Après trois ans d'enquête, les juges ont décidé, lundi 3 février, de mettre le groupe pharmaceutique en examen pour ne pas avoir suffisamment communiqué sur les dangers liés à son médicament.
L'entreprise Sanofi, premier groupe pharmaceutique français, comprend 33 sites en France, dont celui de Massy (Essone). Photo Lionel Allorge
Sanofi a annoncé sa mise en examen pour « tromperie aggravée » et « blessures involontaires » le 3 février dans la soirée. Une enquête est ouverte depuis septembre 2016 et vise la Dépakine, un médicament anti-épileptique produit et commercialisé par le groupe pharmaceutique et prescrit notamment dans les cas de troubles bipolaires.
En septembre 2015, une enquête préliminaire avait déjà été ouverte après le dépôt de plusieurs plaintes. Des femmes, à qui le médicament avait été prescrit alors qu'elles étaient enceintes, reprochaient à Sanofi un manque d'information sur les risques que représentaient la Dépakine pour le fœtus. Le médicament peut entraîner des malformations congénitales chez l'enfant, augmenter le risque d'autisme ou entraîner des retards intellectuels.
Une quarantaine de personnes ont déposé une plainte au pénal dans ce dossier « d'une gravité extrême et qui concerne en réalité des milliers de victimes », d'après Charles Joseph-Oudin, avocat de l'Apesac, l'Association d'aide aux parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anticonvulsivant, à l'origine de l'ouverture de l'enquête en 2016. « C'est un retournement du dossier, qui jusqu'ici n'avançait pas beaucoup », s'est aussi réjoui l'avocat, joint par l'AFP.
D'après l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et l'Assurance maladie, entre 2150 et 4100 enfants sont nés avec des malformations dues à la Dépakine depuis 1967, date du début de la commercialisation du médicament.