Le musée Frieder Burda de Baden-Baden en Allemagne présentera au public dès mardi 5 février « Love is in the bin ». Les images de l’autodestruction de cette toile de Banksy avaient fait le tour du monde en octobre dernier.
Pour la première fois depuis son achat lors d’une vente aux enchères, la toile « Love is in the bin » sera présentée au public, à Baden-Baden, ville de 50 000 habitants en Allemagne. Ce musée privé, proche de la frontière française, se félicite d’avoir obtenu l’exclusivité grâce, selon eux, « à l'intense réseau du musée et de son fondateur collectionneur et à un concept de présentation en adéquation » avec les convictions de Banksy. Le musée « connaissait la collectionneuse anonyme avant son acquisition de "Love is in the bin", mais ne savait pas que c'était elle l'acheteuse », précise une porte-parole du musée. Une réflexion sur le marché de l’art sera organisée, sous forme de colloque, et accompagnera l’exposition.
La tenue de ce colloque a permis l’obtention du prêt de l’oeuvre de la part de sa propriétaire, une collectionneuse européenne anonyme qui l’a acheté pour 1,2 million d’euros. «Nous nous réjouissons d'avoir réussi (...) à (la) convaincre du fait que notre musée était tout à fait adéquat pour présenter pour la première fois en Europe l'oeuvre au public», s'est réjoui Henning Schaper, directeur du musée, sur la radio régionale allemande SWR2.
Henning Schaper a assuré dans un communiqué «adhérer à la vision de Banksy de démocratisation conséquente » de l’art et souhaite également « résister à la tentation d’afficher la toile comme un trophée».
Un musée de plus en plus tourné vers la jeune génération
Pour respecter la vision du street artist, «Love is in the bin» sera visible gratuitement, et ce jusqu’au 3 mars. Le colloque organisé autour de la présence de l’œuvre questionnera le marché de l’art et discutera des combats et critiques de Banksy.
Le musée, fondé par Frieder Burda, présente la collection, qui compte près de 1000 oeuvres, d’art moderne et contemporain de ce passionné de renom. Depuis peu le musée Frieder Burda se consacre aux artistes de la jeune génération. L’établissement revendique une certaine expérience dans l’art urbain, notamment une exposition de l’artiste français JR en 2014. Un argument assurément mis sur la table pour convaincre la propriétaire de la toile.
En octobre dernier, la peinture acrylique et aérosol «Girl with balloon», montrant une enfant lâchant un ballon rouge en forme de cœur, était vendue aux enchères à Londres. La toile à peine attribuée, elle s’était en partie autodétruite, déchiquetée de moitié par un mécanisme caché par Banksy lui-même dans le cadre. Désormais constituée de lambeaux pendant hors du cadre, la nouvelle oeuvre a été renommée «Love is in the bin», (l’amour est à la poubelle), par Banksy. Le street artist, habitué des actions chocs et engagées avait expliqué vouloir dénoncer la marchandisation de l’art avec cette performance.
Juliette Vilrobe
Infos pratiques :
Table ronde sur l'attaque de Banksy contre le marché de l'art, avec Wolfgang Ullrich, historien de l'art, Philipp Herzog de Württemberg, Udo Kittelmann, directeur de la Nationalgalerie de Berlin et Ulrich Blanché. Modératrice : Elke Buhr, rédactrice en chef de Monopol. Le 14 février 2019 à 19h au Kongresshaus de Baden-Baden.
Tarif de 10 € pour les deux événements