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Autre solution évoquée dans l’hémicycle : l’ouverture à de nouveaux partenaires internationaux. Le Commissaire européen au Commerce et à la Sécurité économique Maroš Šefčovič a notamment appelé au développement de partenariats avec l’Inde, le Mexique ou encore la Chine. Ce qui n’est pas du goût de Manon Aubry, la présidente du groupe d’extrême-gauche The Left, qui ironise : “On vient de se prendre une baffe et vous tendez l'autre joue”. Son groupe dénonce l’échec du libre-échange, symbolisé par la guerre commerciale amorcée par Donald Trump.
La majorité des eurodéputés appelle à l’ouverture de négociations sur les droits de douane. Lors de l’introduction de taxes douanières par Donald Trump en 2018, l’Union avait réussi à calmer les tensions en concluant un accord avec l’administration américaine sur le soja. Eric Maurice, analyste politique pour l’European Policy Center, émet quelques hypothèses sur ces futures négociations : “Ça pourrait passer par des concessions sur l'achat de plus de gaz liquéfié américain ou par la proposition d’établir zéro droits de douane sur tous les échanges commerciaux industriels”. Ce que la gauche nuance. “Nous devons négocier, mais pas à n'importe quel prix”, prévient Kathleen Van Brempt, députée S&D. Le groupe insiste sur l’importance de préserver les valeurs européennes et de protéger l’État de droit.
L’extrême-droite préfère défendre une baisse des dépenses
Les groupes conservateur (ECR) et d’extrême-droite (PfE, ESN) ont tous voté contre l’introduction de nouvelles ressources qui provoquerait, selon eux, un nouvel endettement de l’UE. Les Patriotes pour l’Europe (PfE, extrême-droite) ont préféré recentrer le débat sur une baisse des dépenses : “De très nombreuses économies devraient plutôt être faites. Au lieu de vouloir créer des ressources propres qui seront encore des taxes ou des impôts pour nos concitoyens, créez plutôt un DOGE européen (en référence au Département pour l’efficacité gouvernementale dirigé par Elon Musk aux États-Unis, ndlr), nous serons heureux de nous en occuper”, ironise l’eurodéputé Julien Sanchez. L’ensemble des amendements déposés par les groupes d’extrême-droite ont été rejetés en plénière.
La Commission européenne proposera son plan de budget à long terme en juillet prochain en prenant en compte ou non l’avis des eurodéputés. Ensemble, ils devront tenter de convaincre les États membres d’adopter à l’unanimité la création de nouvelles ressources propres, bloquées au Conseil des ministres de l’UE depuis 2021.
L’extrême-droite préfère défendre une baisse des dépenses
De son côté, outre une augmentation des investissements dans les secteurs industriels et technologiques, l’extrême droite prône un allègement des normes écologiques du Pacte vert, qui entraveraient selon elles les entreprises du continent. Les députés espèrent ainsi inciter les entreprises à rester ou à s’implanter en Europe.
“Soyons clairs et soyons francs : pour répondre aux priorités et aux urgences, il faudra déjà progresser sur le débat en matière de ressources propres” a déclaré Piotr Serafin, commissaire au Budget, à l’issue des débats préparatoires sur le prochain budget de l’Union européenne (UE) pour 2028-2034. Les parlementaires ont appuyé la proposition de la Commission d’introduire de nouvelles ressources propres, pour ne plus dépendre des budgets nationaux à l’avenir.
Des moyens à la hauteur des enjeux
Les eurodéputés et la Commission appellent à une hausse du budget face à l’évolution du contexte général : aide à l’Ukraine, menaces douanières de Donald Trump, déficit de compétitivité ou encore aggravation du changement climatique. À partir de 2028, l’UE devra également rembourser l’emprunt NextGenerationEU contracté pendant la pandémie de Covid-19 pour financer le plan de relance européen. Chaque année, 15 à 25 milliards d’euros du budget seront consacrés à ce remboursement, soit 15 % de l’enveloppe totale. Face à ces enjeux, les rapporteurs se sont mis d’accord pour augmenter le plafond du budget au-delà du 1 % du Revenu National Brut (RNB) européen actuel pour réaliser les futurs investissements nécessaires.
Afin d’y parvenir sans augmenter la contribution des États-membres (64 % du budget total en 2023), les parlementaires des groupes libéraux et socialistes ont repris, dans les débats, la proposition de la Commission faite il y a deux ans sur l’introduction de nouvelles ressources propres : les échanges de droit d’émissions carbone, la taxe carbone aux frontières de l’UE et les taxes sur les multinationales. “C’est un enjeu de justice fiscale. On fait payer ceux qui ne paient pas aujourd’hui leur juste part d’impôts. Les géants extra-européens qui polluent avec la taxe carbone aux frontières par exemple”, rappelle Valérie Hayer, présidente du groupe Renew au Parlement. Le groupe Socialistes et Démocrates (S&D, gauche) s’est aligné sur cette position, à condition que l’argent mobilisé pour la défense et la sécurité ne prive pas de financement les autres secteurs.
Mais l’imprévisibilité du dirigeant suscite l’inquiétude des parlementaires et la bataille est loin d’être gagnée. En atteste le maintien des taxes appliquées à l’acier et l’aluminium par le président américain ou encore sa récente annonce de la taxation à 100 % des films étrangers.
Ces annonces de Donald Trump ont également été révélatrices de l’ampleur de la dépendance européenne vis-à-vis des États-Unis. Aussi, la plupart des eurodéputés ont exprimé leur volonté de s’en émanciper, notamment par le biais d’un renforcement de la protection des entreprises européennes. Selon la présidente du groupe S&D, Iratxe Garcia Perez, cette politique économique pourrait passer par l’exclusion des Américains des appels d'offres européens.
Des moyens à la hauteur des enjeux
Mais certains ne veulent même plus négocier. Pour les députés de l’extrême-gauche, cette méthode ne pourrait aboutir et entraînerait de nouvelles contre-mesures qui feraient de toute façon croître les tensions transatlantiques. Ils appellent à faire immédiatement pression sur les États-Unis, en taxant notamment “les géants de la tech” pour empêcher l’enrichissement de milliardaires comme Elon Musk.