Le 25 septembre, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, lançait une nouvelle campagne de prévention contre les accidents du travail. En France, près de 700 000 personnes en sont victimes chaque année et près de 700 en meurent.
“Chaque jour, deux personnes meurent au travail et plus de 100 sont blessées gravement”, c’est le slogan choc de la nouvelle campagne de prévention contre les accidents du travail lancée, hier, par le ministère du Travail. Selon le site du gouvernement, “ces accidents résultent trop souvent d’une mise en œuvre insuffisante des mesures de prévention et d’un manque de sensibilisation des acteurs”.
Pour réduire les risques, la campagne prévoit notamment des actions de prévention, d’information et de formation, mais aussi le déploiement de moyens adaptés à l’enjeu. Mais qui sont les victimes d’accidents du travail ? On fait le point en chiffres.
En France, un accident du travail, pour être reconnu comme tel, doit être un incident « soudain et imprévu » (à la différence d’une maladie professionnelle) survenu sur le lieu de travail ou dans le cadre de la profession exercée. Les conséquences s’étendent alors de la simple brûlure au malaise cardiaque. Depuis dix ans, malgré les campagnes de prévention qui se multiplient, le nombre d’accidents du travail en France connaît une hausse progressive, selon les chiffres d'Eurostat.
En 2014, la hausse est à nuancer puisqu’elle s’explique davantage par un élargissement de la prise en compte des accidents que par une réelle explosion des cas. En 2020, c’est la crise du Covid-19 et le confinement qui ont largement fait baisser les chiffres, bien que les secteurs les plus touchés par les accidents du travail ont, pour beaucoup, continué leur activité.
Les accidents du travail causent également la mort de nombreuses personnes chaque année. Et, au fil du temps, le nombre de morts en France ne faiblit pas, le pays étant l’un des pires à l’échelle de l’Europe. Mais, de nouveau, le chiffre doit être nuancé. En France, la prise en compte des accidents du travail mortels est très large, englobant aussi bien les morts en lien avec l’activité que les personnes décédées sur leur lieu de travail. Ce n’est pas le cas partout ailleurs en Europe.
D’après une enquête menée par l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), l’évolution du nombre d’accidents du travail n’est pas homogène entre les hommes et les femmes. L’Anact met notamment en avant une baisse globale depuis 2001, mais une augmentation de victimes d’accidents du travail du côté des femmes. Selon la sociologue Véronique Daubas-Letourneux, professeure à l’École des hautes études en santé publique, interrogée par Ouest France en 2022, cela s’explique notamment par l’augmentation des accidents du travail dans les secteurs du soin et de l’aide à la personne, les femmes y étant très représentées.
« Chutes de hauteur, accidents de la route, accidents en lien avec l’utilisation d’une machine », le ministère du Travail le rappelle dans sa campagne, les causes des accidents sont multiples. Certains secteurs sont alors plus touchés que d’autres. Le contact avec des machines ou des environnements à risques explique notamment le nombre de morts important dans les secteurs de la construction, de l’industrie ou de l’agriculture. Les emplois en intérim sont également surreprésentés en raison du manque de formation adaptée. La catégorie « services » englobe de nombreux métiers, notamment les transports et l’entreposage, qui décomptaient 104 morts d’accidents du travail en 2019.
Julie Lescarmontier
Édité par Éva Pontecaille