Vous êtes ici
18/02/16
17:00

35 heures, licenciement, prud'hommes : ce qui pourrait changer

Dévoilé mercredi 17 février dans la presse, l’avant-projet de loi sur le travail, porté par la ministre Myriam El Khomri, comporte un certain nombre de mesures explosives, qui devraient changer en profondeur le droit du travail. Décryptage.

20160218-JB 699185-01-02.jpg

Myriam El Khomri, ministre du Travail, à Matignon le 18 février. Photo : AFP / Kenzo Tribouillard

 

Myriam El Khomri, ministre du Travail, présentera le 9 mars en Conseil des ministres son projet de loi pour réformer le droit du travail. Parmi de nombreuses mesures, les 35 heures de travail hebdomadaire est la plus observée. En façade, son principe demeure, mais dans les faits, il pourrait n’en rester plus grand chose. La réforme satisfait le patronat et Les Républicains alors que la gauche et les syndicats sont divisés. Ce texte favorise la négociation au sein des entreprises, au détriment des verrous législatifs.

Manuel Valls souhaite que le texte soit voté avant l'été. Interrogé par Les Echos, la ministre du Travail n'a pas exclu l'utilisation de l'article 49-3 de la Constitution pour faire adopter le texte en procédure d’urgence, sans vote et en engageant la responsabilité du gouvernement.

Jusqu’à 60 heures de travail par semaine

La durée de travail hebdomadaire reste en principe à 35 heures mais des dérogations peuvent y être apportées.

Auparavant, la loi prévoyait qu’en cas de « circonstances exceptionnelles » la durée de travail hebdomadaire pouvait être portée à 48 heures par semaine. Un accord d’entreprise peut désormais l'allonger à 60 heures. En dehors d’une situation exceptionnelle, la durée de travail hebdomadaire peut désormais être allongée à 44 heures, lissée sur une période de 16 semaines. La condition est de ne pas dépasser 46 heures sur une semaine.

Le forfait-jour, déjà existant, pourra être proposé dans les entreprises de moins de 50 salariés, désormais sans négociation. Ce système permet de déroger aux 35 heures en calculant un nombre maximum de jours travaillés par an. En contrepartie le salarié bénéficie d’un certain nombre de jours de repos.

Enfin, la limitation journalière du temps de travail à 10 heures demeure mais un accord d’entreprise pourra porter cette durée à 12 heures, « en cas d’activité accrue ou pour des motifs liés à l’organisation de l’entreprise ».

Le député PS Benoit Hamon, invité sur Public Sénat, y voit un "un mauvais calcul économique qui ne réduira par le chômage et qui est injuste socialement". Dans une interview sur Europe 1, Eric Woerth, député LR et ancien ministre du Travail, se félicite des dispositions concernant le temps de travail. Pour lui, "ce qui déverrouille les 35 heures, notamment par l’accord d’entreprise, va dans le bon sens".

Des indemnités prud’homales plafonnées

Réclamation emblématique du Medef, les indemnités prud’homales pour les licenciements "sans motifs réels et sérieux" seront plafonnées. Jusqu'à présent, le juge avait une liberté d’appréciation pour établir ces indemnités, au regard du préjudice subi. Il pouvait s’appuyer sur un barème consultatif et tenir compte de l’âge, de la situation du salarié et sa capacité à retrouver un emploi. L’avant-projet de loi vise à instaurer un barème obligatoire, qui ne prendrait en compte que la seule ancienneté du salarié. Le plafond maximum serait de 15 mois de salaire brut pour les employés ayant plus de 20 ans d’ancienneté dans l’entreprise, quand un salarié ayant moins de deux ans d’activité toucherait au maximum trois mois de salaire.

En janvier, Pierre Gattaz, président du Medef, avait regretté qu’aucun plafond n’ait été annoncé dans le plan pour l’emploi présenté par le président de la République. Il plaidait alors pour un plafond fixé entre 6 et 10 mois de salaire.

