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Interview de Ludivine Quintallet, élue à la Communauté européenne d'Alsace. © Carol Burel

« La France qui se lève tôt. » C’était le mot d’ordre du regroupement matinal, organisé par le collectif Indignons-nous 67, sur la place d’Haguenau à Strasbourg, ce 18 septembre. Les rues de la ville sont encore désertes et le soleil n’est pas encore levé quand sonne 6h30 l'heure du rendez-vous. C’était sans compter sur les forces de l’ordre venues en nombre pour empêcher ce regroupement, non déclaré à la préfecture. A cette heure là, seule une vingtaine de manifestants se sont rassemblés dans le parc, au cœur de la place. « On attendait plus de monde », regrette Laurent, étudiant de 22 ans levé avant l’aube pour se mobiliser. « Je pense que ça en décourage beaucoup », ajoute-t-il au sujet de la présence de la police. Il faut dire que la lumière des gyrophares qui émanent des multiples véhicules de police rend intimidant l’accès au lieu de rendez-vous. Des véhicules blindés de gendarmerie et des dizaines de camions bloquent les accès au centre de la place, tout en laissant circuler les véhicules, qui commencent de plus en plus à affluer en ce début de matinée.

Un repli vers la place de Bordeaux ?

Regroupé avec d'autres dans le parc, l’étudiant témoigne : « On a le sentiment d’être piégé avec tous ces fourgons. » Quelques dizaines de minutes à peine s’écoulent avant que les lève-tôt soient délogés. Les manifestants courent à la vue des policiers, les policiers tentent de les rattraper. Il ne faut pas longtemps aux agents pour disperser les participants. En moins d’une heure, le rassemblement est dissout. Vers 7 h 30, il ne reste plus que les forces de l’ordre. Pas de quoi décourager les plus motivés, qui se dirigent en petit groupe vers la place de Bordeaux, où un blocage du lycée Jean-Baptiste-Kléber doit s'organiser. Ils sont talonnés de près par les fourgons de la police qui quittent la place d’Haguenau un peu avant 8 h. Malgré la volonté de certains lycéens, le blocage de l’établissement lui non plus n’aura pas lieu. La forte présence policière et les nombreux contrôles de la BAC ont découragé jusqu'au plus téméraires. Laurent, pourtant très « enthousiaste » à l’idée de se mobiliser, a fini par rentrer chez lui.

Maud Karst 

Edité par Anouk Seveno 

Agathe et Patrice sont venus avec leurs enfants de 3, 5 et 7 ans. Pancartes à la main, même les plus jeunes sont mis à contribution. © Titouan Catel--Daronnat

14h : Des manifestants ont pénétré dans le ministère de l'Économie

D'après l'AFP et le syndicat Sud-Rail, plusieurs centaines de manifestants sont parvenus à s'introduire dans le siège du ministère de l'Économie et des Finances, à Bercy. Sur des images, on peut apercevoir des personnes brandir des fumigènes à l'intérieur du bâtiment, ainsi que des drapeaux des syndicats Sud-Rail et Solidaires RATP. 

[ Plein écran ]

Le gouvernement israélien de Benyamin Netanyahou et le gouvernement indien de Narendra Modi ont renforcé encore davantage leurs liens ces dernières années. © Bureau du Premier Ministre indien

[ Plein écran ]

Jimmy Kimmel anime son talk-show depuis 22 ans. © La Maison-Blanche

13h50 : Retraités, syndicalistes, étudiants... les profils sont variés dans la foule

Parmi les étudiants présents, notre reporter Carol Burel s'est rapproché de Matei, 27 ans, étudiant au conservatoire de musique, venu accompagné de son accordéon. Ce matin, nombre de ses camarades se sont rassemblés devant le conservatoire avant de rejoindre le cortège. « Au conservatoire on pourrait penser qu’on est privilégiés mais y’a eu de grosses coupes budgétaires ces dernières années. On est inquiets pour nos statuts futurs pour l’intermittence et pour le statut artiste-auteur. Cette journée pour nous c'est l'occasion de faire pression sur Macron pour son départ et que la mobilisation dure dans le temps. »

Du côté de nos journaliste Titouan Catel--Daronnat et Esther Dabert, ils ont rencontré Elisabeth Willer, déléguée syndicale CFTC dans la société Biogrou. Elle s'étonne de la teneur de la mobilisation : « Une intersyndicale comme ça, on a jamais vu ça, sauf pour les retraites ». 

