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05/02/20
17:47

La reconnaissance faciale en plein essor

Alors que plusieurs entreprises expérimentent ce système, l'Hexagone pourrait devenir le premier pays européen à l'utiliser.

La Ville de Nice a été la première à tester la reconnaissance faciale dans l'espace public. © Jay Phagan

Le FC Metz, club de football de Ligue 1, a testé la reconnaissance faciale dans son stade pour identifier les supporters interdits de stade. Lancé par la start-up française Two-i, qui se présente comme « spécialisée dans la reconnaissance faciale et d’émotions pour la sécurité, le marketing et du bien-être », ce dispositif a provoqué la colère des associations de supporters. La ministre des Sports Roxana Maracineanu s’est, quant à elle, déclarée «  favorable » au système.

Qu’est-ce que la reconnaissance faciale ? 

La reconnaissance faciale est un procédé qui permet d’identifier et d’authentifier une personne grâce à son visage. En 1973, le chercheur japonais Takeo Kanade a réalisé les premières tentatives. Depuis, les technologies se sont développées. Le logiciel analyse 80 caractéristiques du visage comme le rapprochement des yeux ou encore de la mâchoire. Celles-ci sont ensuite comparées aux données récoltées dans des bases. L’essor de la collecte de données a permis un développement de la reconnaissance faciale. Une technique critiquée pour son manque de fiabilité. Selon des chercheurs du National Institute of Standards and Technology, les algorithmes commettent beaucoup d’erreurs avec une détection erronnée des personnes non blanches. En effet, les personnes asiatiques ou noires sont 100 fois plus souvent identifiées que les personnes blanches.

À quoi sert cette technologie ? 

En Chine, il est désormais obligatoire pour les utilisateurs d’un téléphone portable de se soumettre à la reconnaissance faciale. Cette technologie est essentiellement utilisée à des fins de surveillance et de sécurité en public pour identifier les auteurs d’infractions, de délits et de crimes. En France, la reconnaissance faciale fait ses débuts au salon Milipol en 1999, un salon professionnel consacré à la sécurité intérieure des États. Une entreprise du nord de la France, Ab3s, conçoit le morpho-portier, un système permettant d’ouvrir une porte grâce aux caméras et à la détection du visage. Par ailleurs, le dernier iPhone, commercialisé en 2017, intègre ce système pour déverrouiller son smartphone. 

Est-elle réellement utilisée en France ? 

La ville de Nice a testé, en février 2019, un système de reconnaissance faciale basé sur l’intelligence artificielle lors du traditionnel carnaval, pour lequel 80 personnes se sont portées volontaires. Le maire de Nice, Christian Estrosi, est un ardent défenseur de cette technologie et compte poursuivre son développement. « C’est un moyen de lutte contre le terrorisme, l’insécurité, tous les phénomènes de barbarie quels qu’ils soient, qui peut démultiplier l’efficacité de la police tout en préservant les libertés individuelles », a-t-il assuré sur France Info en novembre dernier. Two-i, la start-up messine teste également, depuis janvier 2019, son logiciel de reconnaissance faciale des émotions en partenariat avec la capitale azuréenne. L’objectif est de renforcer la sécurité en détectant d’éventuels « mouvements de panique et de stress », selon Two-i, cité par France Bleu.

Quelle est la position du gouvernement sur la reconnaissance faciale ? 

Le gouvernement a lancé, en juin 2019, une phase d’expérimentation sur l’usage de la reconnaissance faciale dans l’espace public. Cédric O, secrétaire d’État chargé du numérique, explique que cela permettrait « d'avoir des retours sur les différents cas d'usage et sur la performance réelle de cette technologie, ainsi que sur les questions qui se posent ». L’application Alicem fait partie de l’expérimentation. Les utilisateurs peuvent s’authentifier avec la reconnaissance faciale afin d’avoir accès aux services administratifs. Si le dispositif est adopté définitivement, la France sera le premier européen à l’utiliser.

Que dit-la loi ? 

Le Règlement général pour la protection des données (RGPD) entré en vigueur en Europe en 2016 interdit l’authentification par reconnaissance faciale en public sans le consentement de la personne concernée. Christian Estrosi a dû négocier avec la Commission des libertés et de l’informatique, autorité indépendante, pour tester cette technologie. Cependant, il existe un flou juridique. Le RGPD autorise l’authentification dans son article 9.2 « lorsque le traitement est nécessaire pour des motifs d’intérêt public important ». La Commission Européenne envisage un moratoire sur cette question durant cinq ans sans interdire les expérimentations. 

La reconnaissance faciale va-t-elle se développer en France ? 

À l’échelle municipale, les propositions sont de plus en plus nombreuses. En 2015, la Ville de Marseille a lancé un appel d’offre pour un « big data de la tranquillité publique » aussi appelé « observatoire ». C’est Engie Ineo - dont le principal actionnaire est l’État - qui l’a emporté. Le projet s’achèvera fin 2020 : première étape d’une « SafeCity », ville du futur. L’entreprise va injecter les données issues des services de police avec les flux de caméras. Puis, elle va démarcher les hôpitaux, les marins-pompiers entre autres, pour obtenir davantage de données. L’objectif est de prédire les futurs délits et crimes grâce à des algorithmes. Un projet que dénonce la Ligue des Droits de l'Homme (LDH) dans un tweet.

Quels risques ?

La Quadrature du Net, association de défense des libertés sur Internet, plaide pour une interdiction de la reconnaissance faciale, qui selon elle, menace les libertés individuelles et impose une « société de contrôle ». Dans un communiqué intitulé «  le vrai visage de la reconnaissance faciale », l’association s’inquiète des initiatives locales grandissantes sur ce sujet. Elle a d’ailleurs lancé, avec trois associations, un recours auprès du Tribunal administratif pour « faire barrage à la surveillance biométrique » contre l’installation de la reconnaissance faciale dans un lycée à Marseille.

Maxime Arnoult

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