubs a été largement critiqué pour ce partenariat. En cause, le soutien supposé de l’armée rwandaise au groupe armé M23, qui occupe plusieurs territoires du Kivu, région de l’est de la République démocratique du Congo.
Malgré un accord de paix signé à Washington le 27 juin, les négociations entre Kinshasa et Kigali traînent. Une application concrète de l’accord devait être mise en place fin août, avec retrait du soutien rwandais au M23 et rétrocession de territoires occupés dans l’est de la RDC. Il n’y en a encore aucun signe. Quelques annonces vagues ont bien été faites, évoquant une possible rencontre au Qatar dans les prochaines semaines mais cuej.info n’a pu en trouver aucune confirmation.
Pendant ce temps, les offensives du M23 dans l’est de la RDC se poursuivent, avec leur lot de violences. Le 5 septembre, un rapport de l’ONU alertait sur de possibles crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis depuis la réapparition du groupe armé anti gouvernemental en 2021. Viols collectifs, esclavage sexuel, meurtres de civils, torture… La commission estime avoir des « motifs raisonnables » de croire que, des deux côtés, les violences envers les civils sont systématiques.
Malgré de fortes pressions diplomatiques pour faire annuler les championnats du monde de cyclisme début 2025, l’union cycliste internationale a fermement renouvelé son soutien au Rwanda.
Laura Perrusson
Edité par Zoé Fraslin