La Commission européenne a interdit, mercredi 6 février, la fusion entre l’allemand Siemens et le français Alstom. Un soulagement pour les syndicats qui s’opposaient au projet.
Claude Mandart, délégué syndical central CFE-CGC d’Alstom, ne cache pas son soulagement à l’annonce de la décision de la Commission européenne de rejeter le projet de fusion entre l’allemand Siemens et le français Alstom. «Le fait qu’il y ait un véto ne peut que nous satisfaire», détaille le syndicaliste. Même soulagement pour Force ouvrière où l’on redoutait une centaine de suppressions de postes. «Le risque numéro était bien évidemment au niveau de l’emploi», estime Vincent Jozwiak, secrétaire du syndicat FO chez Alstom.
Pour l’intersyndicale, l’union Siemens-Alstom n’en était pas une. «Il s’agissait purement et simplement d’une absorption d’Alstom par Siemens», s’insurge Claude Mandart. Selon lui, le rachat par le groupe allemand aurait nécessairement mené à la suppression de postes côté français. Les doublons auraient été supprimés, à l’instar du poste de DRH, «mais il n’aurait pas été le seul touché», rappelle t-il.
Un projet néfaste pour la concurrence européenne
Bruxelles a jugé la fusion des deux fleurons de l’industrie ferroviaire, dangereuse pour la concurrence intra-européenne. Elle risquait de faire monter les prix des trains pour les compagnies et par conséquent celui des billets pour les consommateurs.
Avant même l’annonce officielle de la décision de la Commission, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, fustigeait «une erreur» qui allait «servir les intérêts économiques et industriels de la Chine.» Face à eux, le groupe chinois CRRC, numéro un mondial du ferroviaire, fabrique 200 trains à grandes vitesse chaque année, tandis que Siemens-Alstom en aurait produit 35.
C’est tout le contraire pour Vincent Jozwiak qui rappelle que pour le moment la Chine n’est que très peu présente sur le marché européen. C’est justement l’absence de concurrence intra-européenne qui accélèrerait l’entrée des chinois sur le marché commente Claude Mandart. Pour le syndicaliste CFE-CGC, «Alstom est un groupe solide financièrement», une fusion avec Siemens n’est donc pas nécessaire pour s’imposer contre la concurrence asiatique.
«On espère que cette décision aura l’effet d’un électrochoc», confesse Vincent Jowziak, pour qui une restructuration du marché est toutefois nécessaire. Claude Mandart, va lui aussi dans ce sens : «Il faut préparer le long terme et consolider le marché ferroviaire européen». Sans pour autant préconiser une fusion systématique des grands acteurs du secteur, les deux syndicats ne sont pas contre des accords temporaires. «La collaboration avec Bombardier pour la construction des nouvelles lignes de RER parisiens» par exemple est un succès note Vincent Jowziak. Ces initiatives permettent selon lui, de réduire les coûts tout en préservant l’emploi.
Tifenn Clinkemaillié