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Très impliquée dans la lutte contre la corruption en Roumanie, Monica Macovei (ECR, souverainiste) a tenu un discours accusateur au Parlement. © Juliette Vilrobe

Le débat commence à peine que le vide se fait sentir. Pas de trace, ce mercredi dans l’hémicycle, de la nouvelle Première ministre roumaine social-démocrate, Viorica Dancila. L’ancienne eurodéputée était pourtant la seule membre du gouvernement à pouvoir défendre, devant le Parlement européen, la réforme du système judiciaire discutée depuis un an dans son pays. C’est pourtant d’elle que les eurodéputés attendaient des explications.

« Une arme contre la justice »

Cette réforme préoccupe l’Union européenne. Elle y voit un risque de réduire l’indépendance des magistrats, lesquels seront tenus responsables en cas d’erreurs judiciaires et devront en répondre devant la Chambre des députés. Pour l’eurodéputé roumain Catalin Sorin Ivan (S&D, social démocrate) la réforme illustre une volonté  « d’amoindrir le pouvoir du Parquet national anti-corruption et servir les intérêts d’un petit nombre. Le gouvernement se sert de la réforme comme d’une arme contre la justice ». L’eurodéputée maltaise Roberta Metsola (PPE, centre-droit) va jusqu’à évoquer une « tentative du gouvernement de supprimer le judiciaire et d’édulcorer la lutte contre la corruption ». L’une des mesures prévoit également qu’aucune enquête ne soit lancée avant que la personne incriminée en soit informée. « Comment peut-on alors prendre les gens en flagrant délit ? », s’emporte Monica Macovei (ECR, souverainiste), ex-ministre roumaine de la Justice.

Venu de Bucarest pour combler l’absence de la Première ministre, le garde des Sceaux Tudorel Toader a, durant trois jours, multiplié les réunions informelles avec les eurodéputés. Son but : convaincre les élus du bienfait des réformes entreprises par son gouvernement. Sa demande de prise de parole au sein de l’hémicycle a été refusée en raison des règles européennes. Furieux, les partisans de la réforme ont dénoncé une tentative de censure de la part du président de la séance, Dimitrios Papadimoulis (GUE/NGL, gauche radicale).

« Une sorte de dictateur non officiel »

Derrière ces réformes de la justice roumaine, un homme, Liviu Dragnea. « C’est le personnage le plus corrompu de Roumanie. Il contrôle tout, accuse Catalin Sorin Ivan. C’est une sorte de dictateur non officiel. » Président du premier parti du pays - le parti social-démocrate - et de la Chambre des députés, Liviu Dragnea contrôle également l’exécutif. Celui qui ne peut prétendre au poste de Premier ministre, en raison d’une condamnation en 2015 pour fraude électorale, a le pouvoir de destituer et nommer le chef du gouvernement. Il est à l’origine de l'ascension de Viorica Dancila, une de ses fidèles. L’homme fort du pays n’a qu’un seul objectif : échapper à la justice, quitte à se mettre l’Europe à dos.

Les opposants sont de plus en nombreux, à commencer par la société civile. L’an passé, des manifestations ont rassemblé jusqu’à 100 000 personnes dans les grandes villes de Roumanie. « Je suis très inquiète de la situation de mon pays », explique Mara Ratiu, 21 ans, étudiante en droit à l’Université de Strasbourg. Installée en France pour ses études depuis trois ans, la jeune femme est notamment investie dans l’ONG Parlement européen des jeunes. Elle suit avec attention l’actualité roumaine. « Les politiques sont nombreux au sein du parti à être poursuivis par la justice. Ils sont directement concernés par la réforme qu’ils proposent, en vue d’échapper à la justice. »

Vers une sanction de l’UE ?

