Aujourd’hui est célébrée la journée nationale de la qualité de l’air. Malgré des efforts de l’Eurométropole de Strasbourg, le travail à accomplir pour lutter contre la pollution atmosphérique reste important.
Avec l'A35, l'avenue du Rhin est l'axe le plus polluant de Strasbourg. © David Darloy
"Physiquement, je ressens la pollution. Je tousse souvent pendant mes trajets, à cause des échappements, et le soir, en rentrant, j’ai parfois du mal à avaler", témoigne Sophie, mère de famille strasbourgeoise. Chaque matin, elle enfourche son vélo durant 45 minutes pour se rendre sur son lieu de travail.
Le transport routier, principal cause de la pollution de l'air
À quelques centaines de mètres du parc de la Citadelle, où elle prend son déjeuner, le flux de circulation est incessant. Sur l’avenue du Rhin, qui traverse la capitale alsacienne d’ouest en est, voitures et poids lourds se succèdent au fil des feux de circulation. En ce mercredi 16 septembre, 6e édition de la journée nationale sur la qualité de l’air, des odeurs d’échappement se dégagent à proximité de l’axe très emprunté.
Au sein de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) c’est l’ATMO Grand Est (Fédération des associations de surveillance de la qualité de l’air) qui contrôle le niveau de pollution dans la ville. "Notre objectif, c’est que les gens respirent un air qui ne nuisent pas à leur santé et ce n’est pas le cas aujourd’hui", détaille à Cuej.info Emmanuel Rivière, directeur délégué de l’association agréée par le ministère de l’Environnement.
48 000 décès par an
En France, la pollution atmosphérique est la deuxième cause de mort prématurée avec 48 000 décès chaque année, dont 500 au sein de l’EMS. Selon les études, au-delà des décès, "la comorbidité associée à la pollution de l’air est énorme, témoigne le directeur, il y a l’apparition de maladies respiratoires, cardio-vasculaires, mais aussi de plus en plus de complications chez les personnes atteintes d’Alzheimer ou de Parkinson".
Charlie, retraité qui profite du beau temps pour faire son sport "regrette la période du confinement". Pour lui, "c’était le paradis, la qualité de l’air était excellente en centre ville". Les niveaux de pollution ont effectivement baissé avec l’arrêt de l’activité. À Strasbourg, les principaux polluants sont le dioxyde d’azote (NO2), causé à 65% par le trafic routier, les particules fines, émises à 37% par les chauffages individuels, et l’ozone (O3).
"Nous accompagnons les décisions politiques prises sur ce sujet, pour réduire leurs émissions. À priori, nous évaluons l’impact des différentes mesures avant qu’elles ne soient actées", raconte le directeur de l’ATMO. Les missions de son association sont aussi de comprendre d’où vient la pollution et de réaliser un travail de sensibilisation et de communication autour de la qualité de l’air dans le secteur.
L'Eurométropole de Strasbourg, bientôt une ZFE ?
Priorité du travail municipal, l’amélioration de la qualité de l’air fait l’objet de plusieurs projets. Parmi eux, la nouvelle équipe écologiste planche sur la création d’une ZFE (Zone à Faible Emission). Ce chantier colossal vise à limiter au maximum la pollution liée aux déplacements : l’objectif est d’autoriser uniquement la circulation des véhicules peu polluants (vignettes Crit’air 0, 1, 2 ou 3) dans toute l’Eurométropole d’ici 2030. Un modèle qui pourra s'inspirer de la ZFE mise en place au sein de la Grande Ile depuis 2018. "On attend beaucoup de cette nouvelle municipalité, espère Sophie, j’ai toujours connu Strasbourg pollué, j’aimerais maintenant qu’on avance sur ces questions."
David Darloy