Interview de Ludivine Quintallet, élue à la Communauté européenne d'Alsace, s'exprime sur la mobilisation du 18 septembre. © Carol Burel

Ce mercredi 17 septembre, dans une vidéo publiée sur X, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a souhaité un joyeux anniversaire à son « grand ami » le premier ministre indien Narendra Modi, clamant qu’ils avaient « fait beaucoup ensemble pour l’amitié entre l’Inde et Israël ». Après les attentats du 7-Octobre, l’Inde avait été parmi les premiers pays à affirmer son soutien à Israël. Sur les réseaux sociaux indiens, les contenus anti-palestiniens avaient pullulé. Mais pourquoi un tel soutien de la part du gouvernement indien à l'État hébreu ?

D’adversaires à alliés 

Malgré ce qu’ils ont de commun d’être nés d’une partition coloniale et d’être entourés de voisins musulmans, l’Inde et Israël n’ont pourtant pas toujours été les meilleurs amis du monde. En 1967, lors de la Guerre des Six-Jours, comme en 1973, lors de la Guerre du Kippour, New Delhi, alors une grande voix du tiers-mondisme, prend le parti du camp arabe. Il est d’ailleurs le premier pays non-arabe à autoriser l’ouverture d’un bureau de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) sur son territoire, en 1975. 

Mais, progressivement, cette orientation change. Les relations entre les deux pays sont normalisées en 1992 ; en 1998, quand l’Inde fait l’objet de sanctions économiques pour ses essais nucléaires, Israël est l’un des seuls pays à poursuivre les échanges avec la « plus grande démocratie du monde ». 

La récupération du gouvernement Modi 

Avec l’arrivée au pouvoir de Narendra Modi en 2014, le gouvernement indien pivote vers le nationalisme hindou et la répression de la minorité musulmane. Le parti du premier ministre, le BJP (Parti indien du peuple), fait dès lors de la lutte contre les groupes terroristes basés au Pakistan, comme le Lashkar-e-Toiba (l’Armée des pieux), qui se bat pour le rattachement de la région du Jammu-et-Cachemire à Islamabad. Dans cette optique, l’Inde dit s’inspirer des méthodes « antiterroristes » de l’armée israélienne. 

Après les massacres du 7-Octobre, le gouvernement indien a directement commencé à utiliser le conflit entre Israël et le Hamas à son avantage. « Ce à quoi Israël fait face, l’Inde l’a subi entre 2004 et 2014 », pouvait-on lire au lendemain de l’attaque sur le compte X du BJP. Une déclaration qui fait référence à la vague d’attentats islamistes en Inde, qui avaient fait des centaines de morts dans le pays, lorsque le parti du Congrès national indien, désormais parti d’opposition, était au pouvoir.

Le BJP ne rechigne donc pas devant le fait d’utiliser directement le 7-Octobre et la guerre à Gaza pour alimenter la stigmatisation, voire la haine anti-musulmans et justifier sa politique de répression de l’islam, qui passe notamment par la construction de temples sur l’ancien emplacement de mosquées, le changement des noms de villes à consonance musulmane, et la restriction des droits de la minorité.

Un partenariat économique et militaire capital 

À l’aune de cette récupération, l'État indien a apporté un soutien sans faille à la politique du gouvernement de Benyamin Netanyahou. Le 8 septembre, alors que des voix s’élèvent au sein de la communauté internationale pour appliquer des sanctions à l’égard d'Israël, les deux pays ont signé un accord économique pour favoriser les investissements croisés. 

La coopération économique va bon train : le commerce bilatéral a été multiplié par deux en sept ans, avec un accent sur l’informatique, la santé et l’agriculture. Mais le secteur le plus intéressant pour Tel-Aviv reste l’armement : le Sous-Continent est l’un des premiers acheteurs d’armes israéliennes, utilisées d’ailleurs dans les affrontements d’avril contre le Pakistan, comme le système de défense anti-missile Barak-8. 

Israël peut également compter sur l’Inde pour regarnir ses stocks dans sa guerre à Gaza. Mis sous embargo pour les ventes d’armes par des pays comme le Canada ou le Royaume-Uni, l'État hébreu achète des munitions de char ou des roquettes à bas prix auprès de New Delhi. L’Inde aurait aussi exporté vers Tel-Aviv des drones fabriqués sur son territoire, sous licence israélienne. 

Les deux pays trouvent donc leur compte à collaborer l’un avec l’autre. Loin d’être seulement une alliance de circonstance, Israël et l’Inde développent leurs liens ces dernières années, avec ce qui semble un adversaire commun :  le monde islamique.

13h45 : « Obtenir du concret »

Notre reporter Esther est allée à la rencontre des manifestants, place de la République. Olivier, étudiant, espère une mobilisation similaire aux Gilets jaunes. « Si je suis dans la rue aujourd'hui, c'est pour obtenir du concret au niveau de la représentation populaire et pas pour un phénomène de mode qui va s'arrêter dans quelques semaines », explique le jeune homme. 

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