« Les Roumains ont beaucoup d’espoir en l’Union, c’est leur pilier. J’espère que l’Europe s’engagera face à ce gouvernement borné », indique Aline Fontaine. La journaliste, installée à Bucarest, s’attend à des sanctions financières de la part de l’Union. « Le pays est sous perfusion de l’UE. Ce sont des fonds essentiels pour eux.» La Commission européenne a esquissé l’idée de lier l’accès aux fonds européens au respect de l’Etat de droit. Autre moyen de pression à disposition de l’institution, l’activation de l’article 7 du Traité européen. La Commission européenne pourrait, à terme, suspendre Bucarest de ses droits de vote au Conseil de l’Union. Une menace déjà brandie à l’égard de la Pologne et la Hongrie, deux pays où l’Etat de droit est également malmené, mais jusqu’alors jamais mise à exécution. « Il y a de fortes similarités entre ce qu’il se passe avec la Roumanie et la Pologne, mais j’espère que mon pays ne sacrifiera pas tout pour des intérêts personnels », déclare Catalin Sorin Ivan.

En attendant, en Roumanie, « la situation s’est beaucoup dégradée, se désole Mara. On a eu l’espoir que les choses changent grâce à nos protestations, mais il est très difficile d’envisager un renversement du gouvernement ». Inquiets, les eurodéputés implorent le Parlement roumain de revenir sur les lois qu’il a votées. Il en va du respect de la crédibilité de l’UE, à l’aube de la présidence tournante de l’Union par la Roumanie, au premier semestre 2019.

Meerajh Vinayagamoorthy et Sophie Wlodarczak

Les eurodéputés demandent la fin de l’heure d’été

Le Parlement européen a voté, jeudi, une résolution destinée à mettre fin au changement d’heure dans l’Union européenne (384 pour, 153 contre). Lors du débat avant le vote, les eurodéputés ont mis en avant les conséquences néfastes du passage à l’heure d’été sur la consommation de tabac, d’alcool, le métabolisme, les taux de suicide, la production de lait, la sécurité routière ou le climat. La commissaire aux transports Violeta Bulc a souligné « la nécessité pour le fonctionnement du marché intérieur d’adopter une mesure commune à tous les pays européens ». La commission européenne doit maintenant s’emparer du sujet, et proposer cette réforme aux Etats membres.

Le signal d'alarme contre les exécutions en Egypte

«Toutes les ONG nous alertent, les droits de l’Homme n’ont jamais autant été bafoués en Egypte», s’est insurgée Marie-Christine Vergiat (GUE, gauche radicale). Comme elle, ce sont des eurodéputés préoccupés qui ont débattu jeudi sur la question des exécutions en Egypte. Depuis 2014, au moins 2116 personnes auraient été condamnées à mort. Le régime autoritaire du président Al-Sissi utilise les tribunaux militaires, plus fermes, pour condamner des civils, adultes comme enfants, et des membres d’organisations de défense des droits de l’Homme, ont dénoncé les eurodéputés. Le Parlement a adopté une résolution demandant à l’Egypte de ne pas procéder aux exécutions imminentes et réclame un moratoire immédiat sur la peine de mort dans l’optique de son abolition.

Haïti sommé d’agir contre l’esclavage d’enfants

La Parlement a approuvé jeudi par un vote à main levée une résolution contre l’esclavage d’enfants en Haïti. « Nous condamnons le manque de protection de la part du gouvernement haïtien », a expliqué lors du débat précédant le vote l’eurodéputée souverainiste (ECR) polonaise Jadwiga Wiśniewska, rapporteure du texte. L’île des Caraïbes fait partie des pays les plus pauvres du monde avec 60% d’habitants vivant sous le seuil de pauvreté. Un enfant sur quinze y serait victime d’esclavagisme.

Crise au Venezuela : l’inquiétude du Parlement européen

Les eurodéputés ont dénoncé les répressions violentes contre les opposants au président Nicolas Maduro. Ils ont également exprimé leur inquiétude à l’approche de l’élection anticipée, prévue en avril. L’hémicycle appelle à un scrutin calme et démocratique.Le Parlement européen s’était déjà positionné contre le gouvernement de Maduro : en décembre, les représentants de l’opposition démocratique au Venezuela ont reçu le prix Sakharov pour la liberté de l’esprit. Chaque année, le Parlement européen décerne ce prix aux défenseurs des droits de l’Homme. 

