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20/02/15
08:56

Argentine: manifestations dans tout le pays après la mort du procureur Nisman

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Une marée humaine a défilé dans les rues de Buenos Aires, mercredi 18 février, en hommage au procureur Alberto Nisman, retrouvé tué d'une balle dans la tête il y a un mois. (Crédit photo: AFP) 
 

Plusieurs marches silencieuses, baptisées 18F, ont eu lieu mercredi 18 février en Argentine, en hommage au procureur Alberto Nisman, retrouvé mort le 18 janvier à Buenos Aires.

Difficile de connaître le nombre de participants à Buenos Aires : alors que la police fédérale, qui dépend du gouvernement argentin, a estimé le nombre de manifestants à moins de 50 000, la police métropolitaine de Buenos Aires, qui elle se trouve sous l'autorité de la municipalité dirigée par l'opposant Mauricio Macri, comptait plus de 400 000. 

La plupart des participants marchaient en silence à l'appel des organisateurs. Le silence a été interrompu de temps en temps par des cris réclamant la "justice", et par des "Nisman présent", "Argentina" et "vive la patrie". L’hymne national argentin a également été entonné.

En plus de la marche du silence à Buenos Aires, plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont aussi rassemblées dans le reste du pays, en particulier dans les villes de Rosario, Cordoba et Mar del Plata.

Voir la vidéo du quotidien Clarin qui montre les manifestations dans plusieurs villes argentines le 18 février:

Alors que l’enquête officielle s’oriente vers un suicide, l’opinion publique argentine est mitigée. Les proches de Nisman doute que le procureur ait mis fin à sa vie. "Cela ne lui rassemble pas. Et je crois comprendre qu'il n'avait pas de raison de se suicider", a déclaré l'ex-femme de Nisman jeudi sur une radio locale. 

Le procureur, âgé de 51 ans, a été retrouvé mort d’une balle dans la tête dans son appartement à Buenos Aires. Depuis dix ans, il enquêtait sur l'attentat contre l’Association mutuelle israélite argentine (AMIA) en 1994, qui avait fait 85 morts et 300 blessés. L'absence de résidus de poudre sur ses mains a semé le doute et nourrit la thèse d'un assassinat. 

Dans un document rendu public quelques jours avant sa mort, Nisman accusait la présidente argentine Cristina Kirchner et son ministre des affaires extérieures, Hector Timmerman, d'avoir "décidé, négocié et organisé l’impunité des terroristes iraniens en fuite" afin de "fabriquer l’innocence de l’Iran", dans le but "de rétablir des relations commerciales pleines d’Etat à Etat, afin de pallier la grave crise énergétique argentine, moyennant un échange de pétrole iranien contre des céréales argentines".

Le gouvernement se défend et assure que sa mort est liée à des règlements de comptes au sein de la communauté du renseignement et au remaniement de la hiérarchie du SI, le principal service de renseignement du pays, survenu en décembre dernier. 

La présidente Kirchner s’est exprimé quelques heures avant la manifestation sur la chaîne nationale depuis Atucha (nord-est de l’Argentine), où elle a visité une centrale nucléaire.

La Présidente, a dénoncé l'hypothèse d’un complot des services secrets. Elle avait ainsi écrit sur sa page Facebook le 22 janvier: "Ils l'ont utilisé vivant, et ensuite, ils avaient besoin de lui mort. C'est triste et terrible." Mais jamais Kirchner ne donne de précisions sur les liens entre la mort de Nisman et les conflits au sein des services secrets. Le 26 janvier, Kirchner a annoncé la dissolution du SI.

 

 

 

Le gouvernement a également dénoncé des liens entre le procureur Nisman et un ancien espion des services secrets argentins, Antonio "Jaime" Stiusso, soupçonné d'avoir orienté les investigations de M. Nisman pour mettre en cause la présidente argentine. "Il ne fait aucun doute pour moi que Stiusso est derrière tout ceci, après la décision de le limoger du SI", a déclaré mardi sur Twitter le chef de cabinet de la présidence, Anibal Fernandez.

Le premier journaliste à annoncer l'information sur la mort du procureur Nisman sur Twitter, Damien Pachter, a quitté l'Argentine pour Israël. Il affirme avoir été suivi par un agent des services secrets et avoir reçu des messages de menace."Je pars parce que ma vie est en danger. Mes téléphones sont écoutés, a déclaré Pachter au site Internet Infobae. Je reviendrai quand mes sources me diront que la situation a évolué. Je ne pense pas que ce sera le cas sous ce gouvernement."

Cette affaire a connu un autre rebondissement lundi. Un proche collaborateur du magistrat a été mis en cause par la justice. La procureure Viviana Fein, chargée de ce dossier, a inculpé Diego Lagormasino, un informaticien de 35 ans, qui travaillait pour le magistrat depuis 2007. Il est accusé de lui avoir prêté, la veille de son suicide présumé, son arme personnelle, ce qui constitue un délit en Argentine. 

Par ailleurs, un témoignage publié le 17 février par le journal nicaraguayen La Prensa, laisse supposer que les enquêtes ont fait preuve de négligence lors de l'enquête.

Natalia Fernández, âgé de 26 ans, a raconté qu’elle et sa copine ont été abordées la nuit du 18 janvier par les forces de sécurité dans le quartier de Puerto Madero et amenées dans l’appartement de Nisman qfin qu'elles servent de témoins de moralité. Une procédure obligatoire en Argentine. Or, ces deux femmes affirment que l'équipe d'enquêteurs "touchait le téléphone du procureur", "utilisait la salle de bain" et la "cafetière" de Nisman. 

"Cette affaire a provoqué une forte inquiétude en Argentine, a déclaré Luis Moreno Ocampo, ancien procureur général de la Cour Pénale Internationale à la BBC Monde. La présidente et l’opposition sont si divisé. Ce cas est d'avantage discuté politiquement que juridiquement. Et dans le pouvoir judiciaire, il y a des juges honnêtes, des juges partisans et des juges corrompus."

Alexandra Zevallos-Ortiz 

 

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