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IVG : le Parlement européen appelle à protéger les Ukrainiennes victimes de viols


06 mai 2022

En session plénière, ce jeudi 5 mai, les députés européens ont demandé à garantir la protection des femmes qui fuient l’Ukraine. Durant les débats, ils ont notamment évoqué la question de l’accès à l’avortement pour les Ukrainiennes victimes de viols réfugiées en Pologne.

« Une fois de plus, la guerre a fait du corps des femmes un champ de bataille », s’insurge l’eurodéputée Soraya Rodríguez Ramos (Renew, libéraux). Selon The Kyiv Independant, les procureurs ukrainiens ont recensé près de 400 viols commis par des soldats russes les deux premières semaines d’avril. Les parlementaires s’inquiètent du nombre grandissant de cas de violences sexuelles, de traite d'êtres humains et d'exploitation. D’autant que, selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, les femmes et les enfants représentent près de 90% des réfugiés. Si le vote reste symbolique, les eurodéputés appellent vivement l’Union européenne et les pays d'accueil à garantir davantage l’accès aux soins liés à l’avortement et aux soins obstétriques pour les réfugiées ukrainiennes victimes de viol.

La législation polonaise en cause

C’est notamment le cas en Pologne où la législation anti-avortement est l’une des plus strictes d’Europe. Là-bas, les victimes de violences sexuelles ne peuvent pas recourir à l’avortement. Alors que six réfugiés sur dix ont été accueillis par ce pays limitrophe, la question de l’accès aux soins pour les victimes de viols insurge les parlementaires. « Il est inadmissible que des femmes ukrainiennes fuyant les conflits et cherchant un abri en Pologne soient contraintes de poursuivre des grossesses étant le fruit d’un viol brutal », s’est indigné l’eurodéputé polonais et président de la commission FEMM, Robert Biedroń (S&D, sociaux-démocrates). Le pays n’autorise l’avortement que dans trois cas de figure : en cas de viol, d’inceste ou si la grossesse met en danger la vie de la femme. Ces conditions sont impossibles à réunir dans la pratique. 

Sur le territoire polonais, des ONG travaillent dans l’illégalité. Les volontaires prennent des risques importants pour venir en aide aux Ukrainiennes victimes de viol. C’est le cas de Women on Web qui fournit des kits de pilules abortives aux femmes dont la grossesse date de moins de 12 semaines. Une pratique totalement illégale dans le pays. Pour l’eurodéputée Pierrette Herzberger-Fofana (Verts/ALE, écologistes), l’aide de ces associations est fondamentale. À ce titre, elle propose la mise 

L'eurodéputée Sandra Kalniete (PPE, droite) habillée au couleur de l'Ukraine lors de sa prise de parole pendant le débat sur l'impact de la guerre en Ukraine sur les femmes. © Fred Marvaux, European Union 2022 - Source : EP

en place de stratégies européennes pour les soutenir et les protéger.

Des positions anti-IVG

Alors qu’une large majorité de députés ont estimé qu’il était « crucial » de permettre aux réfugiées ukrainiennes de disposer librement de leur corps dans toute l’Union européenne, plusieurs prises de positions anti-IVG ont été exprimées. Des députés issus des groupes Identités & Démocratie (ID) et Conservateurs et réformistes européens (ECR) ont dénoncé un « débat et des attaques idéologiques » à l’égard de la Pologne qui se ferait au détriment de « l’aide véritable » dont ont besoin les femmes ukrainiennes réfugiées dans le pays. « Vous voulez parler de la manière dont on supprime des vies, plutôt que d’évoquer ce qu’on peut faire pour les protéger », évoquent en substance l’extrême droite et de la droite ultraconservatrice. Seulement une trentaine de parlementaires ont participé à ce débat. 

Alexia Avril et Paul Le Guen 

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