Les partenaires sociaux ont échoué jeudi à se mettre d'accord pour renflouer les caisses des régimes complémentaires. Et pourtant, le temps presse.
Ce devait être l'ultime négociation entre patronat et syndicats. Mais ils ont jeudi échoué à accorder leurs violons sur l'avenir des régimes de retraites complémentaires, en grande difficulté financière. Ils se retrouveront mercredi, pour de nouvelles négociations. Ouvertes en novembre, elles visent à assainir la situation financière délicate de l'Agirc (le régime de retraites complémentaires des cadres du privé) et de l'Arrco (celui des salariés du privé) que gèrent conjointement syndicats et patronat.
Le besoin de financement est estimé entre 6 et 10 milliards d'euros d'ici à 2017. Mais l'urgence se profile. Si aucun accord n'était trouvé avant le 1er avril prochain, les pensions seraient automatiquement revalorisées à hauteur de l'inflation, ce qui creuserait encore un peu plus les déficits. La question est de savoir comment répartir les efforts entre retraités, actifs et patronat. Or les partenaires ne sont d'accord ni sur la hausse des cotisations, ni sur la désindexation temporaire des pensions sur l'inflation
Taux d'appel contre taux contractuel
Le taux de cotisation des régimes complémentaires se calcule de deux manières différentes. Il y a le « taux contractuel » qui ouvre des droits à la retraite (plus on cotise, plus la retraite est élevée). Et il y a le « taux d'appel », qui n'ouvre pas de nouveaux droits (même si on cotise plus, la pension ne sera pas plus élevée). Ce dernier taux sert à renflouer les caisses.
Les syndicats souhaitent avant tout une hausse du « taux contractuel ». Le patronat veut quand à lui augmenter le « taux d'appel ». « Il est légitime (...) qu'on soit attentifs à ne pas créer des charges supplémentaires », sur les régimes via « des droits nouveaux » à la retraite, justifie M. Pilliard.
Désindexation
Dans quelle mesure réajuster la revalorisation des pensions par rapport à l'inflation ? C'est l'autre question sensible qui divise les partenaires sociaux. Et pour cause, elle touche directement au pouvoir d'achat des retraités. Le patronat milite pour une hausse des pensions limitées à un point de moins que l'inflation pendant trois ans (jusqu'en 2015). Des conditions « inacceptables » rétorque M. Pihet. Eric Aubin (CGT) appelle lui le Medef à « revoir sa copie ».
Régime de base en ligne de mire
Les syndicats estiment par ailleurs que le Medef utilise les négociations sur les régimes de retraites complémentaires comme « moyen de pression » sur le gouvernement, qui prépare une réforme du régime général. L'exécutif a d'ailleurs laissé entendre qu'il pourrait s'inspirer d'un éventuel accord sur les complémentaires pour sa réforme sur le régime général, qui doit intervenir d'ici à la fin de l'année. Le ministre du Travail Michel Sapin s'est toutefois montré prudent et a plusieurs fois récusé cette semaine tout« parallélisme » entre les deux dossiers.
En attendant, les partenaires sociaux se retrouveront mercredi prochain pour de nouvelles discussions. L'échéance du 1er avril approchant, ils devront cette fois jouer à l'unisson.
Rémy Dodet