Plus notre santé mentale est dégradée, plus on a de chances de développer une addiction. C’est ce que montre une étude de l’agence de sondages Odoxa, publiée mercredi 5 février.
Les souffrances psychologiques accentuent les chances de développer un trouble addictif. Photo Pixabay
Érigée grande cause nationale de l’année 2025 par le gouvernement, la santé mentale est au cœur de la dernière étude publiée par l’entreprise de sondages Odoxa. Commandée par le cabinet GAE Conseil, spécialisé en gestion de l’addiction dans les milieux professionnels, elle démontre le manque de prévention en France. Réalisée auprès d'un échantillon de 2 010 personnes majeures représentatives de la population française, elle met en lumière plusieurs problématiques.
“Les addictions sont souvent une réponse à une souffrance psychique non prise en charge.”
L’étude révèle qu’environ 60 % des Français qui ont souffert d’un trouble en santé mentale au cours des cinq dernières années souffrent d’au moins une pratique addictive contre seulement 31 % de ceux qui ne présentent aucun trouble. “Cette étude confirme une réalité que nous observons sur le terrain : les addictions sont souvent une réponse à une souffrance psychique non prise en charge. Il est urgent d'agir pour prévenir ces situations et accompagner efficacement les personnes concernées”, explique Alexis Peschard, fondateur du cabinet GAE Conseil en réponse à l’étude.
Autre chiffre clé, deux tiers des Français ont souffert d’un trouble mental au cours de leur vie. Ce chiffre atteint même 45 % depuis la crise sanitaire. Plusieurs facteurs peuvent augmenter ce risque comme le genre, l’âge ou le statut : les femmes sont par exemple plus enclines à souffrir de troubles de santé mentale que les hommes (69 % en ont déjà souffert dans leur vie contre 54 % pour les hommes).
Le mésusage de médicaments psychotropes inquiète
L’étude tire la sonnette d’alarme sur le mésusage de médicaments psychotropes. Parmi les Français qui ne souffrent d’aucun trouble mental, 2 % consomment au moins une fois par semaine des médicaments sans ordonnance. Un chiffre presque multiplié par 10 pour les individus ayant souffert d’un trouble psychologique au cours des cinq dernières années. En comparaison, pour la consommation de cannabis, ce chiffre est “seulement” multiplié par 4 et par 6 pour ce qui est de la cocaïne.
Si pratique addictive ne veut pas forcément dire addiction (il est possible de consommer un produit psychoactif comme de l’alcool, du tabac ou encore de la drogue sans nécessairement avoir un trouble de l’usage), les chiffres sur ce phénomène restent tout de même alarmants.
La prévention comme solution
“Les pathologies addictives sont celles qui ont le taux de «TreatmentGap» (écart entre le nombre de personnes souffrant d'une pathologie et le nombre de personnes traitées, ndlr) le plus élevé parmi les pathologies psychiatriques. Il y a urgence à agir en prévention !”, indique Alexis Peschard dans le préambule de l’étude.
Une idée confirmée par un autre chiffre : 79 % des personnes sondées estiment que “les employeurs n’agissent pas suffisamment pour prévenir et accompagner les addictions et les problèmes de santé mentale”. Un pourcentage à mettre en balance avec une autre donnée importante : la moitié des Français ayant été confrontés à un trouble de santé mentale font le lien avec leur situation professionnelle.
Une piste sérieuse pour les entreprises mais surtout pour le gouvernement qui a déjà annoncé vouloir développer la prévention et le repérage précoce de ce genre de troubles.
Gustave Pinard
Edité par Lilou Bourgeois