Le suicide d'un inspecteur du travail le 18 janvier à Lille remet sur le devant de la scène la pression que subit cette profession.
Le suicide de l'un d'entre eux, en mai 2011, dans les bureaux parisiens de la direction générale du travail, avait déjà suscité une vive émotion. Celui de Romain Lecoustre, le 18 janvier à Lille, fait, cette fois, souffler un vent de contestation au sein de la profession.
Les syndicats CGT, CFDT, FO, FSU, Sud et UNSA ont appelé les inspecteurs du travail à une grève nationale, ce mardi 7 février. Une manifestation a réuni entre 200 et 300 personnes en fin de matinée devant le ministère du Travail.
Les syndicats dénoncent avant tout des conditions de travail difficiles et une "pression croissante sur les chiffres". Il réclament par ailleurs que le suicide de Romain Lecoustre soit qualifié en « accident de service », l'équivalent pour les fonctionnaires de l'accident du travail.
La détresse des agents
Les obsèques de Romain Lecoustre, le mardi 24 janvier, avaient rassemblé beaucoup de ses collègues, qui avaient manifesté leur colère, deux jours plus tard, devant les locaux de la Direction régionale du travail du Nord.
Car, en juillet 2011, Romain Lecoustre avait déjà tenté de mettre fin à ses jours. Les syndicats avaient alors alerté leur hiérarchie.
Quelques mois plus tard, le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail rendait un rapport sur les conditions de travail sur le site d'Arras, là où Romain Lecoustre travaillait à l'époque. Les experts dénombrent quatre départs en un peu plus d'un an dans ce service d'inspection, et dénoncent une « situation de tension avec le supérieur hiérarchique, de mal-être, de stress, sources de souffrance au travail ».
Des éléments largement repris dans la lettre laissée par Romain Lecoustre pour expliquer son geste.
Des conditions de travail difficiles
En deux ans, les syndicats ont relevé quatre suicides parmi les inspecteurs du travail. Le ministère du travail en dénombre, lui, trois depuis 2007, mais aucun de ces suicides n'a été reconnu comme accident de service.
Une quarantaine de cahiers de doléance ont été rédigés ces dernières années par les services d'inspection du travail, et ont été transmis à la direction régionale. Y sont décrites la souffrance des agents et le sentiment d'une perte de sens de leur métier.
Sans oublier le danger qui pèse parfois sur la profession : en 2004, deux agents de contrôle avaient été tués par un exploitant agricole de Dordogne.
Aude Raso