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En s'opposant massivement, le PPE a empéché l'adoption de la mesure. ©Quentin Monaton

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Les sièges laissés vacants par les britanniques ne seront pas remplacés par les listes transnationales. ©Emilie Sizarols

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L'eurodéputée polonaise Róza Thun, vicitime des insultes de M.Czarnecki. ©Emilie Sizarols

 

Cinq sièges de plus pour la France

En dépit de ce double revers de son président, la France enregistre une petite victoire. Le texte adopté par le Parlement prévoit qu’elle gagne cinq sièges en 2019. C’est la conséquence directe du rééquilibrage permis par le départ des 73 députés britanniques. Le Parlement profite de ce vide pour corriger la sous-représentativité de 14 pays.

Les 46 sièges britanniques restants sont pour l’instant « gardés en réserve ». Ils restent à disposition en vue d’éventuels élargissements. La Serbie et le Monténégro convoitent ces places à l’horizon 2025.

Thomas Vinclair et Tom Vergez

Róza Thun a assuré à Cuej.info ne pas avoir été touchée personnellement : « Je ne réagis pas directement. Je ne peux pas me mettre à son niveau dans ce débat. Je regrette qu’il n’y ait pas eu d’excuses de sa part. Mais ce n’est pas le plus important. Ce qui l’est, c’est que tout cela se soit passé dans l’espace public. » En attendant l’élection, Róza Thun a décidé de porter plainte contre M.Czarnecki.

Thibaut Martinez-Delcayrou et Quentin Monaton

Double défaite pour Macron

En refusant le principe des listes transnationales, le Parlement acte une défaite d’Emmanuel Macron à l’échelle européenne. Lors de son discours de la Sorbonne, le 26 septembre, le président français s’était clairement prononcé en faveur de ce mode de scrutin. « Je souhaite qu’aux élections suivantes, le vrai pas en avant puisse être que la moitié du Parlement européen soit élu sur ces listes transnationales », déclarait-il.

Ses adversaires se réjouissent déjà de ce pari manqué. « Ces listes, soutenues à bras le corps par Emmanuel Macron, auraient été un gadget inutile, injuste et inapplicable, dénonce Franck Proust, le président de la délégation française du PPE. Macron s’évertue à brouiller les pistes en imaginant des usines à gaz. »

Le président Macron doit aussi s’incliner sur le principe des Spitzenkandidaten (candidats têtes de liste). Ce système permet aux partis politiques européens de désigner leurs candidats à la présidence de la Commission. En 2014, Jean-Claude Juncker avait été le premier à être nommé selon cette méthode. Le Français Michel Barnier (PPE) est pressenti pour lui succéder à la suite de son travail remarqué dans les négociations du Brexit. Emmanuel Macron, tout comme Angela Merkel, estime que ce procédé mène à une politisation de la Commission, et préfèrerait donc que son président soit désigné par les chefs d’État, réunis au sein du Conseil.

« On ne peut revenir sur les Spitzenkandidaten, réaffirme Manfred Weber. Je m’interroge sur les grands discours invoquant le changement démocratique en Europe, si ceux qui les tiennent ne comptent pas renoncer au secret et à l’opacité. » Une allusion à peine voilée à Emmanuel Macron. Sur ce point, PPE et S&D parlent d’une seule voix face au président français. « Le président Macron rejette le Spitzenkandidat parce que La République en Marche (créée en mai 2017) n’est pas organisée à l’échelle européenne, soulignent les eurodéputés socialistes français dans un communiqué. Elle sait que ce mode de désignation ne la mettra pas au centre du dispositif. » Paradoxalement, la position du couple franco-allemand sur ce sujet est partagée par les gouvernements nationalistes d'Europe centrale, mais ces derniers font plutôt valoir la primauté des Etats face à l'Europe.

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