En cette veille de grève massive de la RATP, le terme a été martelé parmi les solutions pour pouvoir répondre à ses obligations professionnelles. Mais télétravailler, est-ce uniquement une issue de secours ?
Il fait de plus en plus parler. Aujourd’hui à cause de la grève à venir. Hier, en raison des chaleurs caniculaires - la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne avait encouragé à y recourir. Mais le télétravail n’est pas qu’une mesure de force majeure. Il est codifié dans la loi, réglementé dans les entreprises. Et près d’un quart des Français s’y adonnent à l’année. Une demande sociale qui est permise par l’émergence des outils numériques.
Qu’est-ce que c’est ?
Né en 2005 en France d’un accord interprofessionnel, il concerne toute organisation du travail qui aurait pu être exécuté dans les locaux de l’employeur, et qui est volontairement effectué autre part, à l’aide de la technologie. Un télétravailleur n’est donc pas un travailleur à domicile – ce dernier exerce son activité exclusivement chez lui.
Les pouvoirs publics en valorisent l’usage. Avant 2017, il était nécessaire de modifier son contrat de travail pour y avoir accès. Il suffit désormais d’un simple accord écrit. Et les salariés du privé ne sont pas les seuls à pouvoir en bénéficier : les fonctionnaires aussi peuvent être des « télétravailleurs ».
À quoi ça sert ?
À permettre de la souplesse. Être libre de ses horaires, ne plus devoir prendre le métro quotidiennement aux heures de pointe, travailler où l’on veut... Le concept fait décidément envie. Pour 67% des Français, il est même décisif dans leurs choix professionnels, selon une étude OnePoll. Au-delà d’un simple changement de moyens, c’est la philosophie du travail qui évolue.
En France, la culture dominante a retardé cette mutation. L’efficacité a longtemps été perçue comme conditionnée à une présence physique, entraînant parfois un présentéisme ravageur. Mais quand plus de la moitié des sondés déclarent que les temps de trajet sont pénibles, il est nécessaire d’interroger les pratiques. Surtout, la productivité ne serait pas mise à mal par la non-présence sur le lieu de l’entreprise. Ce serait même l’inverse.
Les objectifs de cet outil à disposition du salarié sont variés, tant pour les entreprises que pour les travailleurs. Il peut permettre, par exemple, à des personnes en mobilité réduite d’accéder à un poste. Aussi, dans des territoires éloignés de nos grandes métropoles, il peut favoriser le maintien ou le développement d’activités. La solution semble gagnant-gagnant.
Qui peut le pratiquer ?
Le télétravail est encadré. Aussi bien dans le temps que dans les entreprises et dans sa mise en oeuvre. Pour savoir si votre poste est éligible, vérifiez si l’accord collectif ou la charte élaborée par votre employeur l’a fixé. En théorie, tout salarié qui souhaite télétravailler devrait pouvoir en faire la demande à son employeur. Dans les faits, de nombreuses sociétés traînent encore la patte. Peur d’une organisation chaotique, d’un délitement des liens, d’une baisse d’investissement ou d’un manque de suivi... L’usage reste moins répandu que dans le reste de l’Europe, notamment comparé à nos voisins nordiques.
Surtout, il n’est pas possible de l’étendre à tous les corps de métiers. Dans le commerce ou la restauration par exemple, la présence physique est souvent nécessaire. Pour la ministre du Travail Muriel Pénicaud, 60% des métiers sont aujourd’hui aptes à proposer cette pratique professionnelle, comme elle le déclarait sur BFM TV.
Comment le pratique-t-on ?
Télétravailler ne rime pas avec liberté. Pas totale, en tout cas. Les conditions sont parfois strictes. Dans le public, un fonctionnaire ne peut pas le pratiquer plus de trois jours par semaine. Et son usage reste encore mal vu. Beaucoup l’associent à un exercice moins contraignant, donc moins difficile. Pourtant, ceux qui le pratiquent voient souvent leur plage horaire de travail augmenter, montre l'étude de l'Observatoire du travail et de l'ergostressie. Quand on exerce son activité professionnelle plusieurs jours par semaine depuis chez soi, la déconnexion est parfois difficile.
Marine Godelier