Un assouplissement des licenciements économiques

L’avant projet de loi prévoit de clarifier les motifs pour lesquels une entreprise peut se séparer d’un salarié, afin de "clarifier le domaine d’interprétation du juge", selon la ministre du travail Myriam El Khomri. Quatre circonstances sont prévues : "cessation de l’activité d’une entreprise", "mutations technologiques", "réorganisation nécessaire à la sauvegarde de l'entreprise". La dernière est plus englobante. L’entreprise pourra licencier en cas de "baisse de commandes ou du chiffre d'affaires de plusieurs trimestres consécutifs", de "pertes d'exploitation pendant plusieurs mois", "d’importante dégradation de la trésorerie" ou enfin de "tout élément de nature à justifier ces difficultés".

Mardi, lors d’une conférence de presse, Pierre Gattaz avait annoncé qu’une précision des motifs de licenciement économique "serait un grand pas en avant" et un "signal fort".

Le référendum en entreprise

Le texte de la ministre change également les conditions de signature des accords d’entreprise et la marge de manœuvre des syndicats. Désormais, les accords devront être signés par des syndicats représentant au moins 50% des salariés ayant voté aux élections professionnelles, contre 30% actuellement. En cas d’absence de majorité, mais si l’ancien seuil de 30% est atteint, le personnel d’une entreprise pourra être consulté par référendum. Le résultat fera autorité, contre l’avis des syndicats.

Le syndicat CFDT "n’est pas hostile au référendum" mais il s’était pourtant opposé à celui organisé dans l’usine Smart. De même pour François Asselin, à la tête du syndicat CGPME et favorable à la réforme, qui a critiqué le fait que ce dispositif ne concerne que les entreprises bénéficiant d'une présence syndicale. Pour Jean-Claude Mailly, du syndicat FO, cette mesure conduirait à "déroger à la règle sous couvert d’alibi démocratique".

 

Antoine Terrel et Ismaël Halissat

Imprimer la page

Fil info

15:12
France

Une enquête est ouverte sur le fonctionnement du réseau social X, après le signalement de biais dans l'algorithme

14:55
France

Affaires des écoutes : le bracelet électronique de Nicolas Sarkozy doit être posé aujourd'hui

14:29
France

Pyrénées-Orientales : la conductrice du car scolaire qui avait fait six morts en 2017 à Millas est condamnée à 5 ans de prison en appel

14:04
France

Marché de l'eau : l'ancien ministre Olivier Dussopt condamné en appel pour favoritisme

13:45
France

Le groupe LFI a annoncé saisir le Conseil constitutionnel sur le projet de loi de finances

12:57
France

Nouvelle-Calédonie : un mort par balle au cours d'une opération des forces de l'ordre

12:10
France

Éducation : Elisabeth Borne va instaurer un "passage systématique" en conseil de discipline pour les élèves porteurs d'une arme blanche

11:04
France

Remboursement des fauteuils roulants : la liste des équipements intégralement pris en charge a été publiée au Journal officiel

10:57
France

Élections aux chambres d'agriculture : la Coordination rurale affirme avoir gagné au moins 10 départements, la FNSEA en recul

10:14
France

Immigration : François Bayrou annonce sur RMC vouloir un débat public approfondi sur le droit du sol

08:49
France

Le déficit commercial s'est réduit en 2024 à 81 milliards d'euros, contre 100 milliards en 2023

08:32
France

Sommet sur l'IA : un data center géant sera construit sur le territoire par les Émirats arabes unis

18:13
France

La Bourse de Paris clôture au-dessus des 8.000 points pour la première fois depuis la dissolution de l'Assemblée en juin dernier

17:51
France

Fonction publique: un nouveau site de formation des attachés d'administration de l'Etat inauguré à Nanterre

15:00
France

Les fauteuils roulants intégralement remboursés à partir du 1er décembre 2025

14:41
France

Le quartier "La Négresse" à Biarritz doit être rebaptisé, tranche la justice

14:10
France

Intelligence artificielle : le gouvernement désigne 35 sites en France pour accueillir des "data centers"

13:57
France

Le programme d'éducation à la sexualité, publié après des mois de débats

12:09
France

53,5 tonnes de cocaïne saisies en France en 2024, plus du double de 2023

12:03
France

Le budget 2025 est définitivement adopté, après un dernier vote au Sénat