Alors que le stade d’épidémie agit sur tout le territoire français, la campagne de vaccination contre la grippe se prolonge jusqu’au 29 février. Une initiative qui laisse dubitatifs certains médecins et pharmaciens
La campagne de vaccination anti-grippale qui devait s’achever le 31 janvier a été étendue au 29 février. Au dernier jour de cette opération initiée par l’Assurance maladie, Sophie Reich, pharmacienne strasbourgeoise, affirmait pourtant qu’ « il [était] trop tard pour se faire vacciner » aux vues de la propagation massive du virus, en phase d’épidémie selon Santé publique France. Claude Bronner, médecin et président de l’Union des généralistes confirme : « Le traitement agit deux à trois semaines après son injection. Statistiquement, le vaccin est inutile en période d’épidémie car le patient a bien plus de chance de tomber malade avant ce délai. »
Pour justifier la prolongation de la campagne, le site internet de l’Assurance maladie, ameli.fr, avance le développement tardif du virus par rapport aux années précédentes. « C’est logique, réagit Claude Bronner. Mais cette décision relève peu d’une affaire de santé publique. Il reste des vaccins à écouler, on incite fortement la population à passer à l’acte et je doute de l’efficacité du vaccin anti-grippal sur les jeunes populations. »
Pas d’explications du côté de l’Agence régionale de Santé (ARS) Grand Est, ni de Santé publique France ou encore de l’Assurance maladie pour connaître les raisons de l’allongement de l’opération vaccinale. Contactés par Cuej.info, les trois organismes se renvoient la balle sans apporter de réponse.
Le nombre de personnes vaccinées n’aurait pas augmenté cette année
« Les épidémies de grippe se produisent tous les ans », souligne Sophie Reich qui pratique pour la première fois, comme 80% des pharmacies de la métropole, l’acte de vaccination à l’officine. Pour Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine qui s’exprimait ce mercredi 5 février sur France Info, la vaccination en pharmacie aurait incité plus de personnes à se prémunir du virus. Cet hiver, près de 10 millions de français auraient été traités contre la grippe, soit 600 000 de plus que l’année précédente.
Propagation du virus de la grippe sur le territoire français le 5 février, Santé Publique France
Des chiffres que le médecin strasbourgeois Claude Bronner, nuance : « Le nombre de personnes vaccinées n’a pas augmenté cette année. Depuis peu, les pharmaciens administrent le vaccin aux plus fragiles : femmes enceintes, personnes âgées, atteintes d’obésité ou de maladies chroniques. Un acte auparavant réalisé par les infirmiers. » En clair, la démarche d’accès à la vaccination semble simplifiée mais le nombre de personnes immunisées n’augmenterait pas pour autant.
Puisqu’il n’est plus temps de se faire vacciner, Sophie Reich recommande la prise d’homéopathie ou d’huile essentielle de Ravintsara, antiviral naturel proche de l’eucalyptus, pour prévenir la maladie qui se manifeste principalement par de fortes fièvres et des courbatures. Et pour éviter sa propagation, on jette ses mouchoirs usagés et on se lave les mains régulièrement. « Le port du masque n’a aucune utilité pour les personnes non contaminées par le virus, il permet seulement à ceux qui seraient déjà infectées de ne pas favoriser la contagion, reprend la pharmacienne. Cela vaut aussi pour le Coronavirus. »
Loana Berbedj