Le procureur a plaidé pour l'abandon des poursuites pour proxénétisme aggravé engagées contre l'ancien directeur du FMI. Le réquisitoire a été moins clément pour le gestionnaire de maisons closes Dodo la Saumure, présenté comme le "boss" du réseau de prostitution. L'accusation demande deux ans d'emprisonnement.
Dominique Strauss-Kahn (photo: AFP)
Dans le procès du Carlton, le représentant de l'accusation suit les recommandations émises par les parties civiles lundi et plaide la relaxe pour le plus célèbre des prévenus. Selon le procureur Frédéric Fèvre, Dominique Strauss-Kahn est "bien loin de l'amour courtois, mais ses SMS ne traduisent pas l'activité d'un proxénète". Concrètement, il estime que l'ancien directeur du FMI n'a pas organisé les parties fines et n'en a tiré aucun bénéfice financier. Mieux, il s'est montré choqué de l'emballement autour de la personne de Dominique Strauss-Kahn tout au long du procès : "J'ai été troublé par l'évocation récurrente des pratiques sexuelles de DSK, seul prévenu pour lequel on a poussé aussi loin le soucis du détail." Il souligne que Dominique Strauss-Kahn aurait dû être traité comme n'importe quelle personne.
La plaidoirie du procureur est plus sévère pour Dominique Alderweireld, alias Dodo la Saumure, le propriétaire de maisons closes en Belgique. Pour le procureur, c'est lui le "boss, même s'il tente de nous faire croire le contraire". Il demande deux ans d'emprisonnement, dont un an avec sursis et 10.000 euros d'amende. C'est la seule peine de prison ferme requise. Les autres peines requises vont d'amendes simples à deux ans d'emprisonnement avec sursis.
Béatrice Legrain, qui avait travaillé dans un bar de Dodo la Saumure et qui est maintenant sa compagne et associée devrait être, selon l'accusation, condamnée à trois mois avec sursis et une amende de 5.000 euros. Le procueur a aussi demandé deux ans d'emprisonnement avec sursis pour Fabrice Paszkowski, un ami de Dominique Strauss-Kahn. Il serait "le recruteur, financier et gentil organisateur" des soirées.
L'accusation a requis huit mois avec sursis et 10.000 euros d'amende pour Francis Henrion et Hervé Franchois qui travaillaient à l'hôtel Carlton, ainsi que 1.500 euros d'amendes pour Antoine Tran et Ann-Sophie Ville, le couple adultérin. Pour le procureur, ce sont les seuls prévenus qui ont exprimé spontanément des regrets.
Concernant l'ex commissionnaire divisionnaire Jean-Christophe Lagarde, le procureur demande la relaxe au bénéfice du doute. Il souligne cependant que "son absence de discernement est inquiétant pour un policier de ce niveau. Perspicace et clairvoyant dans son activité professionnelle, il devient totalement aveugle dans la vie privée".
Après les plaidoieries qui doivent se terminer mercredi, le jugement sera mis en délibére en fin de la semaine.
Thibaud Roth et Assata Frauhammer