Emmanuel Macron vient d’annoncer sa demande de déclassification d’archives du crash du vol Ajaccio-Nice, 51 ans après le drame. Une requête en adéquation avec la politique du président.
Emmanuel Macron / Photo (CC BY 2.0)
C’est un soulagement pour les familles de victimes, 51 ans après les faits. Le président de la République a annoncé le 10 septembre, sa demande au ministère des Armées de lever le secret-défense sur l’accident du vol Ajaccio-Nice, le 11 septembre 1968 qui a fait 95 victimes dont 13 enfants. Cette décision fait écho à la cérémonie d’hommage au victime le 10 et 11 septembre à Nice et Ajaccio.
Faire taire les accusations d'ingérences
Depuis le début de son quinquennat, Emmanuel Macron multiplie les actions en faveur des ouvertures d’archives. À la fois symboliques et politiques, ces annonces sont faites à des moments particuliers. Les premières déclarations le chef de l’Etat d’ouverture d’archives portaient sur la place de la France dans des conflits hors de ses frontières.
En novembre 2017, lors de sa visite officielle au Burkina Faso, Emmanuel Macron déclare la déclassification des archives françaises sur la mort de Thomas Sankara, révolutionnaire et ancien président du Burkina Faso de 1983 à 1987. La décision entraîne leur transmission à la justice burkinabaise. Un symbole pour faire taire les accusations d'ingérences de la France dans ses anciennes colonies. En septembre 2018, il reconnaît la responsabilité de l’Etat dans la disparition de Maurice Audin, mathématicien communiste, en 1957, durant la guerre d’Algérie. Le décret de l’ouverture des archives a d’ailleurs été publié, ce 10 septembre 2019. En Afrique toujours, les documents concernant le rôle des militaires français dans le génocide des Tutsi au Rwanda de 1994 ont été déclassifiés. Un geste fait à l’occasion de la commémoration des 25 ans du génocide en avril 2019.
Répondre avant tout aux familles des victimes
La demande transmise le 10 septembre 2019 à la ministre des Armées concerne pour la première fois un secret-défense sur le territoire de la métropole. Une déclaration inédite pour Emmanuel Macron d’autant plus que les élus locaux de Nice et d’Ajaccio ont sommé l’Etat d’ouvrir ces archives. Christian Estrosi, maire de Nice, Jean-Guy Talamoni, président de l’assemblée de Corse, et Laurent Marcangeli, maire d’Ajaccio ont fait parvenir un courrier au président en 2018 et renouvelé le 9 septembre 2019, pour lui réclamer d’accès à leur demande. Mais c’est à l’association des familles des victimes de l’accident que le chef de l’Etat souhaite répondre comme il l’explique dans sa lettre adressée au président de l’association, Mathieu Paoli. Dans celle-ci, le chef de l’Etat assure qu’il « entend [leur] quête en faveur de la manifestation de la vérité ».
La demande d’Emmanuel Macron sera examinée par la commission de défense nationale qui doit statuer sur la déclassification des documents secret-défense qui auraient un lien avec l’accident. Une fois, cette demande validée, c’est ensuite à la justice française de statuer après cinq décennies d’interrogations.
Pauline Boutin