Le projet de loi sur la transition énergétique est débattu depuis le mardi 9 septembre en commission à l'Assemblée nationale. Nombre d'associations pour la protection de l'environnement n'ont pas été satisfaites par le texte. Parmi elles, la fondation Nicolas Hulot a proposé ce mercredi 10 mars 35 mesures afin d'amender le texte actuellement travaillé par les parlementaires. D'autres associations se sont manifestées comme France nature environnement. Adeline Mathien, coordinatrice du réseau énergie de l'association, regrette des manques dans le texte proposé.
Que reprochez-vous au projet de loi présenté par Ségolène Royal ?
Le projet comporte des manques importants, notamment concernant les objectifs établis. Le gouvernement propose une réduction de la consommation d'énergie de 50% d'ici à 2050. C'est trop loin. Il faut donner un objectif intermédiaire. Dans le cadre du plan climat, la France doit déjà réduire sa consommation suivant la règle des " trois fois 20 ". Pour 2020, elle doit avoir réduit sa consommation en gaz à effet de serre de 20%, sa consommation d'énergie et atteindre 20% d'énergies renouvelables. Mais entre les années 2020 et 2050, aucune étape intermédiaire n'est prévue pour que la baisse de la consommation s'effectue sans difficulté.
La rénovation des bâtiments proposée par la loi vous semble-t-elle prioritaire ?
L'objectif de rénovation des bâtiments est un bon point. Malheureusement, il manque d'ambition. Il n'y a pour l'instant aucun élément contraignant pour pousser à rénover. Nous voudrions poser des obligations aux propriétaires. Ceux-ci ne pourraient plus louer des bâtiments consommant trop d'énergie. Par ce biais, la loi permettrait de lutter contre la précarité énergétique [elle correspond à une situation où les personnes ne peuvent répondre à des besoins primaires : se nourrir, se chauffer etc.]. Autre point, il n'y a pas d'objectifs fixés par le texte en terme de rénovation de bâtiment. Il s'agit de se poser un but : rénover tous les bâtiments pour 2050 afin que ceux-ci correspondent aux normes des bâtiments basse énergies ou équivalents. Ces rénovations permettraient en plus de relancer la croissance via l'emploi d'ouvriers tout en effectuant des économies d'énergie une fois les logements construits.
crédit photo : Mossot
Que pensez-vous de la position du texte sur le nucléaire ?
Aucun démantèlement de réacteur n'est prévu pour l'instant [le texte veut réduire la part du nucléaire dans la production d'électricité à 50% d'ici à 2025]. Il faut que l'on sache vite ce qu'on en fait. Étonnamment, on se rend compte qu'EDF ne sait même pas les démanteler. C'est pourquoi nous demandons à ce qu'à chaque visite décénale des centrales, un plan de déconstruction soit réalisé. Il faut agir vite car ces processus seront lents. Il faut par exemple au moins une dizaine d'années pour refroidir les éléments radioactifs présents dans les centrales.
Propos recueillis par Pierre Lemerle