Pour leur première édition, les Assises nationales de la féminisation des métiers et filières du numérique se penchent entre autres sur l’insertion des programmeuses. Un champ encore beaucoup déserté par la gente féminine.
Selon l'Insee, les femmes ne représent que 17% de l'effectif des métiers de la programmation. @ Cyprien Durand-Morel
Améliorer la part des ingénieures et des développeuses dans le monde professionnel. C’est l’objectif annoncé, ce 16 février, alors que se tiennent les Assises nationales de la féminisation des métiers et filières du numérique, à l’initiative de l’association Femmes@Numérique.
En particulier, la présence des femmes dans le monde du développement informatique reste encore un angle mort dans le traitement des inégalités de genre : le dernier recensement de l’INSEE chiffrait à 17% la part des femmes occupant un emploi dans les métiers de la programmation.
Et les évolutions récentes sont à peine plus rassurantes pour les codeuses de demain : « On voit que cette part n’augmente que très légèrement », explique Julie Garnier, présidente de l’association MakeHerSpace et spécialiste des questions de genre dans le monde de la tech. « Il faut faire la distinction entre le niveau de féminisation des métiers du numérique, qui se situe à 30%, et celui des métiers techniques, qui ne s’établit qu’à 18%. »
« Girls Can Code ! »
Des métiers techniques parmi lesquels la programmation. Un domaine de l’ingénierie informatique faisant appel à la rédaction de codes sources et à la création de logiciels. Ce domaine peine à recruter des femmes, alors même que les créations d’emploi dans le secteur n’ont jamais été aussi fortes.
Pour pallier ce manque, l’association Prologin mène depuis 2014 l’atelier « Girls Can Code ! ». Une formation initiale à la programmation destinée à des collégiennes et des lycéennes. D’une durée de deux jours, l’objectif de ces stages est simple : susciter des vocations en pratiquant au plus tôt sur les principaux langages de code.
« J’étais la seule femme dans mon service »
En 2020, Maayane Aharouni s’inscrit à l’une de ces sessions découverte, alors qu’elle est en terminale, avec deux ans d’avance. Elle y découvre le langage Python, sous les conseils d’une ingénieure dans le numérique « Je ne savais pas trop ce que je voulais faire après le bac. Et j’ai tout de suite accroché. » Dans la foulée, elle intègre Epita, une école d’ingénieurs informatique privée à Paris.
À peine revenue de son premier stage en entreprise, la jeune ingénieure s’est très vite retrouvée confrontée à la réalité : « J’étais la seule femme dans mon service. Il y avait seulement une stagiaire, qui est partie deux jours après mon arrivée. Je ne m’y attendais pas ! » En parallèle de sa formation, Maayane assure elle-même plusieurs sessions d’initiation au sein de l’association Prologin, dont elle est devenue la responsable Île-de-France.
Elle témoigne toutefois d’une évolution positive dans la répartition des ingénieurs dans l’enseignement supérieur : « Dans ma promotion actuelle, il doit y avoir 15% de femmes. Mais je me sens bien intégrée, et les proportions augmentent dans les classes les plus jeunes. »
Vers un enseignement non-genré
Pour Julie Garnier, c’est une partie du cadre institutionnel qui ne s’ouvre pas totalement à la mixité : « Il y a quelques années, j’organisais des formations nommées "Hackeuses", pour aider les femmes à accéder aux emplois numériques. Certaines apprenantes venaient contre l’avis de leur conseiller Pôle Emploi ! », constate-t-elle.
L’évolution vers une meilleure répartition devra ainsi passer par un meilleur encadrement dès l’enseignement secondaire, point d’étape important aux yeux de Valentin Seux, président de l’association Prologin : « Au moment des choix d’orientation en 4e et 3e, il n’y a pas encore eu de vrais cours de programmation », les collégiens utilisant pendant quatre ans le logiciel enfantin « Scratch ».
Désormais soutenu par le ministère chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes, l’initiative « Girls Can Code ! » a démultiplié son activité : 40 interventions sont prévues cette année en France, alors que seuls quatre stages avaient été organisés trois ans auparavant. Le relai dont bénéficie l’association auprès des académies et des enseignants devrait ainsi permettre de concerner un plus grand nombre d’intéressées.
Quentin Celet
Edité par Matei Danes