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En effet, le statut officiel de candidat accorde à la Turquie un financement de l’UE, baptisé Instrument d’Aide de Pré-adhésion. Depuis 2007, Ankara a bénéficié de plus de 9 milliards d’euros d’aide pour s’adapter aux normes européennes et mener des réformes en vue de son intégration. Au moment où le budget de l’Union est débattu pour les prochaines années et que la tendance est aux économies, beaucoup d’eurodéputés s’interrogent sur la légitimité de cette aide au régime turc. Jordan Bardella (Patriots for Europe, extrême-droite) appelle, notamment, à “fermer le robinet des subventions”.

Avec le Français Christophe Gomart (Parti populaire européen, droite), le Chypriote Costas Mavrides a défendu un amendement, rejeté, qui proposait l’arrêt complet de la procédure d’intégration turque. Selon lui, ce statut de candidat donne à la Turquie un pouvoir géopolitique, qu’elle utilise pour poursuivre une “politique d’expansion néo-ottomane”. Il critique le “deux poids, deux mesures” de l’UE avec ce pays, qu’il juge dangereux par rapport à la Russie, qui fait, elle, l’objet de sanctions fermes. L’Union a des “armes économiques”, comme les sanctions, qu’elle devrait, selon Costas Mavrides, utiliser.

Une révision des quotas d’émissions automobiles de CO₂ sur les chapeaux de roue

Des appels à stopper l’adhésion de la Turquie

Plusieurs eurodéputés et notamment les Chypriotes, dont la partie nord de l’île est toujours sous occupation turque, se sont opposés publiquement au simple gel des négociations, qu’ils jugent trop doux. Giorgos Geordiou (The Left, extrême-gauche) dénonce : “La Commission et le Conseil sont prêts à tout céder à la Turquie.” Il met en avant le chantage opéré par Ankara autour de la migration. Les autorités turques, suite aux accords conclus en 2016 avec l’Union, ont disposé depuis de plus de 10 milliards d’euros pour garder les quatre millions de migrants syriens dans leurs frontières. Erdogan a régulièrement menacé de laisser passer les populations déplacées sur les routes migratoires vers la Grèce et la Bulgarie.

Mais depuis 2018, Ankara reste bloquée avec 16 chapitres ouverts sur 35 dans la procédure d’adhésion. Les négociations ont été gelées par les parlementaires en raison des vagues de répression de l’administration Erdogan, spécialement depuis la tentative de coup d’État manqué de 2016. Cette suspension est reconduite depuis, et les groupes politiques sont unanimes. Nora Mebarek (S&D, gauche) est catégorique : “L’adhésion n’est dans aucune tête.”

Près de sept ans d’inertie 

La Turquie s’est déclarée candidate dès 1987 pour rejoindre la Communauté européenne. Les négociations, elles, ont commencé en 2005. Le processus d’adhésion dans l’UE est une longue démarche qui fait appel à des critères spécifiques dits “de Copenhague” de 1993. Ceux-ci exigent que les pays candidats respectent la démocratie, garantissent l'État de droit, et aient des institutions stables avec une économie de marché. En 2006, un nouveau critère s’ajoute : “l’acquis communautaire”, la capacité pour un pays d’absorber les normes européennes.

Si le gouvernement turc maintient son souhait d’intégrer l’UE, le rapport pointe trop de manquements aux pré-requis d’adhésion. Il considère que “l'écart entre la Turquie et les valeurs et le cadre normatif de l’UE, qui sont au cœur du processus d’adhésion, n’a pas été comblé”. Le rapporteur du texte, l’espagnol Nacho Sánchez Amor (Sociaux et Démocrates, S&D), souligne que, même si une partie de sa population est europhile, “la Turquie est le seul pays candidat qui fait marche arrière”.

Si le gouvernement turc maintient son souhait d’intégrer l’UE, le rapport pointe trop de manquements aux prérequis d’adhésion. Il considère que “l'écart entre la Turquie et les valeurs et le cadre normatif de l’UE, qui sont au cœur du processus d’adhésion, n’a pas été comblé”. Le rapporteur du texte, l’espagnol Nacho Sánchez Amor du groupe Socialistes et Démocrates (S&D, gauche), souligne que, même si une partie de sa population est europhile, “la Turquie est le seul pays candidat qui fait marche arrière”.

Et pour cause : les atteintes du pouvoir turc à la démocratie et à l’État de droit s'enchaînent. La dernière en date, le 23 mars dernier : Ekrem Imamoglu, principal opposant à Recep Tayyip Erdogan, a été placé en détention sur décision de justice. En réaction, des dizaines de milliers de Turcs sont descendus dans les rues pour manifester. S’en sont suivies plus de 2 000 arrestations dans les grandes villes du pays.

Loris De Ciechi et Celia Moebs

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