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Politique de la ville : le sud du quartier devient zone prioritaire

19 septembre 2014

C'était le 17 juin dernier. Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, présentait la nouvelle géographie prioritaire du gouvernement. La politique de la ville, qui concernait de près ou de loin 2600 quartiers, n'en touche plus que 1300. Pour le gouvernement, l'objectif est d'éviter un « saupoudrage » des aides publiques et de simplifier un zonage considéré comme complexe. Les nombreux secteurs prioritaires (ZUS, quartiers prioritaires de type 1,2,3, etc.) sont remplacés par un seul dispositif : le quartier prioritaire de la ville (QPV). Objectif annoncé : recentrer les moyens étatiques sur les zones en ayant le plus besoin. A Strasbourg, le sud de la gare, anciennement « quartier prioritaire de type 2 », devient un QPV.

 

 

Nouvelle méthode, nouveau quartier

La grande nouveauté de cette réforme réside dans la méthode utilisée. Jusqu'à présent, les différents quartiers en zones prioritaires étaient définis par autant de critères (part des logements sociaux, taux de chômage, etc.) que de dispositifs. La nouvelle méthodologie utilise un seul critère, dit « objectif » par l'exécutif : la concentration des bas revenus. A présent, un quartier entre en zone prioritaire dès l'instant où 50% de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté. Cette limite correspond pour l'INSEE à moins de 60% du revenu médian de référence de la ville (soit 10 670 euros par an pour Strasbourg). Pour délimiter ces quartiers, la technique de « carroyage »  a été utilisée. Cette technique permet de changer d'échelle: ce n'est plus nécessairement l'ensemble d'un quartier qui est prioritaire, mais sa ou ses parties les plus en difficultés. 

 

Des disparités importantes entre nord et sud

Le passage de la partie sud du quartier Gare en QPV a été accueilli avec soulagement par nombre d'acteurs associatifs. En période de crise économique, cette mutation assure une augmentation des aides dédiées au quartier. Bien que des incertitudes subsistent sur les apports précis de ce nouveau statut, les associations apprécient la prise en compte des difficultés sociales qu'elles croisent au quotidien. « C'est rassurant parce qu'il y a encore du travail, note Renaud Fausser, président de l'Association des habitants du quartier gare. Pour moi, il y a autant de problèmes dans ce quartier qu'au Neuhof ». Connu pour son pôle culturel (Molodoï, Laiterie, Hall des chars), la partie sud du quartier connaît des difficultés sociales importantes comparées à celles présentes au nord du boulevard de Lyon. Le revenu médian faible de cette portion de quartier n'est qu'un indicateur des disparités existants entre le nord et le sud de l'ensemble. Elles se retrouvent également lorsqu'il est question d'emploi ou de réussite scolaire - près de neuf points d'écart séparent le quartier Gare dans son ensemble de sa partie classées QPV.

 

La politique de la ville cherche à réduire ces inégalités. Pour lancer ce processus, la mairie de Strasbourg aura jusqu'à fin décembre pour présenter les « contrats de villes » (ex-Contrats urbains de cohésion sociale) auxquels s'articule cette politique.  

Pierre Lemerle

 

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