Le premier tour de l'élection législative partielle se tiendra ce dimanche 21 septembre dans la 2e circonscription parisienne. Le suspens demeure sur l’élection de l'ex Premier ministre, sur un terrain pourtant imperdable pour la droite.
Michel Barnier pourrait devenir le seul député parisien pour les LR ce dimanche, au terme d’une campagne . ©European Parliament/Pietro Naj-Oleari
Un poids lourd de la droite qui veut s’enraciner dans les beaux quartiers parisiens des Ve, VIe, et VIIe arrondissement, c’est une histoire qu’on a déjà entendue, et souvent elle finit bien. C’est sans doute ce qu’avait en tête Michel Barnier, 75 ans, quand il a pris la décision de se lancer dans cette législative partielle de la 2e circonscription de Paris. Surtout quand, en face, la gauche a placé la socialiste Frédérique Bredin, 68 ans, ancienne ministre de la Jeunesse et des Sports mitterrandienne dont le dernier mandat parlementaire s’est achevé il y a 25 ans. Pas vraiment de quoi faire trembler un ex-Premier ministre ancré depuis 15 ans dans la capitale ?
Dati en dissidence
Mais un premier grain de sable est rapidement venu se glisser dans cet engrenage bien huilé : Rachida Dati. La ministre de la Culture démissionnaire entendait bien prendre la relève de Jean Laussucq, dont elle est proche. Ce dernier avait dû quitter son mandat de député en juillet, en raison d’irrégularités dans ses comptes de campagne constatées par le Conseil constitutionnel.
L’annonce de la candidature de l’ancien négociateur du Brexit a hérissé le poil de Rachida Dati, qui s’est lancée dans un duel cannibale à rebours des consignes du parti. Un rebondissement de plus pour la maire du VIIe arrondissement, trois mois seulement après son retour chez Les Républicains, dont elle avait été exclue en octobre 2024.
Elle a reproché à l’ancien négociateur du Brexit son opportunisme, estimant qu’il se servait de cette législative pour asseoir des ambitions présidentielles. La tuile pour le candidat officiel, qui a cru voir un siège imperdable lui échapper des mains…
C’était sans compter sur un ultime retournement de situation, en août, lorsque Les Républicains ont acté l’investiture de l’ancienne garde des Sceaux pour les prochaines municipales à Paris. Match annulé par forfait, Dati se retire de la course. Ouf, c’était moins une.
Le risque de l’abstention
Après s’être extirpé de cette impasse, Michel Barnier peut repartir en quête de son siège l’esprit tranquille. Mais là encore, tout ne se passe pas exactement comme prévu. Les locaux, en théorie acquis à la cause, ont du mal à s’enticher d’un Premier ministre qui n’a pas marqué les esprits. Sa concurrente socialiste ne déchaîne pas plus les foules dans une campagne qui a du mal à décoller, laissant planer le risque d’une forte abstention ce dimanche. Et si le scrutin se joue à la voix près, cela pourrait jouer en la défaveur du Savoyard.
À sa droite, Thierry Mariani (RN) et Hilaire Bouyé (Reconquête) semblent bien partis pour le priver de quelques précieux bulletins. À cela, il faut tout de même rajouter la crainte de revoir, à gauche, un scénario à la Marine Rosset, candidate socialiste qui avait recueilli 43,5% des suffrages exprimés au premier tour en 2024, à la surprise générale. Elle avait bénéficié de l’union des gauches derrière le Nouveau front populaire. Malgré son manque d’exposition médiatique, la droite devra donc garder un œil sur Frédérique Bardin, surtout que plusieurs piliers de la gauche et du centre lui ont apporté leur soutien : Raphaël Glucksmann, (Place Publique), Yannick Jadot (Les Écologistes), et même Gilles Le Gendre député de la circonscription jusqu’en 2024 sous la bannière La République en marche.
Rien n’est joué pour ce dimanche donc, et le taux de participation sera un facteur déterminant pour cette élection qui pourrait enfin offrir un député parisien aux LR.
Gaïa Herbelin
Édité par Pierrot Destrez