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Elle comptera encore 1350 salariés en 2000. Le site de Cronenbourg héberge tout le processus de fabrication de la bière, du brassage à la mise en bouteille, mais aussi les services administratifs et commerciaux des brasseries Kronenbourg.

Selon Yves Grossiord, habitant de K’hutte, un habitat participatif financé en autopromotion, le point positif de ce quartier est "la variété d’individus, d’origines, de styles d’architecture". Il souligne toutefois que "tout reste à faire, ce n’est pas parce que c’est un écoquartier que tout va bien". Or celui qui est aussi l’architecte de K’hutte et président de l’association de quartier Brassage souligne certaines lacunes : "Il faut que l’on soit réellement un écoquartier. On doit faire le tri des déchets, accepter que ce soit un espace sans voiture. Vivre dans un bout de ville en 2019 et pour les années à venir, ce n’est plus comme on le faisait dans les années 1950."

Julien D.* s’est installé au 22 rue Hatt avec sa petite amie au mois de mars 2019 après un voyage d’un an en Australie : “L’Australie c’est un peu comme les Etats-Unis. On a vu la malbouffe, la consommation excessive. On faisait aussi de la randonnée et on était plus proches de la nature. Depuis, on s’intéresse à tout ce qui est gestion des déchets et au bio”. Le jeune couple fait le tri, possède un bac à composte dans sa cuisine et cultive une parcelle d’un jardin partagé au milieu du quartier. Circulant le plus souvent à vélo, ils souhaitent se séparer d'une de leur voiture. Cependant, Julien D. regrette “qu’il y ait des différences au niveau de la motivation. On voit dans les poubelles que certains ne font pas le tri, c’est bizarre pour un écoquartier...” 

* Le prénom a été modifié.

 “Je ne savais pas que ça serait un écoquartier, on ne le ressent pas forcément”

Habitante du 6 rue Hatt depuis cinq ans avec son mari et ses quatre enfants, Karima Driouch est venue ici pour quitter la Cité nucléaire et bénéficier d’un appartement social plus grand. Il aura fallu cinq ans de patience à la famille pour que le bailleur Ophéa (ex-CUS Habitat) leur propose l’écoquartier. “Je ne savais pas que ça serait un écoquartier, on ne le ressent pas forcément”, déclare-t-elle. 

 

David Darloy et Julien Lecot

L'Aquarium : une structure ouverte mais un public encore homogène

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Route de Mittelhausbergen, rue commerçante du sud de Cronenbourg. © Myriam Mannhart

Ils disent percevoir “entre 200 et 210 euros” par mois, de la part de l’OFII. “Juste assez pour manger, alors qu’on a beaucoup plus de besoins”, détaille Raid. La précarité financière entrave l’intégration dans le quartier. De plus, sans carte bancaire, des services et des loisirs restent inaccessibles. Ahmed voudrait reprendre la musculation : “Pour l’instant, je ne peux pas, ils ne prennent pas le liquide.”

“Il y aura toujours la barrière de la langue”

Raid regrette déjà la tranquillité de sa tour presque vide. Ahmed, lui, déplore le fait qu'"il y aura toujours la barrière de la langue.” Mais surtout, ils regrettent le cosmopolitisme parisien, une ville où “il y a plus de bénévoles et plus d’écoles pour apprendre le français, plus de gens qui parlent notre langue. Ici, c’est un peu désert, on rencontre peu de monde”

Vivant à Cronenbourg depuis plus longtemps que ses colocataires, Raid a eu le temps de “nouer de bonnes relations avec les voisins”. Pour les autres, les interactions avec les habitants de la tour Kepler étaient rares. Pourtant, tous prennent des cours de français quotidiens à l’Aquarium, le centre social et culturel de la Cité nucléaire et dans une école à Schiltigheim. Apprendre le français fait partie de leurs projets, au même titre que “jouer du piano” pour Momen ou encore “trouver un travail dans une entreprise et faire du foot au Neuhof” pour Mohammed.

**Le CADA, géré par la Croix-Rouge, suit les demandeurs d'asile dans leurs démarches et leur donne accès à des cours de français.

Achraf El Barhrassi, Enzo Dubesset, Inès Guiza et Madeleine Le Page

Les changements de population favorisent l'arrivée de quelques nouveaux commerces tandis que les enseignes implantées de longue date tentent de se moderniser. 

Composer avec les religions

Hébergés dans le sous-sol de l’église protestante de la Cité nucléaire, Les Disciples se définissent eux-mêmes comme une "association cultuelle et socio-culturelle". Leurs objectifs consistent, aux termes des statuts, à "soutenir le travail des paroisses et contribuer à l’épanouissement de la personne dans tous les domaines : physique, psychologique, spirituel et social, en fidélité à l’Évangile."

Pendant les petites vacances, Les Disciples organisent un voyage dans les Vosges. L’été, ce sont environ 80 enfants qui séjournent 15 jours au Centre de vacances de l’Église réformée à Arvert (Charente-Maritime). Des chants religieux sont parfois entonnés avant les repas. Selon le directeur, "l’association est un lieu où on vit la laïcité au sens premier du mot laïc ; c’est-à-dire dans l’acceptation de l’autre". Un animateur de l’Aquarium confirme : "Les Disciples font la même chose que nous, mais ils ont une étiquette religieuse, quand même." "C’est possible que des parents envoient leurs enfants ailleurs qu'aux Disciples parce que c’est une église", admet le pasteur.

Les familles musulmanes qui y déposent leurs enfants suscitent parfois l’étonnement, voire les critiques d’autres mères de la même confession : "Certaines femmes musulmanes, quand elles me voient sortir d’ici, elles me disent : 'Il ne faut pas aller là, c’est l’église !' ", témoigne Akila Bouchakur, qui confie ses deux filles à la structure depuis quatre ans. Une position tranchée loin d’être unanime au sein de la communauté.

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