Les greffes d'organes ont atteint un chiffre record, avec 5 746 transplantations l'année dernière. Un résultat qui peut s'expliquer par une politique volontariste et une meilleure prise de conscience du grand public.
Le nombre de greffes d'organes n'a jamais été aussi élevé en France. L'année dernière, 5 746 opérations ont été enregistrées, soit une augmentation de 7 % par rapport à 2014, selon une étude publiée mardi par l'Agence de biomédecine, qui dépend du ministère de la Santé.
Comment expliquer cette hausse ? Car, contrairement aux Etats-Unis ou à l'Europe du Nord, la transplantation "reste un sujet tabou", rappelle Pierre Noir, vice-président de France-Adot, la Fédération des associations pour le don d'organes et de tissus humains.
L'une des raisons qui explique le nombre record de transplantations est le développement des greffes de reins à partir de donneurs vivants. En 2012, le ministère de la Santé a souhaité promouvoir cette méthode, dans le cadre de son deuxième Plan greffe. La politique volontariste du gouvernement semble porter ses fruits. L'année dernière, 547 greffes de reins ont été réalisées à partir de donneurs vivants contre seulement 357 en 2012. Cependant, cette pratique reste minoritaire : elle ne représentait que 15,7 % des 3 486 greffes de reins en 2015. La modification de la législation en 2011 est aussi à prendre en compte, selon Pierre Noir. Avant, seul le cercle familial pouvait se porter volontaire dans le cadre d'une greffe de rein à partir d'un donneur vivant. Aujourd'hui, ce cercle est élargi aux proches.
Meilleure organisation du personnel
Le vice-président souligne aussi la meilleure organisation du personnel médical. La plupart des prélèvements et des greffes se font dans de grands hôpitaux qui disposent d'équipes spécialisées. Mais, ces dernières années, des efforts ont été réalisés envers les petits établissements, où des infirmières coordinatrices sont chargées de repérer les possibilités de prélèvement et de les signaler aux hôpitaux compétents.
Pierre Noir apporte une autre raison à cette hausse, moins évidente. Il évoque le cas très médiatisé de Vincent Lambert, un jeune homme tétraplégique et en état végétatif. Huit ans après son accident de la route, ses parents souhaitent le maintenir en vie, mais sa femme et son neveu demandent l'arrêt des traitements, comme le permet la loi Leonetti dans certains cas. "Même si ce n'est pas lié au don d'organes, cela a été l'occasion pour chacun d'entre nous de réfléchir à sa propre mort", explique le vice-président de France-Adot.
Le nombre record de transplantations en 2015 reste à relativiser, la liste des personnes en attente de greffe ne cessant de s'allonger. Elles sont aujourd'hui 21 378, soit plus du double d'il y a environ vingt ans.
Christelle Pravixay