"Quand je pense quelque chose, je le dis […]." De passage sur France 24, Roland Dumas a réitéré ses propos controversés sur Manuel Valls tenus lundi matin sur BFM TV. Interrogé par Jean-Jacques Bourdin qui lui demandait si le Premier ministre était "sous influence juive", Roland Dumas avait répondu "probablement, je peux le penser". L'ancien ministre des Affaires étrangères avait évoqué quelques secondes plus tôt l'influence d'Anne Gravoin, la femme du Premier ministre, sans toutefois la nommer : "Il a des alliances personnelles qui font qu'il a des préjugés. Chacun sait qu'il est marié à quelqu'un, quelqu'un de très bien d'ailleurs, qui a de l'influence sur lui."
A la suite de cet échange, des plaintes ont été adressées au CSA, dont celle de David-Xavier Weiss, conseiller national UMP qui estime que Jean-Jacques Bourdin a incité Roland Dumas à tenir des propos antisémites. "Nous instruisons un dossier", a déclaré à l'AFP un porte-parole du gendarme de l'audiovisuel, sans préciser qui était visé par l'enquête.
Le principal intéressé, Manuel Valls, a répliqué lundi après-midi, indiquant que les propos de Roland Dumas ne faisaisent "pas honneur à la République". "L'antisémitisme n'est pas une opinion, ce n'est pas une plaisanterie", a ajouté le chef du gouvernement.
Le monde politique dans son ensemble n'a pas tardé à réagir à l'intervention de l'ancien ministre des Affaires étrangères. Claude Bartolone, président socialiste de l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux, président du groupe PS et Roger Karoutchi, vice-président de l'UMP ont notamment fait part de leur indignation sur Twitter.
Révolté par les propos de Roland Dumas qui relèvent d’un antisémitisme ordinaire et d’un complotisme délirant. Ne rien laisser passer.
— Claude Bartolone (@claudebartolone) 16 Février 2015
Révulsé par les propos de monsieur Dumas sur @manuelvalls. Au moment où il faut combattre ceux qui prônent l'antisémitisme, c'est honteux
— Bruno Le Roux (@BrunoLeRoux) 16 Février 2015
Roland Dumas va avoir 93 ans..L'âge du silence médiatique..ou de la révélation de la vraie personnalité?Ses propos sont odieux..comme lui?
— Roger KAROUTCHI (@RKaroutchi) 16 Février 2015
"Ce sont des polémiques complètement stériles", a de son côté commenté Marine Le Pen, présidente du Front national, sur BFM TV.
Les déclarations de Roland Dumas font notamment écho à un article publié par l'hebdomadaire Valeurs Actuelles en janvier 2014, alors que Manuel Valls était encore ministre de l'Intérieur. "De nombreuses sources, Place Beauvau, attestent du jusqu'au-boutisme d'Anne Gravoin, elle-même membre de la communauté juive, dans la lutte contre l'humoriste controversé (Dieudonné, NDLR). Une influence qui expliquerait que Manuel Valls ait mis tout son poids dans un combat pourtant loin d'être prioritaire", pouvait-on alors lire dans le magazine.
L'humoriste controversé Dieudonné M'Bala M'Bala a également régulièrement attaqué Manuel Valls avec cet argument, qualifiant le Premier ministre de "petit soldat israélien veule et docile".
Maxime Battistella