Un an s'est écoulé, ce samedi 11 février, depuis la chute d'Hosni Moubarak. Poursuivi notamment pour sa responsabilité présumée dans le décès de 846 manifestants, le président déchu risque la peine de mort. Depuis six mois, sa vie oscille entre tribunal et hôpital.
Hosni Moubarak devrait bientôt quitter son hôpital militaire pour la prison de Tora. (Crédit photo : Chaquespire via Flickr)
Que devient Hosni Moubarak ? "Il est hors circuit", tranche Didier Billion, directeur des publications de l'Institut de relations internationales et stratégiques. Un an après sa chute le 11 février 2011, l'ancien président égyptien est un accusé comme un autre. Depuis six mois, il multiplie les allers-retours entre le tribunal et son lieu de détention, un hôpital militaire dans la banlieue du Caire. Soupçonné d'avoir donné l'ordre de tirer sur les 846 manifestants tués lors du soulèvement populaire égyptien en janvier 2011, Moubarak risque la peine de mort.
Chassé du pouvoir après 30 années passées à la tête du pays, Hosni Moubarak est aujourd'hui détenu dans un hôpital militaire qui s'apparente à une "prison dorée", précise Didier Billon. Mais le 5 février, Mohamed Ibrahim, ministre de l'Intérieur égyptien, a donné l'ordre de transférer Moubarak à la prison de Tora, où sont déjà détenus ses deux fils. Un transfert qui sonne comme une concession vis-à-vis des manifestants, agacés par le traitement d'exception dont bénéficie selon eux l'ancien raïs, mais qui sera effectué lorsque l'hôpital de la prison aura effectué les ajustements nécessaires à l'accueil du président déchu.
Mise en scène ?
Depuis le début de son procès en août, Moubarak, 83 ans, se rend au tribunal en hélicoptère. Hospitalisé le 12 avril après un interrogatoire, il est aujourd'hui transporté vers la salle d'audience en ambulance, d'où il sort systématiquement allongé sur une civière. Souffrant du cœur, il apparaît très diminué sur les images que l'on voit de lui. "Une belle mise en scène théâtrale", raille Didier Billion. En vérité, le plus grand flou demeure sur son état de santé.
Aujourd'hui, Moubarak essaye d'échapper à la peine de mort requise contre lui le 5 janvier. Lors de sa dernière plaidoirie, le 22 janvier, son avocat maître Farid el Dib a non seulement demandé le non-lieu mais a également contesté toute la procédure judiciaire. "M.Moubarak n'a pas démissionné, a-t-il rappelé. Il est toujours le président égyptien en exercice" et ne peut donc pas être jugé devant une Cour d'assises. De plus, en raison de son statut, l'avocat assure que le président déchu ne peut être jugé "que devant un tribunal militaire". Il s'appuie sur une loi stipulant que tout ex-militaire ayant participé à la guerre arabo-israélienne de 1973 retrouve son dernier grade quand il passe à la retraite. Le verdict est attendu le 16 février.
Mais l'Égypte n'a pas attendu ce verdict pour tirer un trait sur l'ère Moubarak. En avril, un tribunal égyptien avait ordonné que les noms de l'ancien dictateur et de sa femme Suzanne soient retirés de tous les lieux publics. Comme si le raïs devait également disparaître de la mémoire du pays.
Victor Patenôtre
Crédit photo d'appel : mayanais via Flickr